Archives de catégorie : Éducation populaire

Le Monde Libertaire n°1706 (du 16 au 22 Mai 2013)

NdPN : Le Monde Libertaire hebdo est sorti aujourd’hui en kiosques, comme tous les jeudis. Un bon cru ! Exceptionnellement, vu que nous partons en congrès annuel de la Fédération Anarchiste ce week-end, nous ne pourrons en laisser un exemplaire au Biblio-Café que mardi prochain. Cela dit, trois articles sont d’ores et déjà en ligne (voir le sommaire ci-dessous). Bonne lecture !

Le Monde Libertaire n° 1706 (du 16 au 22 Mai 2013)

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«Combien de crimes ont été commis simplement parce que leur auteur ne pouvait supporter d’avoir tort.» – Albert Camus

Sommaire du Monde Libertaire n°1706 (du 16 au 22 Mai 2013)

Actualité

La Berezina des retraites, par G. Goutte, page 3

Météo syndicale, par J.-P. Germain, page 4

À morale, morale et demie, par R. Constant, page 5

Chronique néphrétique, par Rodkol, page 6

La gauche bien sage de Mélenchon, par Daniel et Jérôme, page 7

Arguments

Patrie, fausse amie, par le groupe Orwell, page 9

Pour faire des monstres, par N. Potkine, page 11

International

De la peine de mort, par P. Schindler, page 14

L’Espagne au sang chaud, par R. Pino, page 14

Une forme de guerre, par P. Sommermeyer, page 15

Expressions

L’usage des armes, par A. Bernard, page 16

Portrait d’Arendt, par M. Topé, page 18

Un manuel des gauches, par S. Moulis, page 19

Révolution et intellectuels, par C. Margat, page 20

Mouvement

Le congrès, la radio et la vie du mouvement, page 21

L’agenda noir et rouge, page 23

Illustrations

Aurelio, Kalem, Krokaga, La Sala, Clément Schovaert, Nemo

Editorial

Les populations mondiales sont victimes des diktats de l’Union européenne, du FMI ou des deux à la fois. Ces organismes lointains, exempts de tout contrôle populaire, ont su construire une utopique « réalité » économique néolibérale visant à la primauté des riches et des lois du marché. Le projet officiel est de mettre fin à la « crise » et, pour cela, d’apurer la dette des pays auprès de banques qui, par leurs cupides bévues, sont elles-mêmes à l’origine de la fameuse crise. Les recettes sont criminellement simples : baisse des salaires, diminution des charges aux entreprises compensée par l’augmentation des TVA, élimination des lois garantissant emplois et salaires, réduction drastique des dépenses publiques, abandon des services publics au privé, bref faire payer les bourdes des banques et des riches à ceux qui n’ont rien ou presque rien. Autant de vilenies hypocritement baptisées réalisme, austérité, réformes courageuses. Et les journalistes tout dévoués, et les experts de tout poil d’ânonner en chœur que « la rigueur n’est pas un choix », qu’« il faut réduire la dépense et ce de manière radicale ». Par la grâce du storytelling, « un mensonge mille fois répété devient réalité ». À peine si quelques voix discordantes, évoquant un « naufrage avéré de la construction européenne », une « Europe vraiment à l’agonie », viennent troubler ce fétide rabâchage tandis que les populistes de droite ou de gauche prônent le retour aux protectionnismes. Pour sa part, notre confrère Fakir, dans son numéro du 18 avril, appelle carrément à la banqueroute et ses analyses ne manquent pas de pertinence. De Sully à Poincarré en passant par Louis XV, le « défaut de paiement souverain » n’a-t-il pas de tout temps permis aux décideurs de désendetter le pays ? D’autre part, actuellement, tous les pays qui se sont inclinés devant les injonctions du FMI et de l’UE – France, Espagne, Ghana, Corée du Sud et surtout Portugal et Grèce – ont vu augmenter chômage, pauvreté et dette même, alors que les pays courageusement banqueroutards – Argentine, Malaisie avant les récentes élections, Islande –, en s’asseyant sur ces directives meurtrières, ont diminué leur taux de chômage et relancé la consommation. Preuve que tant que la révolution n’est pas effective, priorité reste à la préservation coûte que coûte des acquis sociaux. C’est pas le moment d’écouter le chant des sirènes des partisans de l’auto-entreprise si douce au patronat ou de la marginalisation dans son coin, mais plutôt de retrousser les manches et de faire tonner la voix de la rue, la seule que redoutent les vide-gousset politiques et financiers. Sous peine que la Grande Muraille de Chine ne soit pas assez longue pour y taguer en entier la liste des cons.

