[Notre histoire] Sur la scène alternative de Poitiers : 1984-1994 (interview de Luc Bonet)

Sur la scène alternative de Poitiers : 1984-1994

Le militantisme comme moyen de promotion de la musique et des valeurs alternatives.

La fin des années 1980 et le début des années 1990 furent marquées par l’émergence de plusieurs formations musicales poitevines influentes à l’échelle locale voire nationale, à l’instar de Seven Hate ou de Un Dolor. La capitale régionale vit également la naissance de labels musicaux comme « Weird Records » ou « On a faim ! »
Rencontre « live » avec Luc Bonet [1], anarcho-syndicaliste, ex-animateur de « On a faim ! »

D’où vient le label « On a faim ! » ? Luc Bonet : Alors le label On a faim ! c’est la fin des années 80, et il vient du fanzine On a faim !, qui était donc assez connu dans le milieu rock alternatif, et puis dans le milieu anar. Moi j’étais militant anarchiste, j’étais en relation avec Jean-Pierre Levaray, qui était donc l’animateur principal du fanzine et l’idée à cette période là, c’est « tout partait un peu en sucette, donc compliqué, donc l’idée générale, c’était de dire, à la limite comme une maison d’édition, « pourquoi on ne ferait pas un label ? » Pour préserver un certain nombre de choses qui nous semblaient importantes dans le rock alternatif, et puis il y avait une opportunité à Poitiers, c’est qu’on avait des sous, et donc j’ai contacté Jean-Pierre pour lui proposer de faire un label. Il y avait une activité régulière du fanzine, des articles sur la production de la scène mais aussi des cassettes et des disques. Je crois que la compilation « Cette machine sert à tuer tous les fascistes » était déjà sortie. Et puis il y avait des groupes qui étaient un peu soutenus par le fanzine donc il y avait un vivier. L’idée c’était de faire quelque chose de très modeste mais continuer à faire des compilations de manière un peu régulière. La compilation sur des sujets politiques avaient deux aspects intéressants : c’était que d’un coté on parlait politique, donc d’un certain milieu, et d’autre part, une compilation ça voulait dire qu’on contactait les groupes et donc qu’on mouillait un peu les groupes dans une démarche politique. Et puis ensuite, il y a des groupes qui font des choses intéressantes, qui ne trouvent pas… donc encore une fois, c’était une période de crise, donc pourquoi on ne les produirait pas ?

Et donc justement, au niveau des groupes, comment se faisait la sélection ? LB : Alors la sélection, c’était en fait par des cassettes. De fait, le fanzine recevait donc des cassettes de groupes. Il faut rappeler que dans cette période, il faut se remettre on va dire fin des années 1980, le CD émerge à peine et c’est un problème commercial. Et donc ce qui marchait très bien, on est avant internet, c’est la distribution de cassettes et voilà. Donc voilà, le fanzine recevait des choses intéressantes dedans, le fanzine en parlait et donc nous on avait des groupes pour les compilations On a faim !. Donc nous, quand on a commencé, alors je vais employer le « je », parce que c’est quand même essentiellement moi au début du label, ce qui m’a paru important c’est que le label soit déconnecté du fanzine. C’est à dire qu’on avait le même titre, mais chaque structure était autonome. Donc la sélection c’était ce que j’aimais (rire), donc très subjectif quoi. Donc évidemment c’était la qualité musicale et puis la qualité des textes quoi.

Pour partir complètement ailleurs, est-ce qu’il y avait à Poitiers des rapports entre le structures dites « alternatives » ? LB : Non, enfin, nous on ne faisait pas partie du milieu on va dire musical poitevin. Moi je n’y connais rien en musique. Voilà, je ne suis pas musicien, j’ai une oreille disons mais je suis militant politique avant tout. J’allais au Confort Moderne, il y avait la boutique de disques, les concerts et un milieu o les gens se lookaient différemment, etc. Mais non, on ne peut pas parler de liens ayant donné lieu des projets etc. C’était vraiment une démarche complètement autonome, à coté.

