NdPN : tout est dans notre titre : il s’agit à terme de précariser les personnels d’éducation et de les payer moins. Et tant pis pour les oppositions, le rectorat recrutera « quoiqu’il arrive », quitte à faire de la « pédagogie » (LOL). Voir aussi nos commentaires ajoutés en gras dans cet article de la NR.
Les emplois d’avenir ne remplaceront pas les profs
Le rectorat recrute à marche forcée les emplois d’avenir professeurs (EAP). Ça n’est pas fait pour rassurer la communauté éducative.![]()
Les emplois d’avenir constituent l’outil majeur du gouvernement pour tenir la promesse de François Hollande « d’inverser la courbe du chômage d’ici la fin de l’année ». Et leur déclinaison dans l’Éducation nationale, les emplois d’avenir professeur (EAP), fait partie de la stratégie. En Poitou-Charentes, le recteur pousse les feux pour que l’académie atteigne son objectif : 80 recrutements depuis le début de l’année et 62 d’ici la rentrée prochaine.
L’université hésite
Sauf que ces fameux EAP, promis à des étudiants boursiers et issus des quartiers les moins favorisés afin qu’ils mettent un premier pied, douze heures pas semaine contre un salaire de 400 € [NdPN : rien à voir avec le salaire auxquels ont droit les personnels éducatifs titulaires pour le même boulot !] dans la profession qui les attire, inquiètent une partie de la communauté éducative. La semaine dernière, le conseil d’administration de l’université de Poitiers a demandé des garanties avant de d’approuver le dispositif et décidé de surseoir à son vote. Yves Jean, son président, explique qu’il y serait favorable « si le volume horaire des stagiaires est acceptable : 12 h pour des étudiants de L2 ou L3, c’est trop ». Il a écrit aux deux ministres, de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, pour expliquer son point de vue.
Victor-Hugo s’interroge
Au lycée Victor-Hugo, à Poitiers, le conseil d’administration a carrément voté contre, à une courte majorité. Cet établissement est censé être le lycée employeur des EAP pour la Vienne. Là encore, l’inquiétude porte sur l’emploi qui sera fait des étudiants. Devront-ils rattraper les heures qu’ils ne pourront accomplir en période d’examen ? Quelles seront leur mission ? Comment et par qui seront-ils encadrés ? La proviseure de l’établissement avait convoqué un conseil d’administration extraordinaire, ce soir, avant de l’annuler.
Le rectorat explique
Car du côté du rectorat, on assure mordicus que les recrutements seront menés à bien, quoi qu’il arrive, même si on calme le jeu en faisant un peu de pédagogie. « En aucun cas, les EAP ne seront là pour suppléer les enseignants, assure le service de communication du recteur. L’objectif est de mettre leur mettre le pied à l’étrier. » Les douze heures hebdomadaires « ne sont qu’une moyenne », assure la même source, et ne représentent pas le temps réel de présence des apprentis professeurs. Les EAP « pourront concilier au mieux cet emploi et leurs études », promet le rectorat. Et leurs missions seront très encadrées : observation active, accompagnement péri-éducatif, etc. Et, quand ils seront progressivement amenés à faire cours à des élèves [NdPN : ah, quand même, c’est dit], « ça sera uniquement en présence d’un enseignant tuteur ».[NdPN : Comme avec tous ces profs débutants lâchés devant des classes depuis plusieurs années sans réels suivi ni formation ?]
Philippe Bonnet, Nouvelle République, 6 juin 2013
