[Civaux] Traité comme un terroriste pour avoir photographié la centrale nucléaire

Il photographie la centrale : les gendarmes le poursuivent

Le suppléant d’un candidat écologiste a été poursuivi par les gendarmes après avoir pris la centrale de Civaux en photo de nuit. Il a été arrêté.

Il n’a pas tenté de s’introduire dans la centrale nucléaire au nez et à la barbe des services de sécurité de Civaux comme d’autres. Lui, il l’a photographiée en pleine nuit. Et les gendarmes du peloton de surveillance de la centrale lui sont tombés dessus à Tercé.

Il est 4 h du matin, dans la nuit de dimanche à lundi, quand Jean-Luc Herpin, suppléant de Marc Flamant, candidat aux législatives dans la troisième circonscription achève sa tournée de collage. « Je venais de terminer par le panneau officiel de Civaux », raconte le militant du Rassemblement démocratique écologique et républicain de Corinne Lepage. « J’ai repris la route et un truc m’a alerté. Il n’y avait pas de fumée sortant des tours de refroidissement mais j’en voyais qui venaient des autres bâtiments. J’ai décidé de prendre des photos pour les montrer à des gens qui connaissent. » Le militant connu comme le loup blanc reprend sa route pour rentrer chez lui à Tercé. « J’ai remarqué que j’étais suivi par une voiture. Je me suis inquiété, je sais qu’il y a des gens qui font parfois la voiture bélier sur les routes. Ils me faisaient des appels de phare. »

«  J’ai eu peur j’ai verrouillé les portières !  »

Pourquoi ne s’arrête-t-il pas ? La sirène fonctionne. Le halo bleu du gyrophare doit illuminer la campagne alentour. Jean-Luc Herpin ne voit et n’entend rien. « J’ai une petite Clio, il y avait du bazar dedans, des affiches derrière, je n’ai pas vu que c’était des gendarmes. » La poursuite se… prolonge jusqu’aux abords du domicile de Jean-Luc Herpin. « Ils m’ont tamponné. J’ai eu peur. J’ai tout verrouillé. Ils avaient sorti les pistolets-mitrailleurs. Ils me pointaient. J’ai appelé le Samu, et le conseiller général Thierry Mesmin. Comme je ne sortais pas, ils ont cassé les vitres, ils ont tapé dans les portières, ils m’ont attrapé pour me faire sortir, je ne voulais pas. J’ai résisté. J’ai été fouillé et menotté. » Une intervention que le militant juge totalement disproportionnée. Il entend porter plainte estimant avoir été victime d’un traitement dégradant. Il a écrit une lettre ouverte à la gendarmerie. « J’ai été traité comme un terroriste. Ils m’ont pris en photos. Je veux les récupérer ! » La gendarmerie minimise l’incident et rappelle que rien ne serait arrivé si le photographe nocturne s’était arrêté tout de suite. La procédure en est là. Aucune poursuite n’a été décidée à l’issue de l’audition de Jean-Luc Herpin. Le parquet attend de prendre connaissance de l’affaire pour trancher.

Nouvelle République, 30 mai 2012