Peut parler, selon toi, d’un mouvement vraiment politique pour le rock alternatif, à l’échelle nationale et à Poitiers ? LB : Oui, alors c’est un peu, enfin, oui complètement politique, on va dire que les groupes qui étaient écoutés à ce moment là avaient tous une démarche politique. Mais enfin il y a deux aspects, il y a le message politique, on va dire plus ou moins clair avec, bon on peut le critiquer, ce n’est pas forcément terrible, mais après il y avait une forme de démarche qui, elle, est politique. Il y avait une démarche qu était vers quelque chose qui se déroule en dehors du système, pas forcément contre le système, mai toujours en dehors. Et donc ça, moi, comme militant libertaire, c’est ce qui m’intéresse. Pas que le gens soient tous anars, mais qu’ils construisent des choses sur leurs propres capacités. Et ça c’était quand même l’aspect global qui était quand même intéressant là-dedans. Et à chaque fois qu’il y a e des ruptures, avec le phénomène des Garçons Bouchers, ou Mano Negra, ou d’autres, la rupture, elle se faisait là-dessus. C’est à dire des groupes qui allaient spontanément vers le business, et puis les groupes qui restaient sur une volonté de construire quelque chose d’autre. Donc ça, c’était vraiment le point important.

Le mouvement alternatif est souvent lié au mouvement squat. Est-ce que c’était le cas à Poitiers ? LB : Non je n’ai pas connaissance de squats à cette période-là.

Quelles difficultés ont pu se poser à la création et au développement du label ? LB : Les difficultés, c’est d’abord que moi, je n’y connaissais rien (rires). C’est quand même asse gonflé de faire venir un groupe du Jura comme Désert Culturel, leur proposer un studio, etc. e d’ailleurs le studio et le producteur n’étaient pas adapté au son qu’ils voulaient…. En fait si on sortait d circuit simplement cassettes, donc distribué par le fanzine, il fallait une distribution à l’extérieur, don « qui contacter pour la distribution ? » En fait, voilà c’étaient des questions comme ça, donc j’ai eu de contacts avec New Rose et donc New Rose a été notre distributeur. Démarche super volontariste basée sur rien. Après les difficultés en fait, c’étaient finalement, les mêmes que pour d’autre structures. C’est-à-dire à quel moment on faisait la part entre démarche militante et puis un démarche finalement où les groupes voulaient quand même être reconnus. Par exemple pour le discussions avec New Rose, ils s’en foutaient un petit peu de ce qu’on voulait être, par contre ils n voulaient pas passer à côté d’une opportunité. Donc il y avait un travail qui était pas très sérieux a niveau de la distribution, mais ils le faisaient parce que…voilà. C’était vraiment une période charnière « qu’est ce qui allait se passer ? » etc. Je me rappelle d’une discussion avec les mecs de New Rose. Ils se posaient la question « est-ce que le rap allait bouffer le rock ? », ils naviguaient à vue.

Est-ce qu’à Poitiers, comme au niveau national, on peut parler d’un réseau qui se serait tissé ? LB : Oui alors, enfin à Poitiers encore une fois, moi j’étais un peu en dehors. Le réseau c’était certaines salles, et certains libraires, libraires et disquaires indépendants, c’étaient les radios hein, c qu’on appelait les radios libres, avec la création de Radio Béton à Tours. Mais c’est vrai qu’à Poitiers moi, les rapports que j’avais, c’était vraiment d’aller voir des choses de moi-même au Confort Moderne. Le Confort Moderne était quand même important parce que tu te retrouvais dans une ville moyenne, assez peu active enfin voilà, et quelque chose d’assez connu comme le Confort Moderne c’était quand même assez extraordinaire.

