NdPN : nous avons écrit de nombreux articles sur le harcèlement des plus pauvres par la préfecture, la mairie et les boutiquiers. Au lendemain de la journée mondiale de refus de la misère, une réunion tripartite a eu lieu entre ces défenseurs de l’ordre sécuritaire et marchand… qui semble plutôt tourner à la caricature du refus des miséreux ! Leurs exquises conclusions sont relayées comme il se doit par la presse.
Marginaux : une réunion qui en appelle d’autres
Les commerçants, le maire et le préfet ont fait le point hier soir sur la présence des marginaux dans le centre de Poitiers. Un état des lieux après un été chaud.
Le rendez-vous était demandé depuis plusieurs semaines par les commerçants de la FAE (fédération des agents économiques). Plusieurs fois repoussée, la réunion a enfin pu se tenir hier soir de 18 h 30 à 20 heures passées. En présence du préfet et du directeur de la sécurité publique. La presse n’y était pas conviée.
« C’est déstabilisant pour une ville qui veut être belle »
Absent de Poitiers hier, Claude Lafond, président de la FAE, s’était fait représenter par Suzanne Mathieu-Ségeron, MM. de Bony, Soulard et Vergnaud, vice-présidents. A la sortie de la réunion, nous avons pu contacter Mme Mathieux-Ségeron : « L’été a été particulièrement chaud. Avec des regroupements de marginaux autour des bouteilles d’alcool et des bagarres de chiens qui font peur. » Trois points de fixation ont été dénombrés : la place Notre-Dame, le square Jeanne-d’Arc et l’entrée des Cordeliers, rue des Grandes-Ecoles. « C’est déstabilisant pour une ville qui veut être belle et des commerçants qui veulent travailler. » La commerçante cite le cas d’une famille qui habite au premier étage d’une maison place du marché Notre-Dame : « Les enfants sont en bas âge. La maman va déménager. Elle ne supporte plus. » Mme Mathieu-Ségeron ajoute : « Aujourd’hui, la tension est retombée. » Alain Claeys, député-maire, joint également par téléphone, donne des chiffres : « Les marginaux étaient 36 en juin avec une trentaine de chiens. On en dénombre 22 actuellement. Plus de dix ont un logement. Les autres le refusent. Ce sont des marginaux, des gens qui vivent en marge de notre société. Ce ne sont pas des SDF. Il leur est proposé des logements et un accompagnement social que certains refusent. » La réunion d’hier soir, indique le maire, avait pour but de se rencontrer, pas de trouver des solutions immédiates. Le préfet a rappelé le rôle de l’État. Le directeur de la sécurité publique a précisé le cadre de l’intervention des forces de police. Le CCAS de Poitiers ainsi que les travailleurs sociaux au contact des marginaux ont explicité leur travail. « Il n’y a pas de solution miracle, dit Alain Claeys. Nous avons prévu de nous revoir. » Ce que confirme Mme Mathieu-Ségeron : « Nous avons débattu. Cela fait du bien. Tout le monde doit pouvoir cohabiter dans notre ville. Commerçants, clients, passants et marginaux. On se rencontrera à nouveau au printemps. Nous ne pourrons pas revivre un été comme celui de cette année. » Le maire : « Aujourd’hui, nous partageons le même constat. »
Jean-Jacques Boissonneau, Nouvelle République, 19 octobre 2012