[Rouillé – 86] Une expo sur la violence de l’éducation

La violence de l’éducation

L’artiste porte un regard critique, humoristique, politique et ironique sur les enjeux éducatifs. – (Photo Patrick Lavaud)

Il ne reste plus qu’une semaine pour aller voir l’exposition d’Eva Kotátková, au Centre d’art contemporain Rurart, qui interroge sur la notion d’éducation.

De gros éléments en fer forgé comme une cage de lit de bébé, des livres géants, des gros mobiles qui pendent comme ceux qu’on trouve dans des chambres d’enfants… Puis des visages d’enfants dessinés au cutter, recouverts de formes géométriques, des manuels scolaires de tous pays et toutes époques ouverts à des pages bien choisies… L’exposition Unlearning instincts, de l’artiste thèque Eva Kotátková, évoque avec des créations spécifiquement réalisées pour l’exposition actuellement présentée au Centre d’art contemporain Rurart à Rouillé, une certaine violence dans l’éducation scolaire et familiale des enfants.

Forger l’esprit critique

Fille d’enseignants très sensibles aux événements politiques qui ont traversé leur pays, Eva Kotátková est née en 1980 à Prague. Elle est d’une génération à cheval sur deux phases importantes de l’histoire, suite à la chute du mur de Berlin : une période rigoriste et une période plus libertaire, dont les systèmes, par conséquent, n’offrent pas la même éducation aux enfants. « La difficulté des parents est de cautionner ou pas ce qu’on apprend à l’école et de forger un esprit critique aux enfants », explique Arnaud Stines, le directeur du site. L’artiste questionne la notion d’éducation, et porte un regard tour à tour critique, humoristique, politique et ironique sur les enjeux éducatifs. Des installations qui utilisent dessins, sculptures, vidéos, constructions diverses… qui mettent en jeu les processus éducatifs et leur rapport à la norme sociale. « Dans toutes ses pièces, il y a toujours le double aspect entre rigueur et liberté. » « Le point de départ de l’exposition est L’enfant sauvage, de Truffaut. Vouloir socialiser un enfant qui est hors normes sociales. D’où des cordes tel un pont de singe, avec, au bout un sac de punitions pour l’enfant qui n’a pas bien répondu à un professeur. » Une exposition très poignante, notamment cette salle transformée en théâtre dans lequel est mis en scène un dialogue entre un psychologue et un enfant. Son cerveau est représenté par une cage dans laquelle sont suspendus d’énormes mobiles en fer forgé aux formes géométriques, tandis qu’on entend les voix de l’enfant répondant aux questions de l’adulte.

> Jusqu’au 12 mai à Rurart (lycée agricole de Venours), à Rouillé : les dimanches 15 h-18, les autres jours, 10 h-12 h et 14 h-18 h, sauf samedi et jours fériés. Entrée libre. Visite commentée gratuite sur réservation : 05.49.43.62.59. > Une vidéo-visite de l’exposition est à voir lanouvellerepublique.fr et centre-presse.fr > Conférence de Philippe Meirieu, professeur des universités en sciences de l’éducation, sur « L’éducation nouvelle, carrefour des malentendus », mardi 18 juin à 18 h au CRDP Poitou-Charentes.

Marion Valière Loudiyi, Nouvelle République, 4 mai 2013