NdPN : voici une nouvelle affaire sur des travailleur-euse-s exploité-e-s comme des esclaves dans le secteur de la restauration. Secteur bien connu pour son traitement bien particulier des droits du travail et du respect des salarié-e-s. A Poitiers comme ailleurs… Au vu de ce qu’on entend souvent de sordide de la part de personnes bossant dans la restauration ici à Poitiers, notamment des travailleur-euse-s étranger-e-s, cette affaire n’a hélas rien de surprenant. Saluons ici les syndiqué-e-s de la CGT qui soutiennent les salarié-e-s étranger-e-s éxploité-e-s, en se constituant partie civile à leurs côtés pour traîner aux prudhommes ce patron soupçonné d’esclavagisme. A bas les exploiteurs !
Soupçons d’exploitation dans un restaurant indien
Poitiers. Le patron d’un restaurant indien de la Grand’Rue est soupçonné d’exploiter ses employés. Il nie tout. La CGT parle d’esclavagisme.
Le Shalimar a rouvert ses portes hier matin après une parenthèse imprévue de 48 h. Depuis mardi soir le patron de ce restaurant indien de la Grand’Rue se trouvait en garde à vue à la suite d’un contrôle mené par l’inspection du Travail sur fond de soupçons de travail illégal.
Pour la CGT, l’affaire va beaucoup plus loin que ça. Et Pascal Briand, son secrétaire départemental parle clairement d’esclavagisme. Une exploitation de jeunes étrangers contraints de travailler pour presque rien et dans des conditions indignes. « Ce sont des gens de chez nous qui se sont aperçus de choses bizarres. Ils ont eu des doutes en voyant la façon dont le patron se comportait avec ses salariés », explique Pascal Briand. C’était il y a un mois. La CGT est parvenue à recueillir des confidences de salariés désormais partis de l’établissement.
« Il ne leur restait que 50 € pour vivre »
« Ils étaient payés l’équivalent d’un euro de l’heure. Ils travaillaient 60 heures par semaine. Ils se trouvaient logés dans un taudis qu’ils payaient 400 € à leur patron dans le secteur du faubourg du Pont-Neuf. Au final, à la fin du mois, il ne leur restait plus que 50 €. Ils nous ont dit qu’on ne leur donnait que des restes pour manger. Ce sont des comportements qu’on ne peut pas accepter et qui nuisent à l’image de toute une profession. » Deux des salariés de l’établissement, des serveurs, ont pris attache avec un avocat, Me Malika Ménard, pour défendre leurs intérêts au pénal et aux prud’hommes. L’union départementale CGT entend elle aussi se constituer partie civile dans un dossier qu’elle juge emblématique. En attendant, l’enquête se poursuit à la demande du parquet. Car, les versions sont très contradictoires, et les services de police vont désormais s’attacher à vérifier les accusations portées.
repères
Le restaurateur conteste toute faute
Il est 10 h, le Shalimar s’apprête à rouvrir. Son patron, Tatheer Naqvi Syed, 37 ans, ouvre les rideaux. La grande salle s’éveille, deux employés sont là. « L’affaire », le patron ne souhaite pas en parler. Courtois, il renvoie la balle vers son avocate, Me Stéphanie Delhumeau-Didelot. « Je n’ai pas assisté à toutes les auditions, mais il a indiqué qu’il avait contesté tout ce qui lui est reproché. Pour le travail illégal, il m’a dit qu’un de ses employés lui avait fourni une identité qui s’est révélée fausse, mais il ne le savait pas. Quant aux salaires, ce n’est pas lui qui s’en occupe, mais un cabinet d’expert-comptable, il y a donc des fiches de paie qui sont émises. Pour les accusations qui portent sur des conditions de travail indignes, il ne m’a parlé de rien. Je sais juste qu’il nie tout. »
Emmanuel Coupaye, Nouvelle République, 21 décembre 2012