Les « indignés » de la place de la bourse relaxés
Onze « indignés » poursuivis pour dégradation de biens publics après une manifestation en septembre à Paris ont été relaxés, lundi 14 novembre, par le tribunal correctionnel. A l’audience, le 31 octobre, les débats s’étaient avérés surréalistes, tournant autour d’une vitre de fourgon de police « décollée » par les manifestants alors embarqués par les forces de l’ordre, le 19 septembre place de la Bourse.
Selon les prévenus – tous Français à l’exception d’une Vénézuélienne vivant en Espagne –, la vitre du fourgon, qui tenait mal, ne s’était pas brisée, mais simplement décollée quand certains d’entre eux s’étaient appuyés dessus, sans aucune violence. La procureure avait décrit un tout autre scénario puisque, selon elle, la situation avait « dégénéré » et les prévenus avaient « poussé cette vitre de leurs mains dans une action collective et concertée ».
Elle avait requis trois mois de prison ferme contre une manifestante, qui avait reconnu avoir posé ses mains sur la fameuse vitre et a déjà quatre condamnations à son casier judiciaire pour conduite en état d’ivresse et/ou violences. Une peine de cent jours-amendes à cinq euros (soit 500 euros d’amende) avait été requise contre les autres.
La décision du tribunal annoncée lundi matin a tenu en un mot de la présidente : « Relaxe. » Quatre des prévenus étaient venus assister à la lecture du délibéré, soutenus par quelques sympathisants. « C’est très positif, et en même temps étonnant… », a réagi Frédéric, l’un des prévenus, estimant que « cette affaire n’aurait jamais dû dépasser le stade de la garde à vue ». « Je continue à faire partie des ‘indignés' », a-t-il assuré, considérant simplement que cette affaire conduirait peut-être les manifestants à être plus « organisés », plus « vigilants ».
Au total, plus de 80 manifestants avaient été interpellés place de la Bourse, où les « indignés », multipliant les actions contre le système capitaliste, s’étaient rassemblés en vue d’une « assemblée populaire ». La plupart n’avaient fait l’objet que d’une vérification d’identité, mais onze d’entre eux avaient été placés en garde à vue pour dégradation d’un véhicule de police.
Le Monde avec AFP, 14 novembre 2011