Le Monde Libertaire n°1705 (du 9 au 15 Mai 2013)

NdPN : un peu en retard (pour cause de flemmardite aiguë), voici notre petite présentation du nouveau Monde Libertaire ! Notre canard fédéral est sorti jeudi dernier en kiosques, après trois semaines de vacances bien méritées du comité de rédaction. Vous pouvez nous le demander à prix libre. Vous pouvez aussi le consulter librement au Biblio-café de Poitiers (rue de la Cathédrale), où un exemplaire a été déposé. Au passage, le dernier ML Hors-Série sur l’autogestion y est aussi déposé… Comme d’habitude, trois articles sont d’ores et déjà consultables en ligne : voir les liens ci-dessous. Bonne lecture !

Le Monde Libertaire n°1705 (du 9 au 15 Mai 2013)

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« Heureusement que le peuple ne comprend pas notre système monétaire et bancaire, car s’il le comprenait, je crois qu’il y aurait une révolution avant demain matin.» – Henry Ford

Sommaire du Monde Libertaire n°1705 (du 9 au 15 Mai 2013)

Actualité

La presse crucifiée, par R. Pino, page 3

L’amnistie trahie, par J.-M. Destruhaut, page 5

La météo syndicale, de J.-P. Germain, page 6

Les PSA sont encore debout, par S. Larios, page 7

La Chronique néphrétique de Rodkol, page 8

L’usure programmée sur la sellette, par J.-P. Tertrais, page 9

Arguments

Tromperies et manipulations mondiales, par J. Langlois, page 11

Espionnage économique, par N. Potkine, page 14

International

Pour un syndicalisme de rupture, appel, page 15

Festival ciné à Barcelone page 16

Histoire

La Commune et la Banque de France, par C. Fréjaville, page 17

La Commune s’en est sortie, par C. A., page 19

Expressions

Paraire et Onfray, par F. Mintz, page 20

Mouvement

La radio et la vie du mouvement, page 22

L’agenda noir et rouge, page 23

Illustrations

Aurelio, Kalem, Krokaga, Manolo, Prolo, Nemo

Editorial

Dans un article intitulé « Le cri du grille-pain », Jean-Louis Porquet (Canard enchaîné du 19 septembre 2012) brocardait une société où « les multiples objets manufacturés (surtout en Chine) dont nous ne pouvons plus nous passer sont délibérément conçus pour ne pas durer ». « C’est étudié pour », ajoutait-t-il, citant Fernand Raynaud, un humoriste obsolète du XXe siècle. Porquet concluait en rappelant que « les gadgets jetables menaient à un monde jetable, qu’acheter de la camelote, c’était transformer ce monde en camelote ». On en convient : quoi de plus paradoxal, inquiétant, nuisible et dispendieux que la gabegie écologique et économique de cette « obsolescence programmée ». Quelques trop rares analystes s’en inquiètent – comme le compagnon Jean-Pierre Tertrais dans ce présent numéro – tandis que les partisans du néolibéralisme ambiant en défendent sournoisement le principe sous prétexte qu’elle favorise la croissance. Croâssance qui – comme chacun est prié de le savoir – serait nécessaire au bonheur consuméro-capitaliste sur terre. Benoît Hamon était interpellé ce 2 mai par un auditeur du 7/9 de France Inter s’étonnant de sa reculade devant la demande des Verts de légiférer pour condamner la pratique de l’usure programmée. Habilement, le ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire et à la Consommation, a botté en touche. Son gouvernement – contrairement aux allégations de l’auditeur – n’avait en rien renoncé. Il n’allait pas tarder à envisager de pondre une loi garantissant aux acheteurs d’un produit ou d’une machine un temps pendant lequel le constructeur dudit produit sera tenu de mettre à disposition, contre espèces sonnantes bien sûr, les pièces nécessaires au