Tu en as déjà un peu parlé, mais que penses-tu de la période où s’est créé le label ? LB : C’était une période de crise. Je ne me souviens pas très bien si les Bérurier Noir étaient déjà e procès avec Bondage, etc. Il y avait le phénomène aussi de la scène alternative plus ou moins récupérée, on en a parlé : Garçons Bouchers, Mano Negra… Donc c’était une période de crise a sens ou quelque chose était monté et puis là, visiblement redescendait, sur des problèmes que l mouvement, je parle de manière très très générale, mais que le mouvement n’était pas capable d résoudre. Problèmes essentiellement économiques, c’est parce qu’il y avait crise qu’il y a eu l’idée d créer le label. Voilà on ne voulait pas bouleverser la donne, mais on se disait : « quelque chose es monté, qui concerne beaucoup de gens, donc ce serait trop bête que tout retombe ». Parc qu’effectivement, on savait bien ce que ça voulait dire que tout retombait : c’est que tout retombait au mains du business. Donc après tout, comme souvent dans le milieu libertaire, créer un peu d’ilots d résistance et d’autonomie, c’était un minimum. Donc c’était vraiment une période de crise.

Quel regard portiez-vous sur les subventions publiques ou privées ? LB : À ce moment là, on ne se posait même pas la question. On ne se posait même pas la question parce qu’on avait cette autonomie financière de départ. Après voilà, il y a vingt ans, je sais très bien dans quel état d’esprit j’étais à ce moment là, l’état d’esprit aujourd’hui, ce serait « on peut y mettre u peu les doigts, il faut garantir notre autonomie ». Aujourd’hui j’ai un certain nombre d’expériences qu font que je pense que manœuvrer avec ces choses là, en étant prudent, on peut manœuvrer. On n s’est pas posé la question vraiment, la question qui taraudait à ce moment là tout ce milieu, c’était l question du business pur quoi, c’est-à-dire : il y avait des groupes qui avaient de l’audience, cette audience ça voulait dire des gens qui viennent aux concerts, des gens qui achètent des disques derrière des radios qui diffusaient des morceaux. Toute cette audience, elle a forcément un caractère économique, et, à partir de cette audience, est ce qu’on peut faire vivre une scène de manière autonome ? Donc voilà, on n’était pas dans le cadre de subventions quoi. Il est évident que par exemple, le Confort Moderne, quand il s’est créé, nous on était très critiques, parce qu’il y avait un armée de ce qu’on appelle aujourd’hui des contrats aidés (c’étaient des TUC à l’époque il me semble) et donc nous on était très critiques là-dessus. Objectivement, le Confort Moderne n’aurait certainement pas pu se monter sans ça, et c’est quand même bien que le Confort existe… Mais nous, ce n’était pas notre préoccupation. Notre préoccupation c’était comment faire par rapport au business, vraiment le subventions, c’est quelque chose qui est quand même très lié à toute production qui demande pas ma de capital. Le Confort Moderne c’est quand même une salle, c’est énorme hein, donc on bâtit, il y’ des personnes derrière. C’est un lieu artistique et pas commercial, comme peut l’être un distributeur de disques, ou un organisateur de concerts, donc forcément la gestion économique et l’autonomie financière va être compliquée, il faut des recettes extérieures au lieu lui-même, après on n’était pae dupe sur l’avenir mais on n’avait pas de réponse par rapport à ça. On n’était pas dupe des efforts de Jack Lang pour organiser, pour créer des festivals à droite à gauche, c’était une manière de s positionner positivement par rapport à la jeunesse. C’est comme ce que tu disais par rapport au squats : en quoi ils étaient importants ? C’étaient des lieux où il se passait des choses, et sans qu personne ne puisse avoir un regard dessus. Après les squats avaient leurs propres limites, y compris financières… Pour le label, les problèmes qui étaient importants, c’était l’organisation de concerts, l tournage, la distribution des skeuds [disques, nda] ce qui pouvait se faire autour de la publicité au bo sens du terme, de rendre public, de faire connaitre, tout cela était hors du champ des subventions.

De manière pragmatique, comment ça se passe à Poitiers en 1989 pour produire un disque, du début à la fin ? LB : Euh, le problème, c’est l’enregistrement, c’est-à-dire la production de manière générale. Et ensuite c’étaient les circuits qui étaient assez connus déjà, puisque, le fanzine avait lui même produit déjà de disques. On travaillait avec New Rose, donc les skeuds étaient un petit peu dans le bac des disquaires. On était déjà dans le réseau fanzine, on se posait des questions par rapport au radios (comment les contacter, se faire connaitre). Toutes ces questions là, on était quand même très novices là-dedans quoi.

