NdPN : C’est avec tristesse qu’on a appris la mort de la cinéphile à la tignasse rouge, Heike… emportée par son petit « alien » de cancer, comme elle aimait à l’appeler. Elle sera enterrée demain à Paris. Heike Hurst était une super chroniqueuse cinéma au Monde Libertaire et animatrice radio sur Radio libertaire sur le même thème. Voir ses contributions ici. Elle a aussi participé à de nombreuses revues en France et encore plus en Allemagne. Merci à elle de nous avoir fait découvrir tous ces films – qu’on aurait jamais vus sans elle !
On savait Heike Hurst, critique et amie, gravement malade. Le mercredi 28 novembre, d’une voix fatiguée, elle animait son émission hebdomadaire sur Radio Libertaire, Le manège. Elle y recevait, sa fille Annick Hurst et Annick Redolfi, respectivement monteuse et réalisatrice du Dernier choix, un documentaire consacré à l’euthanasie, diffusé sur France 5 ce mardi 4 décembre.
Ce sera son dernier tour de manège, le lendemain, elle entrait à l’hôpital. Son alien, comme elle disait de son cancer, a eu raison d’elle le vendredi matin. Elle est partie, entourée des siens. Jusqu’au bout elle a tenu à demeurer fidèle à cette passion qui l’animait, voir des films, en parler, écrire, partager.
Née à Gotha en 1938, Heike, parallèlement à son métier de professeur d’allemand, exerça celui de critique à Jeune cinéma, au Monde libertaire, une fois à Bref (n°47, à propos des courts métrages allemands), et dans bon nombre de publications d’outre-Rhin où elle rendait compte de ses trouvailles festivalières. Le Cinéma du réel, Cannes, La Rochelle, Locarno, Venise… Sa soif de découverte n’a jamais faibli. Elle aimait discuter, faire des petits cadeaux comme sortir de son sac une photo qu’elle avait prise de vous lors d’une précédente manifestation. Elle avait tout vu, elle bénéficiait en outre d’une mémoire insolente et pouvait évoquer avec un naturel déconcertant les films inédits en France de tel réalisateur iranien ou turc sans soupçonner un instant que nous n’en ayons jamais entendu parler.
On la repérait de loin avec sa chevelure flamboyante, elle aimait les vêtements colorés, elle avait un sourire malicieux, on riait beaucoup ensemble.
Je sais que je vais mettre un moment à admettre, en apercevant des cheveux orange vif dans la foule d’un festival, qu’ils ne pourront plus jamais signifier la promesse d’une nouvelle discussion avec Heike.
Heike Hurst sera incinérée au cimetière du Père-Lachaise, le samedi 8 décembre. Une cérémonie aura lieu dans la salle de la Coupole à partir de 10h.
Jacques Kermabon, Bref Magazine
Heike Hurst, la femme aux cheveux rouges
La critique de cinéma (Jeune Cinéma…), professeure d’allemand et animatrice radio (Radio Libertaire) Heike Hurst est morte, emportée par un cancer du pancréas. Née en 1938 à Gotha (Allemagne), elle avait fait ses études à Paris, où elle s’est installée. Heike Hurst était pour nous la «femme aux cheveux rouges» que l’on adorait retrouver d’un festival à l’autre : une spectatrice avide et drôle, qui avait toujours découvert LE film génial, hyper-politisé, qu’on avait évidemment raté. Depuis le premier café pris il y a vingt ans sur le port de La Rochelle jusqu’à la bière (sans mousse) en juin après une projection du Faust, de Sokourov, on l’a toujours considérée comme une bienveillante amie en cinéphilie. Elle sera incinérée demain à 10 heures au cimetière du Père-Lachaise (Paris XXe).
Didier Péron, Libération