rafistolage de son ratatine ordure ou de sa Clio. Oubliant de rappeler les marges affriolantes pratiquées par les constructeurs sur la moindre pièce détachée, Hamon insinuait benoîtement que l’usure programmée, à bien y réfléchir, n’était pas si nuisible que ça ; elle favorisait la création et l’essor d’entreprises de réparation – non délocalisables par dessus le marché – générant ainsi de la relance. Ô Tartuffe : voilà comment dans ce monde merveilleux de titatas et de chiffres carambouillés, tombent les faux nez et se retournent les réalités. Il est cependant des obsolescences programmées que les anarchistes appellent de leurs actions et de leurs vœux : celles de la langue de bois, des dieux et des malades de leur foi, des mandats politiques si peu représentatifs, de la professionnalisation du politique, des cupides et égoïstes appétits de pouvoir qui déflorent tous les groupes humains, de la main invisible du marché, de la meurtrière théologie du capitalisme… On en passe et des meilleures.

[Rouillé – 86] Une expo sur la violence de l’éducation

La violence de l’éducation

L’artiste porte un regard critique, humoristique, politique et ironique sur les enjeux éducatifs. – (Photo Patrick Lavaud)

Il ne reste plus qu’une semaine pour aller voir l’exposition d’Eva Kotátková, au Centre d’art contemporain Rurart, qui interroge sur la notion d’éducation.

De gros éléments en fer forgé comme une cage de lit de bébé, des livres géants, des gros mobiles qui pendent comme ceux qu’on trouve dans des chambres d’enfants… Puis des visages d’enfants dessinés au cutter, recouverts de formes géométriques, des manuels scolaires de tous pays et toutes époques ouverts à des pages bien choisies… L’exposition Unlearning instincts, de l’artiste thèque Eva Kotátková, évoque avec des créations spécifiquement réalisées pour l’exposition actuellement présentée au Centre d’art contemporain Rurart à Rouillé, une certaine violence dans l’éducation scolaire et familiale des enfants.

Forger l’esprit critique

Fille d’enseignants très sensibles aux événements politiques qui ont traversé leur pays, Eva Kotátková est née en 1980 à Prague. Elle est d’une génération à cheval sur deux phases importantes de l’histoire, suite à la chute du mur de Berlin : une période rigoriste et une période plus libertaire, dont les systèmes, par conséquent, n’offrent pas la même éducation aux enfants. « La difficulté des parents est de cautionner ou pas ce qu’on apprend à l’école et de forger un esprit critique aux enfants », explique Arnaud Stines, le directeur du site. L’artiste questionne la notion d’éducation, et porte un regard tour à tour critique, humoristique, politique et ironique sur les enjeux éducatifs. Des installations qui utilisent dessins, sculptures, vidéos, constructions diverses… qui mettent en jeu les processus éducatifs et leur rapport à la norme sociale. « Dans toutes ses pièces, il y a toujours le double aspect entre rigueur et liberté. » « Le point de départ de l’exposition est L’enfant sauvage, de Truffaut. Vouloir socialiser un enfant qui est hors normes sociales. D’où des cordes tel un pont de singe, avec, au bout un sac de punitions pour l’enfant qui n’a pas bien répondu à un professeur. » Une exposition très poignante, notamment cette salle transformée en théâtre dans lequel est mis en scène un dialogue entre un psychologue et un enfant. Son cerveau est représenté par une cage dans laquelle sont suspendus d’énormes mobiles en fer forgé aux formes géométriques, tandis qu’on entend les voix de l’enfant répondant aux questions de l’adulte.

