Une explosion sur un site nucléaire du Gard fait un mort et 4 blessés

CODOLET (Gard) – Une explosion dans un four servant à recycler des déchets faiblement radioactifs sur le site nucléaire de Marcoule (Gard) a fait lundi un mort et quatre blessés dont un grave, mais n’a provoqué aucune fuite radioactive, selon les autorités.

La déflagration s’est produite vers midi sur l’installation Centraco à Codolet, dans un bâtiment contenant un four de fusion de déchets métalliques mis en service en 1999. L’incendie déclenché a été maîtrisé peu après 13H00 et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a mis fin à son plan d’urgence vers 16H00.

« Il n’y a eu aucun rejet chimique ou radioactif et il n’y a aucun risque de rejet à venir. Le local dans lequel se trouve le four est intègre », a affirmé l’exploitant, la Socodei, filiale d’EDF, qui ignore encore si l’explosion s’est produite dans le four lui-même ou le local qui l’abrite.

« Il n’y a aucune raison de s’inquiéter », a renchéri la ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, qui s’est rendue sur les lieux en fin de journée « pour rassurer le personnel et la population locale ».

« C’est un accident industriel sur un site nucléaire » dont les causes ne sont pas encore établies et « qui appelle une émotion et une vigilance », a-t-elle déclaré à la presse après avoir rencontré la famille de la victime décédée.

Mêmes propos rassurants à EDF, à l’ASN et au Commissariat à l’énergie atomique, l’exploitant nucléaire du site de Marcoule, dont dépend le Centre de traitement et de conditionnement des déchets de faible activité (Centraco), où travaillent environ 250 personnes.

Un salarié de fonderie qui se trouvait à proximité du four est mort. Parmi les blessés, un homme brûlé à 80% a été évacué par hélicoptère au CHU de Montpellier, où il était dans le coma en début de soirée. Les trois autres ont été hospitalisés à Bagnols-sur-Cèze (Gard).

Les mesures de confinement des personnels de la Socodei et du CEA ont été levées dans l’après-midi et la circulation rétablie sur le site. « On n’a pas du tout été inquiet, il n’y a aucun risque. On a suivi la procédure, on ne sait pas ce qui s’est passé. Notre émotion, c’est d’avoir perdu un collègue », a témoigné un salarié à sa sortie.

Aucune mesure de protection de la population n’a été prise mais des écoles ont pris l’initiative de confiner temporairement leurs élèves.

Selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, le four contenait quatre tonnes de métaux dont la radioactivité était de 67.000 becquerels, « sans aucune mesure avec ce qui est contenu dans un réacteur ».

Les organisations écologistes et l’opposition ont vu dans l’accident une illustration des risques du nucléaire, six mois après la catastrophe de Fukushima au Japon.

Greenpeace a réclamé une « transparence totale et immédiate », Agir pour l’environnement a relevé « que le risque nucléaire, comme les nuages radioactifs, ne connaît pas de frontière ». « Les alternatives énergétiques existent, l’heure est venue de sortir du nucléaire ! », a lancé Eva Joly, candidate Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle.

« La sortie du nucléaire est nécessaire à long terme, mais elle doit se faire dans le respect de notre appareil industriel », selon François Hollande. « Il faut que la France entre dans une autre politique de transparence démocratique dans des domaines comme celui » du nucléaire, a déclaré Martine Aubry.

Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) a demandé « le retour à une maîtrise à 100 % publique du secteur de l’énergie ».

LEXPRESS.fr, 12/09/2011