[Poitiers] Tu seras bidasse, mon enfant

NdPN : nouvelle édition hier 16 avril du « rallye citoyens » pour lycéen.ne.s… chez les bidasses, au quartier d’Aboville, relayée comme de bien entendu par un journaliste enthousiaste dans la presse locale. Toujours des épreuves de tir au programme des ateliers (trop fun). Avec sans doute, comme les années précédentes, parcours du combattant (ramper, c’est parfait pour apprendre le métier de citoyen.ne). Les gamins en treillis et mitrailleuse à la main, rien de tel pour éduquer nos têtes blondes ou crépues ! Médaille du rire au sergent-chef Cocasse [sic !], pour qui l’organisation ne va pas sans « chef ». Comme d’habitude, l’armée fait son abrutissante promotion en mettant en avant des gadgets technologiques pour appâter les mômes, et un exercice en équipe pour faire avaler que vendre sa vie contre une solde, pour assassiner sur ordre et se faire assassiner par « devoir », si l’Etat capitaliste le demande, rime avec la valeur de la solidarité. A gerber !

Des lycéens en treillis pour une leçon de civisme

Des lycéens de la Vienne ont pris part à des épreuves militaires, hier, au Quartier Aboville à Poitiers, partageant ainsi le quotidien de “ la grande muette ”.

La jambe ensanglantée, une militaire gît au milieu de la cour. Une dizaine de soldats accourent pour lui porter secours et lui poser un garrot. Cette scène ne se déroule pas en Centrafrique ou sur tel autre théâtre de guerre, mais au cœur de la caserne Aboville, à Poitiers. Le sang coulant de la blessure, qui paraît plus vraie que nature, n’est qu’un colorant et les hommes et femmes en treillis ne sont pas des militaires mais des lycéens venus des quatre coins du département.

 «  J’aime l’esprit militaire, cet esprit d’équipe  »

Depuis 7 h 45, cent trente élèves de seconde, tous volontaires, participent à des ateliers dans la caserne. Tout a commencé par une levée du drapeau, ô combien symbolique : « Le service militaire étant suspendu depuis 1996, ce 8e rallye lycéens citoyens permet de sensibiliser les jeunes aux questions de défense », explique le capitaine Skura. Épreuve de tir, sensibilisation aux produits stupéfiants… En tout, dix-neuf ateliers pédagogiques, ludiques ou sportifs. Les élèves de seconde du lycée le Dolmen, vêtus de treillis, armés de famas, portent secours à la militaire blessée lors d’un atelier de sauvetage au combat. Mathieu Guilloteau, 16 ans, genou à terre, couvre ses camarades chargés d’évacuer le corps. Lui qui rêve d’une carrière militaire a déjà les bons réflexes : « J’aime l’esprit militaire, cet esprit d’équipe », dit-il. Le sergent-chef Cocasse pose un regard aiguisé sur ces élèves d’un jour, distillant ses remarques : « Qui est le chef là ? Attention, sans chef on est vite désorganisé ! » Le caporal-chef Foltier, du régiment d’infanterie chars de marine, est satisfait de leur implication : « Dès qu’il y a du matériel, on les sent réceptifs ». Pour lui, c’est important que la jeunesse de France « découvre ce que fait réellement l’armée ». Et, qui sait, un jour, ces lycéens intégreront peut-être ce régiment qui est le plus décoré du pays.

Adrien Planchon, Nouvelle République, 17 avril 2014