Coup d’éclat de Greenpeace, qui s’est introduit dans une centrale nucléaire
Des militants de Greenpeace ont réussi un coup d’éclat lundi matin en s’introduisant dans la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube), à 95 km au sud-est de Paris, a annoncé l’organisation écologiste, une « intrusion » confirmée par la gendarmerie à l’AFP.
Dans un communiqué, Greenpeace précise s’être introduit vers 06H00 dans cette centrale « pour faire passer le message que le nucléaire sûr n’existe pas ». Interrogé sur France Info, le ministre de l’Industrie Eric Besson a évoqué de possibles « dysfonctionnements » et a avoué sa surprise.
Huit militants sont entrés dans la centrale, selon une source de la gendarmerie, qui a indiqué que certains militants avaient déjà été appréhendés. Plus tard dans la matinée, la gendarmerie a signalé des tentatives d’intrusion dans les sites nucléaires de Blaye Gironde) et Cadarache (Bouches-du-Rhône). A Nogent-sur-Seine, « une partie des militants a réussi à grimper sur le dôme de l’un des réacteurs, où ils ont déployé une banderole: +le nucléaire sûr n’existe pas+ », a expliqué Axel Renaudin, chargé de communication de Greenpeace. Vers 08H30, les militants étaient toujours dans la centrale, dont certains sur le dôme du réacteur, selon M. Renaudin.
« Cette opération montre à quel point nos sites sont fragiles aux facteurs d’agression extérieurs, non naturels », a estimé Sophia Majnoni, chargée des questions nucléaires pour Greenpeace, qui avait indiqué auparavant que le « but » de l’opération était de démontrer « la sensibilité des installations nucléaires françaises, et à quel point il est facile d’atteindre le coeur d’une centrale ».
« Si l’enquête confirme (que Greenpeace est entré dans la centrale), cela veut dire qu’il y a eu dysfonctionnements et qu’il faudra prendre des dispositions pour que ça ne se reproduise pas », a déclaré pour sa part Eric Besson sur France Info.
Interrogé par BFMTV-RMC, Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a jugé l’action « irresponsable de (la) part » de Greenpeace. « Il va falloir en tirer des conséquences. (…) On ne peut pas permettre que n’importe qui puisse entrer aussi facilement que ça dans une centrale nucléaire. On peut imaginer ce que certains pourraient en faire », a poursuivi M. Guaino.
« Il faut revoir l’approche globale de la sécurité des centrales. (La politique actuelle) ne prend en compte ni le risque terroriste ni le risque d’une chute d’avion ou d’une explosion chimique ou d’un acte de malveillance », a souligné de son côté Sophia Majnoni, de Greenpeace. Elle a dénoncé l’audit lancé par le gouvernement sur la sécurité des centrales nucléaires, y voyant « une opération de communication qui ne prend en compte que les risques déjà identifiés dans le passé et ne tire pas les leçons de Fukushima ».
Au moins une compagnie de gendarmerie était sur place, ainsi que le Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie (PSPG). Créés à la suite d’une convention EDF/gendarmerie de février 2009, les PSPG, formés par le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), sont présents dans chaque centrale. Ces unités, chargées de lutter contre les « intrusions et les actes de malveillance », doivent pouvoir intervenir rapidement. Le GIGN, qui s’entraîne régulièrement sur des centrales nucléaires, peut également intervenir.
La centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, construite en 1987 et qui possède deux réacteurs, a été choisie par Greenpeace « car elle est la plus proche de Paris », selon Greenpeace. Plus de dix millions d’habitants se trouvent dans un rayon de 100 km autour de la centrale, selon l’organisation.
Championne du monde de l’atome, la France tire 75% de son électricité de son parc de 58 réacteurs.
AFP, 5 décembre 2011