La finalité du label, n’était pas comme celle d’un label traditionnel, de promouvoir des groupe et de les amener jusqu’à… LB : Non ce n’était pas ça, c’était vraiment établir une espèce de, comment dire, encore une fois u peu de résistance, permettre à des groupes qui, quand la machine business se met en place, n’auront pas leur place. Et ensuite voilà, le contrat moral entre guillemet, était : on vous permet de faire u album, on essaie de le faire un peu connaitre, et après pour les concerts on avait quelques contacts on pouvait évidemment filer quelques tuyaux, mais le groupe se débrouillait, et puis on n’était pas dupe, si les groupes marchent et ont une certaines audience, ils auraient continué sans nous. Don c’était plus vraiment parce qu’on sentait que la scène était coupée entre les gens, on va dire à la bas qui jouaient dans leur garage, qui faisaient leur truc, et puis l’audience qu’avait permis le rock alternatif et entrainait vers du formatage.

Tu l’as dit tout à l’heure, quand tu as débuté dans le label, tu étais complètement novice. On voit au niveau du fanzine que, tant au niveau du contenu que de la forme, qu’au fil du temps et des numéros, on a une production quasi-professionnelle. Est-ce qu’on a retrouvé ça au niveau du label ? LB : Euh, enfin moi, je n’ai pas eu le temps de voir cette progression, parce que j’ai quitté le label assez vite. Mais le label On A Faim ! a continué après avec une nouvelle équipe mais il y avait cette volonté là. C’est-à-dire qu’en fait, par exemple dans la nouvelle équipe, est arrivé un couple parisien Gil était un dessinateur, donc il avait certaines exigences esthétiques, Martine était plus au fait de choses administratives, donc quelque chose d’un peu plus pro qui se mettait en place. Donc après, il faudrait voir la suite du label lui-même quoi. Mais, enfin, il n’y avait pas de raison pour qu’on ne fasse pas quelque chose qui ne soit pas agréable ou un peu pro. Ça veut pas dire grand-chose agréable e un peu pro, mais tu peux avoir des choses qui soient faites de manière foutraque, parce que c’est comme ça et il y a des choses qui sont faites de manières foutraque parce que c’est une esthétique voulue. Nous on a fait un petit fanzine, il y avait un coté foutraque, mais il était voulu, donc voilà, c’est une question esthétique. Je pense que la démarche du zine (au départ je rappelle que c’est avant le ordinateurs etc,) donc on tape à la machine, on fait des découpages aux ciseaux, on colle, donc voilà il faut imaginer l’esthétique punk, elle correspond aussi à certains état d’esprit imaginatif. Entre le zine de Poitiers, vu par 30 personnes et le zine national vu par 500 ou 1000, il y a une différence ! Il y a un logique interne et donc encore une fois, même chose pour le rock alternatif. Industriel au bon sens d terme, c’est-à-dire qu’ il y a des métiers qui se mettent en place.

Et toi quand tu fondes le label, est ce que tu as dans l’optique d’en faire ton métier, en quelque sorte de travailler pour ça ? LB : Pas du tout, c’est-à-dire pour moi c’est un acte politique. À ce moment là, Je militais à la Fédération Anarchiste. Donc c’est du militantisme avec un coté un peu artistique, voilà, parce qu j’aimais la musique que j’écoutais, quelque chose qui n’était pas strictement militant. Alors plus tard dans le label, je ne sais pas très bien, ce n’est pas toujours très clair comme ça, mais bon je pense que les copains qui après ont repris le label n’étaient quand même pas dans cette démarche là, mai ils y pensaient peut-être en se rasant le matin….

