Intrusion dans la centrale : il veut un procès public
Civaux. Hervé Couasnon s’était introduit dans la centrale nucléaire. Il refuse le plaider coupable pour un procès public. Il veut mettre en cause la sécurité.
Le procès risque de changer de cible.
Le Périgourdin Hervé Couasnon s’était faufilé dans la centrale nucléaire de Civaux, le 2 mai dernier, en plein débat du second tour de la présidentielle.
« Il va falloir que le directeur de la centrale s’explique »
Un coup d’éclat de plus pour cet homme familier de ce genre d’opération. Après quelques heures de garde à vue, il avait été remis en liberté. Le parquet avait finalement décidé de le juger selon la procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Une CRPC trop discrète à son goût. Le « procès » se serait déroulé dans le huis clos d’un bureau entre lui, son avocat et le procureur. La CRPC, c’est une transaction judiciaire où le prévenu reconnaît sa faute et accepte la peine proposée par le parquet. « J’ai écrit au procureur de la République pour lui dire que je ne viendrai pas », explique Hervé Couasnon. Il reconnaît sa responsabilité dans l’intrusion, mais, pour lui, comme il l’a déjà dit à de nombreuses reprises, il n’est pas le seul responsable. Et ça, il entend bien le dire haut et fort, devant un tribunal, lors d’une audience publique. Une publicité des débats recherchée pour mettre sur la table un problème loin d’être anodin : la sécurité des centrales nucléaires et celle du site de Civaux en particulier. Ne pas se rendre à la CRPC, c’est un aller direct pour le tribunal correctionnel. Hervé Couasnon attend maintenant de savoir à quelle date il sera jugé pour s’être introduit dans un site intéressant la défense nationale. « On va demander la relaxe. Il va falloir que le directeur de la centrale s’explique. EDF est responsable. Je suis rentré comme ça, sans cisailler les clôtures ! J’ai profité que les gardes fassent sortir un camion de livraison pour entrer. Il y avait bien des caméras de surveillance, mais pas de disquette pour enregistrer ce qui se passait ! » Un garde et le routier repèrent l’intrus qui se faufile et se planque plus d’une heure avant d’être délogé d’un bosquet. La preuve, pour EDF, que la sécurité fonctionnait bien. Le directeur de la centrale parlait tout de même à l’époque d’installer un deuxième portail pour ménager un sas et éviter toute intrusion ! La preuve pour l’intrus qu’il existait bien une faille.
Emmanuel Coupaye, Nouvelle République, 5 janvier 2013