[Civaux] Le réchauffement climatique menace la centrale

Le réchauffement climatique menace la centrale de Civaux

Une étude publiée dans Nature Climate Change prend le site de la Vienne comme exemple pour illustrer la vulnérabilité au changement climatique.

Les chercheurs ont en partie basé leur étude sur le cas de Civaux, une centrale nucléaire construite à proximité d’une rivière au débit faible.

La centrale nucléaire de Civaux a les honneurs de la célèbre revue Nature Climate Change, cette semaine. Une équipe de chercheurs américains et européens a publié une étude qui démontre que le réchauffement climatique pourrait perturber le fonctionnement des centrales électriques – nucléaires et au charbon – dans les années à venir. L’augmentation de la température de l’eau et la réduction du débit des fleuves qui permettent de refroidir ces installations les rendraient en effet vulnérables en été.

Les auteurs ont basé une partie de leurs travaux sur le cas de la centrale de Civaux, l’une des plus sensibles en raison de son implantation sur la Vienne, une rivière au débit particulièrement faible par rapport à celui de grands fleuves comme la Loire ou le Rhône. Ils estiment que la capacité de production des centrales de ce type pourrait baisser de 6 à 19 % en Europe, entre 2031 et 2060, à cause du manque d’eau pour assurer le refroidissement des réacteurs.

Production en baisse de 6 % dans les années 2040

À Civaux, dans les années 2040, la production pourrait selon eux diminuer de 6 % en moyenne l’été par rapport à la période de référence de 1971 à 2000. Derrière cette moyenne se cacheraient des périodes d’arrêt forcé des réacteurs qui représenteraient tout de même une baisse de puissance de près de 300 mégawatts. L’été dernier, déjà, la direction de la centrale EDF de la Vienne aurait probablement dû prendre des mesures si le réacteur n°1 n’avait pas été opportunément à l’arrêt pour cause de visite décennale, le débit seuil d’alerte étant fixé à 13 m3 par seconde à Lussac-les-Châteaux. « L’arrêt d’une tranche pour ralentir la production ferait gagner 1 m 3/s, l’équivalent de ce qui s’échappe d’une des deux tours », faisait alors savoir le responsable de l’environnement. Les préfets de la Vienne et de la Haute-Vienne sont chargés d’arbitrer les mesures à prendre, de la baisse de régime jusqu’à l’arrêt total de l’activité de la centrale. L’étude publiée par Nature Climate Change précise que plusieurs centrales ont dû réduire leur production en raison d’une ressource limitée en eau durant les sécheresses des étés 2003, 2006, 2009.

Risques pour la faune et la flore

« Cette étude suggère que le recours au refroidissement thermique est quelque chose que nous allons devoir revoir », explique Dennis Lettenmaier, professeur à l’université de Washington à Seattle, cité par l’agence Reuters. En Europe, les centrales thermoélectriques produisent les trois quarts de l’électricité et représentent la moitié de la consommation d’eau douce. L’étude fait également état des risques pour la faune et la flore des rivières d’un réchauffement de l’eau accentué par la production d’énergie. Les stratégies d’adaptation envisagées recommandent d’implanter les nouvelles centrales sur la côte ou de privilégier les installations au gaz. Si ces dernières utilisent moins d’eau que les centrales nucléaires, elles contribuent toutefois au réchauffement climatique en émettant des gaz à effet de serre.

Nouvelle République, Baptiste Bize, 10 juin 2012