NdPN : Bonne nouvelle, le dossier sur les révoltes sociales avant la révolution, paru dans l’un des OLS (Offensive libertaire et sociale) de 2011, est consultable en ligne sur le site des compagnes-ons. Une véritable mine (les pages du dossier sont consultables dans le menu à gauche sur le site). Miam !
On complètera à notre sens cette lecture par celle d’une brochure de Kropotkine, évoquant une toute autre image du Moyen-âge que celle que nous apprend l’école républicaine : lire L’Etat, son rôle historique.
1789, 1870, 1936 ou encore 1968 : les références des militants révolutionnaires d’aujourd’hui se figent autour de quelques grandes dates qui prennent parfois la forme de mythes. Au-delà de l’invocation aux jacqueries paysannes, citer une révolte d’avant la Révolution Française relève de l’exploit tant nous sommes inféodée-s aux formes dominantes de dire l’histoire. Surgissant de nulle part, 1789 serait le résultat surprenant du simple refus de l’absolutisme des rois Bourbons, ou alors des réflexions averties de philosophes des Lumières. Des penseurs qui, pour mieux nous éclairer, ont jeté un voile obscur sur le Moyen Âge, qui fait qu’aujourd’hui encore nous en conservons l’image d’une période de soumission totale. Pourtant, de l’an mil jusqu’au XVIIIe siècle, des traces de luttes contre le pouvoir, les injustices et les inégalités, permettent de peindre un autre tableau des périodes médiévale et prérévolutionnaire.
Ce passé a été refoulé par ceux et celles qui dressent les grandes fresques de l’Histoire, préférant livrer un récit qui sert de ferments à la Nation au-delà des différences sociales. Il est plus commode en effet de raconter les successions des rois et des reines ou les exploits militaires contre nos « horribles voisins » que de mettre en avant les résistances aux dominations qui jalonnent toutes les époques.
Qui plus est, si la Révolution française offre un cadre politique qui nous est proche (notamment le rapport Gauche-Droite), les révoltes antérieures s’éloignent de ce schéma. Les marxistes ne retrouvent pas forcément dans les jacqueries le moteur de l’histoire qu’est la lutte des classes. Les anarchistes sont gênés aux entournures par les mouvements millénaristes qui demandent l’abolition de la propriété privée mais sur fond de grands élans religieux.
L’écueil que nous avons voulu éviter est bien celui-ci, qui nous aurait conduit à faire de ces mouvements des exemples à suivre. Mais cela ne nous a pas interdit de partir sur les traces des insurgées : celles des millénaristes révolutionnaires luttant à partir du XIIIe siècle contre tous les éléments discordants s’opposant à la réalisation du paradis sur Terre ; des paysan-ne-s se battant pour l’autonomie des villes au Moyen-Âge ; des bêcheux-ses voulant mettre à bas la féodalité anglaise en 1649 ; des ouvrier-e-s résistant aux premières mesures libérales dès le XVIIIe siècle… Ce dossier s’attache donc à renouer avec les pratiques d’une élaboration d’une histoire populaire afin de faire plonger nos racines révolutionnaires au-delà de la Grande Révolution de 1789.