Lundi 13 février, le candidat Hollande a déclaré au journal Guardian’s :
« Aujourd’hui il n’y a pas de communistes en France… La gauche a gouverné pendant 15 ans, pendant lesquels elle a libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et à la privatisation. Il n’y a pas de crainte à avoir »
Par la suite, sans doute par crainte de perdre une frange de l’électorat de gauche au second tour, Hollande a tenté de relativiser ses propos contre les « communistes ». Mais Front de Gauche et PCF, Mélenchon en tête, sont montés au créneau de l’indignation, se revendiquant représentants d’un « communisme » encore vivant.
On hésite : qui est le plus ridicule dans cette histoire ? Hollande le capitaliste se réclamant du « socialisme » ? Ou Mélenchon le capitaliste se réclamant du « communisme » ? Leurs programmes et leurs discours n’ont rien à voir avec ces notions, qu’ils galvaudent honteusement.
Socialisme et communisme sont des courants politiques ayant en commun le projet politique d’une socialisation des moyens de production, abolissant la domination de classe. Au capitalisme et à l’exploitation salariale, à l’organisation étatiste de la société, ils entendent substituer la socialisation des activités productives aussi bien que des décisions politiques. Socialisme et communisme sont indissociables d’une réappropriation réelle, libre et égalitaire des décisions par les populations elles-mêmes.
Force est de constater que ni Hollande ni Mélenchon n’ont quelque chose à voir avec ces notions. Non, la libéralisation, la privatisation et la financiarisation dont Hollande rappelle lui-même qu’elles furent le bilan de la gauche au pouvoir, ne sont pas du socialisme, mais la défense du capitalisme. Non, l’étatisation de quelques moyens de production, la taxation du capital et la défense de l’exploitation salariale, prônées par Mélenchon, ne sont pas du communisme, mais la défense du capitalisme. Si l’on ajoute qu’ils défendent tous deux l’Etat, et les élections comme moyen de transformer la société, ainsi que le bilan déplorable des courants politiques auxquelles ils appartiennent dans l’étouffement des luttes sociales, on aura définitivement compris que ces deux personnes sont ennemies du socialisme et du communisme.
Nous ne répéterons jamais assez ce fait historique, jamais démenti : les droits sociaux n’ont jamais été conquis que par les luttes à la base, lorsque les populations elles-mêmes ont su s’organiser sans intermédiaires, débordant les appareils bureaucratiques (politiques ou syndicaux). La gauche électoraliste et étatiste a toujours été l’illusion et le cercueil (voire le boucher) des luttes sociales.
S’il existe des divergences entre marxistes/marxiens et anarchistes/libertaires sur le recours ou non à l’Etat en vue de son abolition, et sur la période de transition (ces courants étant eux-mêmes divisés sur ces questions), tous les révolutionnaires affirment que libertés et droits ne se conquièrent pas dans les urnes, mais dans les luttes de classe et « l’émancipation des travailleurs par eux-mêmes ».
La spécificité des anarchistes est le refus de la dissociation des moyens et des fins dans l’organisation politique et sociale, avec l’analyse que c’est la domination sociale qui engendre les classes. Pour abolir les dogmes, le patriarcat, le capitalisme et l’Etat, les anarchistes prônent le fédéralisme libertaire, c’est-à-dire l’auto-organisation des luttes d’émancipation et des alternatives en actes, de l’échelle locale à l’échelle mondiale.
Pour le socialisme, pour le communisme : pour l’anarchie !
Juanito, Groupe Pavillon Noir (Fédération Anarchiste 86), 15 février 2012