Paris : Le plan 1 000 Caméras a été lancé
Aujourd’hui, 200 caméras ont été raccordées au réseau de vidéosurveillance. En juin 2012, elles seront 1 ?105. Le Premier ministre était hier au commissariat du XX e pour les inaugurer.
Cette fois, c’est parti. Depuis hier, Paris est officiellement une capitale « vidéoprotégée ». La première tranche du plan 1000 Caméras pour Paris conçu par la préfecture de police (et adopté par la mairie de Paris en novembre 2009) a été mise en service depuis le commissariat du XXe par le Premier ministre en personne
Après avoir insisté sur « l’apport fondamental de la vidéoprotection dans la lutte contre la délinquance », François Fillon a salué un plan qui « fera date dans la politique de sécurité à Paris ».
Pour l’heure, 200 caméras ont été raccordées au réseau, mais à terme (le déploiement du réseau doit s’achever en juin) les policiers accrédités pourront accéder aux images enregistrées par 1 105 caméras de voie publique réparties dans toute la capitale. L’arrondissement le moins bien doté (le IIIe) en comptera 26 ; le mieux équipé (le XVIIIe), 75.
Des centres de visualisation dans tous les commissariats
Présenté comme le chaînon manquant en matière de lutte contre la délinquance de rue, ce plan devrait selon les spécialistes permettre à la capitale de rattraper son retard en matière de vidéosurveillance. « Nous ne voulons pas un système à l’anglaise (NDLR : Londres compte plusieurs dizaines de milliers de caméras). Mais il fallait renforcer notre réseau pour permettre aux policiers d’être plus efficaces », a rappelé hier le préfet de police Michel Gaudin en présentant le dispositif au Premier ministre. Jusqu’à présent, la police ne disposait que d’une grosse centaine de caméras (surtout dévolues à la surveillance routière). Désormais, elles seront accessibles depuis des « centres de visualisation » implantés dans tous les commissariats.
Les opérateurs postés derrière les écrans 24 heures sur 24 et les policiers habilités à visionner les images (près de 2500) auront en outre accès en temps réel aux autres réseaux vidéo de Paris : les 200 caméras de la mairie, les 10000 caméras des réseaux RATP et SNCF et les caméras d’opérateurs « privés » comme le Parc des Princes, le Louvre et divers centres commerciaux. « Ce réseau nous permettra d’orienter les fonctionnaires sur le terrain au plus près des problèmes », se félicite-t-on à la préfecture de police.
Fin 2009, ce sujet polémique avait donné lieu à d’âpres débats à la mairie (qui participe au financement du réseau). Les réunions de concertation, la mise en place d’un comité d’éthique… n’ont pas levé toute la « méfiance » des élus. Hier, Bertrand Delanoë a rappelé dans un communiqué qu’il refuserait que « le déploiement des caméras s’accompagne d’une baisse des effectifs de police à Paris »
Le Parisien, 22 décembre 2011
Vidéosurveillance : souriez, vous êtes de plus en plus filmés
A partir de ce mercredi, Paris sera doté de deux cents nouvelles caméras de vidéoprotection. Une hausse des moyens également visible au niveau national, alors que ses détracteurs dénoncent un manque d’efficacité.
La capitale est un peu plus sous l’œil des caméras. Deux ans après le vote par le Conseil de Paris du plan de vidéoprotection, le Premier ministre François Fillon et le ministre de l’Intérieur Claude Guéant, se déplacent, aujourd’hui dans un commissariat du XXe arrondissement, à l’occasion de l’implantation de deux cents nouvelles caméras. “Actuellement, nous en gérons 350 dans la capitale. L’objectif est d’atteindre les 1 105 d’ici à l’été 2012”, nous expliquait hier la préfecture de police de Paris.
Un investissement lourd
Selon nos informations, l’ensemble de ce plan – sous la forme d’un partenariat public-privé avec l’entreprise Ineo (filiale de GDF Suez) – représente un investissement de 87,6 millions d’euros assuré par l’Etat, et cinq millions sont déboursés par la Ville. “Le but est de doter Paris de matériels en adéquation avec ses besoins en termes de sécurité”, confie un haut dignitaire policier de la capitale, rappelant que “New York possède plus de 500 caméras sous contrôle policier, et Tokyo près de dix fois plus”.
Alors que deux salles étaient jusqu’à maintenant dédiées au visionnage des caméras, une trentaine de centres devraient voir le jour dans la capitale, mobilisant plus de 2 500 fonctionnaires. Un déploiement impressionnant confirmé au niveau hexagonal. Depuis le vote de la loi relative à l’implantation de la vidéo-protection en 1995, près de 678 000 caméras ont été installées en France, dont 38 000 directement placées sous gérance des collectivités locales. En 2011, le ministère de l’Intérieur a alloué 29,7 millions d’euros pour leur développement, afin d’atteindre les 60 000 caméras, fin 2012.
La cour des comptes sceptique
Leur usage, quant à lui, fait débat. “Les images de vidéo-protection font partie intégrante de l’arsenal d’investigation, admet un magistrat nantais. De là à dire que cela permet de faire baisser la criminalité, il y a un pas que je ne franchirai pas.” Dans un rapport remis en juillet dernier, la Cour des comptes estimait : “Le taux d’élucidation des faits de délinquance de proximité n’a pas davantage progressé dans les circonscriptions de sécurité publique par rapport à celles qui ne le sont pas.”
Le rapport indique que, “pour les faits de délinquance globale, il s’est même davantage amélioré dans les circonscriptions non surveillées”. Selon Yannick Danio, secrétaire national d’Unité-Police SGP-FO : “La vidéoprotection est un outil de plus au service de l’investigation, mais ce n’est pas la panacée. On ne peut pas s’attendre à avoir de meilleurs résultats en sacrifiant l’humain au détriment de la technologie.”
Métro, 20 décembre 2011
Vu sur Brèves du Désordre