Editorial n°3
Inutile d’attendre les élections pour rigoler un peu. L’extrême gauche nous en fournit gentiment l’occasion. Depuis que le ridicule du « communisme » ne peut plus tuer, en dehors de l’anachronique Corée du Nord, les gauchistes français peaufinent toujours leur sens du burlesque. Dernière trouvaille: un audit citoyen de la dette.
Dans un contexte de crise du capitalisme et de révoltes sociales à travers le monde, l’extrême gauche renoue pourtant avec ses réflexes citoyennistes. « Cette dette a-t-elle été toute entière contractée dans l’intérêt général, ou bien peut-elle être considérée en partie comme illégitime ? » pourfend un tonitruant tract d’appel. Petite nouveauté: les niaiseries réformistes prennent une forme interrogative. Sans doute pour ne pas choquer les gouvernants auprès desquels ATTAC et tous les groupuscules altermondialistes activent un lobbying indécent. A l’heure où les capitalistes surfent sur la crise pour accroître leurs profits, où les gouvernants démissionnent, où les peuples s’enragent, seule l’extrême gauche aspire à sauver l’État et le capitalisme.
Les plans d’austérité affament les peuples pour soutenir le capital. Et les États, loin de se faire les arbitres impartiaux d’un improbable « intérêt général », n’hésitent pas à réprimer les soulèvements populaires comme en Grèce. Lorsque la pression de la rue accule le gouvernement Panpandréou à concéder un référendum, tous les États capitalistes, à commencer par la France, refusent cette potentielle expression populaire. Mais le NPA, le Front de gauche, Solidaires, Attac et la Fondation Copernic pensent que les analyses foudroyantes de Trouvé, Harribey ou Pelletier, recrachées par des audits citoyens grotesques et insignifiants, vont convaincre le gouvernement français de réévaluer la dette.
A rebours de ses pleurnicheries citoyennes, ce journal en ligne propose une rupture avec l’État et le capitalisme à travers une radicalisation des luttes et des assemblées populaires. Contre le marxisme lénifiant et l’altermondialisme d’État, ce numéro revient sur l’actualité des luttes. Aux Etats-Unis et en Grèce, la contestation s’amplifie et surtout s’organise sans dirigeants ni la moindre avant-garde. Au contraire, des pratiques libertaires se diffusent.
Surtout, le mouvement anarchiste révolutionnaire peut permettre d’ouvrir des perspectives dans la période actuelle. Les analyses de Marx et l’histoire de la Première Internationale révèlent la nécessité d’une auto-organisation de tous les exploités pour détruire l’État et le capitalisme. L’anarchisme des années 1960 se renouvelle pour impulser de nouvelles pratiques de lutte, illustrées par le mouvement du 22 mars en mai 68.
Mais la lutte des classes et la perspective de révolution sociale doivent s’accompagner d’une critique radicale de la vie quotidienne. La transformation des rapports sociaux doit permettre de changer l’ensemble des rapports humains et bouleverser tous les aspects de la vie. Les squats politiques et communautés alternatives proposent de nouvelles manières de vivre et de penser, en rupture avec le conformisme ambiant, malgré leurs limites. Les mouvements dada et surréaliste critiquent l’art pour permettre une généralisation de la créativité et construire un monde fondé sur la liberté, le désir, le plaisir, la passion.
Sommaire de ZS n°3:
Actualité des luttes
En Grèce, la lutte sociale s’amplifie
Occuper Wall Street contre le capitalisme
Entre anarchisme et communisme
Marx penseur de l’anarchie selon Rubel
La Première Internationale: des débats et des luttes
Le mouvement du 22 mars, entre théorie et pratique
Squats et utopies communautaires
Les limites des squats alternatifs
L’expérience des squats parisiens
Insurrection poétique
La révolution des surréalistes
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