Penses-tu que ce qui s’est passé en termes de mouvement alternatif aux États-Unis puisse être mis en lien avec ce que vous avez fait chez On a faim ! , y a-t-il eu des passerelles ? LB : Des passerelles non. Je ne pense pas qu’il y ait eu des passerelles. D’abord avec les États-Uni c’est compliqué, c’est-à-dire que, dans un milieu militant, les passerelles, elles se font par de connaissances un peu plus précises. Donc notre contexte, il restait européen, alors c’est vrai que l’Europe c’était quand même l’exemple italien, avec les centres sociaux qui commençaient à émerger s’organiser. Je me souviens avoir visité des squats berlinois très organisés, ça, ça nous inspirait Mais les États-Unis, pas directement, je crois qu’il y a des différences de culture, et puis de taille. U groupe connu aux States c’est en nombre de « fans » quelque chose d’énorme par rapport à l’Europe Ce qu’on voyait c’était que ce milieu persistait, et ne se trouvait pas prisonnier du business apparemment comme chez nous. Une vraie scène alternative, c’est quand même ce qui manquai particulièrement en France. Et c’est ce que des groupes comme les Bérurier Noir n’ont pas réussi faire, ce n’est pas une critique, mais on peut voir que ce n’est pas une fatalité. Des groupes comme The Ex, NoMeansNo, existent encore dans une démarche alternative.

Alors justement, en terme de vente, est-ce que les productions On a faim ! ont trouvé un échO auprès du public ? LB : Les compilations se vendaient relativement bien, alors moi les chiffres… je te disais, je ne saiS pas, alors relativement bien ça va être autour des 1000, quoi. En fait, de mon temps, on a fait assez peu de choses à part les compilations, donc c’était Désert Culturel, des choses comme ça, et là c’était quand même beaucoup plus modeste, quoi, c’était quelques centaines.

La politique de prix des disques, j’imagine qu’elle était en adéquation avec vos idée politiques ? LB : Oui, on essayait de faire les choses le moins cher possible. Alors après c’est toute la difficulté d’édition. La distribution prend sa marge, etc. Et puis on devait éditer sur plusieurs support (cassettes, vinyles, CD), c’était quand même compliqué…

Et dans le cadre de cette crise, est-ce qu’il a pu exister des coopérations entre le label On faim ! et d’autres labels ? LB : Des coopérations, ce serait un grand mot, disons qu’il y avait deux types de réseaux : il y avait le réseau lui-même, qui lui était donc en crise forte et puis après, il y avait le réseau anar. Dans le réseau anar, y avait un autre label qui est arrivé à survivre, qui était un label historique qui s’appelait VISA Donc la coopération, ça passait surtout par Jean-Pierre et par le fanzine, et ça se situait plutôt e termes de publicité encore une fois au bon sens du terme. C’est-à-dire, on croisait entre le productions VISA et les productions On a faim !, et puis quelques plans on va dire techniques etc.

Et donc ce réseau de publicité (fanzines, radios libres etc.), est ce qu’il a été efficace pou l’activité d’On a faim ! ? LB : Hum, oui… oui et non. Enfin, parce que ce réseau là, si tu veux, il y avait la partie très pratique donc lui était efficace. Mais en termes de pub, c’était quand même très limité. C’était une période u peu charnière, on sentait bien qu’on était à la queue de la comète. C’était moins le problème de notre réseau qu’en fait, derrière, un réseau qui était déjà orienté vers quelque chose qui était beaucoup plu commercial. La nouvelle équipe du label, a choisi un positionnement moins militant, qui était aussi u positionnement musical spécifique (plus dub/reggae que rock).

Le label était un outil de propagande : donc a-t-il réussi a rallier des gens à la cause libertaire ? LB : Ce n’était pas le but, on voulait participer à maintenir une scène alternative, et à l’intérieur de cette scène une référence anar. On a échoué me semble-t-il mais parce que la scène alternative, du moins telle qu’on l’imaginait alors, a échoué.

Quel bilan tires-tu de ton action au sein de On a faim !? LB : Je me suis bien amusé et j’ai vécu beaucoup d’angoisse, voilà. Non c’est vrai que le label su cette période là (encore une fois, le label a continué après moi, c’est quand même en grande partie o va dire une aventure personnelle, beaucoup d’angoisse). Je pense qu’après, j’ai aussi eu un ouverture sur du réel, c’est-à-dire pas seulement être dans la propagande anar par exemple, participe a des manifs, faire des communiqués de presse, ces choses quoi, le goût de construire on dira…