NdPN : des gens gèrent eux-mêmes la culture de leur petite plante favorite au lieu de passer par le trafic de substances souvent frelatées. Certains se constituent même en association pour revendiquer politiquement leur droit à consommer ce qu’ils produisent, avec une réflexion sur la responsabilisation via l’autoproduction. Patatra : depuis quelques jours, c’est la répression. Bravo au gouvernement Hollande ; encore une promesse pas tenue sur l’assouplissement de la répression des fumeurs de cannabis, qui ne font pourtant de mal à personne. Dernier exemple de cette politique de biopouvoir, dans le département de la Vienne :
Les jardiniers du cannabis perquisitionnés par les gendarmes
Vienne. Une cinquantaine de producteurs de cannabis à domicile ont reçu la visite des gendarmes ces quinze derniers jours. Une première. Leur matériel et leur production ont été saisis.
Les boutiques de revente de matériel de culture à domicile fleurissent dans les grandes agglomérations.
Si quelques amateurs d’orchidées et de tomates se glissent dans le lot, de nombreux clients sont des fans du cannabis maison. Le indoor se développe. Une manière discrète de consommer. « On est sûr de ce qu’on consomme et on n’alimente pas l’économie souterraine », expliquent les défenseurs de ce type de culture.
Deux producteurs s’étaient lancés dans le trafic
Certains ont même décidé, comme en Indre-et-Loire, de se signaler au grand jour et de monter une association. Association ou pas, consommer sa propre production de produits stupéfiants reste illégal. Le phénomène n’est pas si anodin que cela. Le parquet est donc passé à l’offensive à la faveur d’une enquête initiée par les gendarmes du Montmorillonnais. « En 2012, ils ont traité deux procédures distinctes concernant des personnes qui cultivaient chez elles. Ils ont décidé de poursuivre leur enquête », indique le commandant Mondon, officier en charge du judiciaire au groupement de gendarmerie de la Vienne. Les fichiers clients des boutiques de culture indoor sont passés au crible. Les gendarmes ciblent les amateurs de chambre de culture et d’engrais du type « cana boost » ! Soixante et une cibles sont identifiées, des gens jeunes, plutôt insérés socialement. A partir de la mi-février, et durant une dizaine de jours, elles reçoivent la visite des gendarmes à leur domicile (1). Trois personnes ne sont plus dans la Vienne et six autres disposent de matériel sans l’utiliser. Chez les cinquante-deux personnes restantes, la visite est fructueuse. « L’objectif, explique le procureur de la République, Nicolas Jacquet, c’était de contrôler l’usage qui avait été fait de tout ce matériel. Les personnes ont toutes accepté la perquisition, elles ont ensuite été entendues librement. Il s’agissait de mettre un terme à une activité qui est aujourd’hui illégale, et d’évaluer si ces personnes étaient dans une logique de trafic ou de consommation personnelle. » Seules deux personnes, déjà connues de la justice, s’étaient inscrites dans une logique de trafic. Elles sont convoquées en justice. Quinze, qui se cantonnaient à une consommation limitée, font l’objet d’un rappel à la loi. Vingt et une, qui consommaient plus régulièrement, devront suivre un stage de sensibilisation aux dangers des drogues. Enfin, quatorze personnes à la consommation quotidienne, parfois couplée avec d’autres drogues, devront suivre des soins spécifiques. « Il y a une vraie problématique de santé publique, poursuit le procureur notamment pour les personnes qui prennent le volant. »
(1) Vingt-six dans l’arrondissement de Poitiers ; vingt et une dans celui de Châtellerault et quatorze dans le Montmorillonais.
Emmanuel Coupaye, Nouvelle République, 7 mars 2013