> Jusqu’au 12 mai à Rurart (lycée agricole de Venours), à Rouillé : les dimanches 15 h-18, les autres jours, 10 h-12 h et 14 h-18 h, sauf samedi et jours fériés. Entrée libre. Visite commentée gratuite sur réservation : 05.49.43.62.59. > Une vidéo-visite de l’exposition est à voir lanouvellerepublique.fr et centre-presse.fr > Conférence de Philippe Meirieu, professeur des universités en sciences de l’éducation, sur « L’éducation nouvelle, carrefour des malentendus », mardi 18 juin à 18 h au CRDP Poitou-Charentes.

Marion Valière Loudiyi, Nouvelle République, 4 mai 2013

Le Monde Libertaire gratos n°34 – spécial 1er mai

Aujourd’hui, nous avons distribué lors du rassemblement du 1er mai une centaine d’exemplaires du Monde Libertaire gratos spécial 1er mai, avec les origines du 1er mai et un cahier de chansons révolutionnaires. Ce numéro a eu un peu trop de succès et il n’y en a hélas pas eu pour tout le monde… On pourra néanmoins se consoler en le consultant en le téléchargeant en ligne, ici même. Quelques exemplaires ont été gardés pour être déposés au Biblio-café ce week-end (rue de la Cathédrale à Poitiers).

PS : Saluons aussi la sortie d’un nouveau canard poitevin gratuit, « Coin-coin », lui aussi diffusé lors du rassemblement. Il semble qu’il n’y ait pas encore de lien vers un téléchargement, mais les gens qui distribuaient ont assuré que la diffusion continuerait dans les prochains jours, avec des exemplaires déposés dans pas mal de lieux de Poitiers. Longue vie à Coin-coin !

Pavillon Noir, 1er mai 2013

Le 1er mai, lutte comme il te plaît

NdPN : Rdv à 11h, place d’armes à Poitiers. Nous diffuserons le Monde Libertaire gratuit spécial 1er mai.

Sur le sens de la journée, voici le tract que nous diffusions il y a deux ans . Suivi du tract produit par des compagnons de la Fédération Anarchiste pour ce jour.

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Le premier mai, lutte comme il te plaît

Les origines anarchistes du premier mai

L’idée d’une grande journée d’action contre l’exploitation salariale et la journée de 8 heures est lancée aux États-Unis en 1884, par l’AFL (American Federation of Labor) et le journal anarchiste The Alarm. Nous sommes enplein développement de l’ère industrielle et du salariat de masse. Une immense manifestation est organisée àChicago par le mouvement syndical, largement animé par les anarchistes, le 1er mai 1886. Le patronat réplique :1200 ouvriers licenciés, des casseurs de grève embauchés, 3 manifestants tués le 3 mai avec l’aide active de la police. Un meeting de protestation, le 4 mai à Haymarket Square, rassemble 15.000 personnes. La police charge la foule. Une bombe (d’origine inconnue) est lancée, des coups de feu tirés par la police : dans la confusion, on dénombre huit morts… côté police. Et de nombreux blessés dans la foule. Le pouvoir fait arrêter 8 syndicalistes, tous anarchistes. Un procès truqué les condamne à mort. Si trois voient leur peine commuée en bagne, Parsons, Fischer, Engel, Spies – et Lingg qui s’est suicidé dans sa cellule – sont exécutés malgré leur innocence avérée. Leur meurtre soulève l’indignation internationale. À l’invitation de l’AFL, le congrès de l’internationale socialiste de Paris déclare une journée de lutte du prolétariat. Le 1er mai 1890 à Vienne (Isère), Louise Michel et d’autres anarchistes appellent les travailleurs à la grève : répression. Le 1er mai 1891 à Fourmies, l’armée tire : neuf morts. Le même jour à Clichy, la police tabasse puis condamne des manifestants anarchistes. En Argentine, le 1er mai 1909, à l’appel de l’organisation anarchiste FORA, une manifestation a lieu : la police tue 8 personnes.

