Bourse du travail : cent ans au service des ouvriers
Située rue du Cognet, la Bourse du travail fêtera ses cent ans l’année prochaine. De nombreuses manifestations sont prévues.
Situé dans la rue du Cognet, le Logis Cognet (ancien hôtel Brochard), hôtel particulier du milieu du XV e siècle, est connu pour avoir hébergé Jean de La Fontaine lors de son voyage en Limousin le 5 septembre 1663. Mais, surtout, il abrite la Bourse du travail, qui fêtera ses cent ans l’année prochaine.
Les ouvriers du Châtelleraudais ont commencé à s’organiser en syndicats dès la fin du XVIII e siècle. En 1893, il y avait la chambre syndicale ouvrière de la métallurgie, celle des cuirs et des peaux, celle de l’alimentation, celle du bâtiment et celle des corporations ouvrières de Cenon-sur-Vienne. A la demande de onze syndicats, le principe de la création d’une Bourse du travail a été adopté par le conseil municipal le 28 juin 1911 (le maire était alors Antoine-Admira Derouau). Mais il lui fallait un lieu. Après moult discussions, la municipalité a décidé de racheter le logis à la famille Moreau, propriétaire de l’époque. Le vote a eu lieu le 20 décembre de la même année.
Exposition, conférence, spectacle…
Les statuts de la Bourse du travail ont été déposés le 1 er avril 1912. Elle a été inaugurée quelques jours plus tard, le 13 avril. Son premier secrétaire général a été Alphonse Rousseau.
Comme toutes les bourses du travail, sa fonction a longtemps été beaucoup plus large qu’aujourd’hui (siège des syndicats locaux). Elle comprenait une bibliothèque, un office de placement… On pouvait même y suivre des cours professionnels (en 1924, elle dispensait 9 cours et comptait 81 élèves).
L’union locale CGT souhaitant célébrer cet anniversaire, un collectif de travail s’est constitué, qui a ensuite donné naissance à une association (voir ci-contre).
Elle a déjà programmé plusieurs manifestations : une exposition réalisée à partir de documents d’archives du lundi 15 au samedi 20 octobre, salle Clemenceau (ancienne salle de l’Ancien-Musée), où sera aussi donnée « une conférence réalisée par des historiens sur les bourses du travail en collaboration avec le CCHA, ainsi que l’Institut d’histoire sociale de la CGT », et un spectacle de la troupe Jolie môme le 20 octobre au Nouveau-Théâtre. Elle prévoit également l’« élaboration d’une brochure retraçant l’activité et le rôle de la Bourse du travail, l’actualité syndicale et sociale sur un siècle dans le Châtelleraudais » et l’« édition d’un timbre commémoratif par la Poste ». Pour garder en souvenir.
en savoir plus
» Constituer une vaste ossature par un appel très large »
Créée le 17 décembre dernier, l’association est présidée par Jean-Claude Sardin, retraité CGT. Le reste du bureau est constitué de Jean-Luc Pichard, trésorier, et de Jocelyne Larcher, secrétaire.
L’association tiendra sa première assemblée générale fin janvier-début février « pour constituer une vaste ossature par un appel très large ». « Si, pour des raisons qui tiennent à l’histoire du mouvement syndical, la vie de la Bourse du travail fut en grande partie celle de la CGT, nous entendons bien que les autres organisations qui sont hébergées dans le bâtiment prennent toute leur place dans nos initiatives, souligne Jean-Claude Sardin. Je pense à la CFDT et à la CGC, avec qui des luttes ont été menées en commun. Nous espérons également l’implication des comités d’entreprise, syndicats d’entreprises ou d’administrations, voire toute autre structure associative qui voudrait bien s’inscrire dans la démarche. »
Nouvelle République, Alain Grimperelle, 28 décembre 2011