[Poitiers] Expulsé de la Vienne pour une « maladie » : la haine des flics

Deux Pierre opposés dans le même corps

Poitiers

Il y a deux Pierre en Pierre. Il peut être charmant mais aussi parfaitement odieux. Survolté ou apathique. Poli ou insultant à un point difficilement imaginable.
C’est ce qui s’est passé le 8 décembre dernier après son interpellation en pleine rue par le patron de la police.
Le commissaire divisionnaire qui rentre chez lui l’aperçoit, au milieu de la chaussée, avec une batte de base-ball jaune vif frappée d’une feuille de cannabis en main. Il remarque aussi sa matraque télescopique.
Le policier se porte à sa hauteur. Le contrôle part en vrille. Pierre, étudiant de 21 ans, insulte et menace de « crever » le commissaire.

Il reconnaît tout

En garde à vue, c’est le même déluge quasi interrompu au fil de ses auditions. Un coup ce sont des promesses de tirs de Kalach, un autre ce sont des jeunes filles qui doivent venir incendier la maison d’un policier. Il reconnaît toutes les insultes et les menaces. Sauf celles adressées au procureur.
Le tribunal jugeait Pierre, hier, pour ces faits-là après une comparution immédiate où il avait demandé un délai, le 9 décembre. Pierre avait été incarcéré puis libéré juste avant Noël.
Il se présentait libre, hier, devant les juges. Libre et calme, posé et poli. « J’ai perdu, le contrôle je ne prenais plus mes médicaments depuis deux jours », explique l’étudiant qui alterne les phases d’excitation intense avec des périodes d’apathie. « J’avais aussi des problèmes à côté », explique-t-il. Des soucis répétés avec des gens qui lui en voudraient physiquement. « C’est pour ça que j’ai des armes. »

Prisonnier de sa maladie

Le procureur connaît la pathologie dont souffre Pierre, mais il trouve qu’il sait bien en jouer aussi, pour obtenir sa libération et continuer à malmener les policiers. Un nouvel incident a eu lieu la semaine dernière et, le mieux serait que Pierre soit interdit de séjour dans la Vienne.
Son avocate n’y voit pas d’inconvénient majeur, estimant qu’il est prisonnier de sa maladie.
Le tribunal a condamné le jeune homme à huit mois de prison avec sursis. Il fait l’objet de trois ans de mise à l’épreuve. Il devra se soigner, et indemniser sept policiers à qui il doit 200 € chacun. Il ne peut plus porter d’arme et il devra quitter la Vienne.

Leur presse, Nouvelle République, E. C., 3 janvier 2012