Flashball : condamnation de l’Etat
Communiqué de Clément Alexandre du 18/12/2013
J’ai été blessé et mutilé par la police française par un tir de flashball en pleine tête le jour de la fête de la musique en 2009. J’y laisse une dent, une mâchoire et un bout de joue. D’autres avant moi et après moi ont perdu leur œil ou l’usage de leur œil.
Jusqu’à présent toutes les plaintes au pénal contre les tireurs ont échoué pour des raisons qui montrent assez que de telles mutilations sont couvertes et par la police et par la justice.
Nous avons alors tenté une procédure au Tribunal administratif qui permet de viser directement la responsabilité de l’Etat. Pour la première fois, celle-ci est reconnue et il est condamné à verser des indemnités même si un tour de passe-passe dont les juges ont le secret parle de responsabilité sans faute pour cause d’attroupement. Pour la première fois aussi, une procédure qui condamne l’Etat reconnait le lien entre la blessure et le flashball. Nous pensons que sur le terrain juridique il est capital de multiplier ce type de riposte. Se défendre, faire pression partout où c’est possible et ne pas laisser enterrer ces mutilations constitue dans l’immédiat un bon moyen de parer l’usage décomplexé de ces armes.
Toutes ces blessures rendent lisible la manière dont fonctionne la police. Présenté comme défensif, le flashball est en réalité une arme offensive. Une arme politique qui fait de la peur et de la mutilation un moyen de maintenir l’ordre et écraser ce qui résiste au pouvoir, dans les banlieues au quotidien et régulièrement dans les différentes luttes.
C’est parce que nous demeurons attachés à nos luttes et à nos amitiés que nous ne nous laisserons pas terroriser par le flashball. Là où nous sommes attaqués, nous pensons qu’il faut s’organiser collectivement pour être capable de penser et de contrer les pratiques policières. Et ça, on ne le fait pas seul dans l’enceinte d’un tribunal, mais on l’élabore avec tous ceux qui les subissent. Comme toujours, ce qui relève du possible dépend largement d’un rapport de force. C’est pourquoi nous lançons un appel à toutes les personnes blessées avec la certitude que nous avons plus à partager que nos blessures.
Clément Alexandre pour le collectif Face aux armes de la police.
source : blog du collectif Face aux armes de la police, 18 décembre 2013