[Suède] Mutuelle des fraudeurs

[Suède] Mutuelle des fraudeurs

Histoire du Monde : cotisation de fraude en Suède

On va en Suède ce matin… où un groupe, militant pour la gratuité des transports publics, a mis au point un système qui permet de ne pas payer de tickets. Et l’idée s’est répandue dans toute la Scandinavie.

Le concept est tout simple : la mutualisation des risques. Vous ne voulez pas — ou n’avez pas les moyens — de payer votre abonnement de métro ? Vous pouvez souscrire à une sorte d’assurance qui paiera l’amende pour vous  si vous vous faites attraper. C’est ce que proposent les activistes de « Planka nu ». Une cotisation de 11 euros par mois et en cas de PV, c’est le fond qui paiera les 130 euros d’amende.

Créé il y a 10 ans, Planka.nu  est présent dans toutes les principales villes suédoises. Discours de gauche militant : « les transports publics, c’est comme les trottoirs, payés par la collectivité, ils devraient donc être gratuits » (quitte à augmenter les impôts, de préférence sur les riches). Ne pensez pas qu’il s’agisse d’un groupuscule « anarcho-gauchiste » insignifiant. Planka.nu a plusieurs milliers de membres. Ça fait des années qu’ils placardent des autocollants dans toutes les stations de métro. Un site internet multilingue, une page Facebook avec plus de 25.000 abonnés.

C’est devenu un tel phénomène que les autorités suédoises ont dû réagir. Elles ont commencé à remplacer, aux entrées des stations, les tourniquets d’accès trop facile à franchir. Stockholm installe maintenant des portes vitrées semblables à celles qui sont en train d’être mises en place dans le métro bruxellois. Des aménagements qui coûtent cher.  Et c’est peut-être peine perdue. Sur des vidéos YouTube, les membres de Planka.nu expliquent comment franchir ces portiques : la méthode est toute simple : suivre de près quelqu’un qui passe avec un ticket. Les autorités ont essayé de poursuivre l’organisation pour incitation à commettre des délits, ou pour activité illégale d’assurance, mais sans grand succès jusqu’ici.

Avec sa bonne situation économique et son faible taux de chômage, « la Scandinavie paraît un terreau improbable pour une révolution du métro », s’étonne le Wall Street Journal. Il donne deux explications : l’attachement très fort à un état providence qui doit limiter les inégalités sociales — et le prix des abonnements (environ 75 euros par mois) qui vient s’ajouter à un coût de la vie déjà très élevé.

Les « free-riders » suédois inspirent leurs voisins. Planka.nu a maintenant des antennes à Oslo et Helsinki. À Copenhague aussi certains ont entrepris de mettre en place un tel système d’assurance.

Leur presse (Robin Cornet, RTBF.be), 5 décembre 2011.