Une journée contre le travail… pervertie en fête du travail

Le 1er mai est donc une journée de colère et de lutte résolue des travailleurs-euses contre l’exploitation capitaliste et le travail salarié, et pour la révolution sociale, autogestionnaire et expropriatrice. Pourtant cette journée de lutte sera récupérée et vidée de sa substance contestataire. Par les bolchéviques bien sûr, qui l’instrumentalisent politiquement en en faisant journée chômée dès 1920, avant de massacrer les anarchistes l’année suivante à Cronstadt et en Ukraine. Puis par les nazis : Goebbels en fait en 1933 un « jour national du travail », chômé et payé. En 1941, le collaborateur Philippe Pétain décrète à son tour en France le 1er mai (la St-Philippe à l’époque) « fête du travail et de la concorde sociale » et remplace l’églantine rouge des révolutionnaires par le brin de muguet, avec l’aide de René Belin, dirigeant CGT devenu secrétaire d’état au travail. C’est ainsi que la lutte des travailleurs-euses contre l’esclavage salarial… devient la fête du travail ! Depuis, les manifs du premier mai se sont transformées en sages randonnées pédestres, ponctuées de discours glorifiant le salariat et ses avantages (jour chômé).

À bas la fête de l’esclavage, vive la lutte

Pour faire plier le capital et l’État, l’histoire démontre qu’il est vain de compter sur le pouvoir politique ou syndical, encore moins de le conquérir. C’est une lutte sans ambiguïté contre l’esclavage salarial, par la grève d’occupation et l’action directe, qui ont fait plier le patronat et l’État ; ce sont des mouvements d’ampleur sur des bases autonomes, autogérées, qui ont acculé le pouvoir à nous rendre des droits volés. À l’inverse, c’est aujourd’hui l’absence criante d’organisation claire contre le capital et l’État, qui permet au patronat de détruire ces mêmes droits, avec la complicité des bureaucraties politiques et (hélas) syndicales. C’est pourquoi nous ne demandons pas un esclavage salarié plus « juste » : nous voulons organiser la reprise en main de nos vies. Si nous sommes contre le travail, nous sommes pour l’activité librement consentie par les individu-e-s au sein de la société. Là ou plus rien n’a de sens, donnons-nous les moyens de vivre en harmonie avec nous-mêmes et les autres. Ne partons pas en « vacances » pour éviter leburnout. Ne nous vendons plus sur un CV comme un kilo de patate. Ne nous contentons plus de jours dispersés où l’on défile deux heures sous les bannières cogestionnaires : nous voulons effondrer morceau par morceau ce qui nous gangrène, tous les dispositifs de contrôle et particulièrement celui du travail salarié qui n’est voué qu’à la soumission de nos existences au grand capital. A-t-on besoin de produire autant pour jeter toujours plus et faire perdurer l’ordre des choses ? À tous les niveaux, émancipons-nous de ce qui nous avilit. Par l’initiative individuelle et l’alternative en actes, par la désobéissance et la construction d’un mouvement d’ensemble de grève générale expropriatrice, et autogestionnaire. Avec ou sans boulot-papierscarte syndicale, ne comptons que sur nous-mêmes pour prendre en main nos vies !

Groupe Pavillon Noir – Fédération anarchiste de la Vienne, 1er mai 2011

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L’action directe pour le changement

Il y a bientôt un an, François Hollande détrônait Nicolas Sarkozy, avec son lot de promesses pour sortir de la crise et améliorer nos conditions de vie et de travail. Certains y croyaient vraiment – comme on croit en Dieu, au Père Noël –, mais la plupart n’ont voté pour lui que pour se débarrasser de l’infâme populiste ultralibéral qui siégeait à l’Élysée depuis cinq ans.

On nous promettait le changement, donc, mais le changement n’est pas venu. Les fermetures d’usines se sont poursuivies, multipliées, et les suppressions d’emplois qui en ont découlé sont venues grossir les chiffres du chômage déjà énormes. Le candidat socialiste à l’élection présidentielle avait pourtant promis plusieurs sauvetages, s’était engagé auprès des salariés en lutte en leur promettant qu’il ne les abandonnerait jamais. Mais l’histoire ne cesse de resservir les mêmes plats et, une fois au pouvoir, le nouveau président a évidemment oublié ses engagements.

Il a même trouvé le moyen, comme n’importe quel gouvernement de droite, de ratifier un traité européen inscrivant la rigueur et l’austérité comme règle d’or de la gestion des pays. Et ce, bien sûr, sans se soucier une seconde de ce que pouvaient bien en penser ses braves sujets.

Mais ce n’est pas tout. Car non seulement le changement n’est pas venu, mais la politique du nouveau gouvernement, non contente de seulement s’inscrire dans celle du précédent, est aussi allée plus loin. Et ce que la droite et le patronat rêvaient de faire, la gauche l’a réalisé ! Ainsi de l’accord national interprofessionnel (ANI), signé entre le Medef et quelques syndicats jaunes (CFDT, CFTC et CFE), soumettant le salariat à une flexibilité et une précarité extrêmes : licenciements bien plus faciles, mobilité forcée dans les entreprises, expérimentation d’un CDI intermittent (alternant périodes de chômage et de travail sans les « avantages » du CDD pour contrebalancer la précarité), suppression de la sanction proportionnelle au délit pour les patrons, etc.

Question sécurité, le ministre de l’Intérieur, en la personne du roquet Manuel Valls, a aussi suivi les mêmes logiques que ses prédécesseurs fascisants de droite : traques, enfermements et expulsions des sans-papiers, discours haineux cherchant à instaurer un climat de peur, répression des mouvements sociaux, mise sous surveillance des piquets de grève par les services de renseignement, etc.

Chômage, précarité et flicage partout, justice sociale et bien-être nulle part : c’est ainsi que peut se résumer la politique dite socialiste de la présidence de François Hollande. Une politique ultralibérale et sécuritaire dissimulée derrière quelques avancées sociétales timides (notamment l’ouverture du mariage aux homosexuels), histoire de se donner des airs de rupture.

Faut-il pour autant voter à droite aux prochaines échéances électorales ? Bien sûr que non. Car non seulement le changement ne viendrait pas davantage, mais on peut aussi parier que, de nouveau au pouvoir, la droite utiliserait les déboires misérables de la gauche gouvernementale pour, à nouveau, aller plus loin dans l’établissement d’une société mortifère. L’activisme homophobe et sexiste dont fait preuve la droite militante depuis quelques semaines dans la mobilisation contre le mariage pour tous nous donne déjà un avant-goût de ce qui nous attend…

Pas plus que la gauche, la droite ne nous rendra nos emplois et nos libertés individuelles et collectives, depuis longtemps piétinées par les gouvernements successifs. Les travailleurs produisent les richesses et n’en reçoivent que les miettes. Les actionnaires ne produisent rien et raflent tout. Les patrons ont besoin de nous, mais nous n’avons pas besoin d’eux. Le changement, si nous le voulons vraiment, ne viendra que de ce que nous saurons prendre en mains et gérer nousmêmes : nos luttes. Plus que jamais, le recours à l’action directe semble nécessaire, dans nos boîtes, nos foyers, nos quartiers et nos villes. Assez de résignation, formons et animons des sections syndicales, des comités de lutte, réinvestissons la rue et les alternatives, organisons-nous et à partir de notre colère et de notre rage, répandons partout dans le pays la révolte et la révolution !

Fédération Anarchiste