Le 8 octobre 1901, à Barcelone, ouverture par le pédagogue libertaire Francisco Ferrer de « l’Escuela Moderna » (l’Ecole Moderne).
Fortement influencé par Paul Robin, Francisco Ferrer surmontant de nombreux obstacles ouvre ce jour avec une trentaine d’élèves une école primaire mixte directement inspirée de l’éducation intégrale menée à Cempuis. Trois mois plus tard l’effectif était de 86 élèves. Cette audacieuse réalisation dans un royaume d’Espagne écrasé par la toute puissance de l’Eglise, où la seule coéducation des sexes passait pour une hérésie révolutionnaire, sera la cible des monarchistes cléricaux qui, cherchant un prétexte dans l’attentat de Mateo Morral contre le roi, emprisonneront Francisco Ferrer et fermeront « l’Ecole moderne » en 1906. Mais cette experience aura eu le temps de marquer les esprits en démontrant qu’une véritable éducation libérée des dogmes et des usages était, non seulement viable, mais essentielle pour le développement libre et harmonieux des individus.
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Le 8 octobre 1966, mort de Célestin FREINET, à Vence (Alpes-Maritimes).
Pacifiste, syndicaliste et pédagogue (d’abord marxiste, puis libertaire par ses pratiques anti-autoritaires).
Il naît le 15 octobre 1896 à Gars (Alpes-Maritimes) dans une famille modeste. En 1912, il entre à l’Ecole Normale d’Instituteurs de Nice. Mobilisé en 1915, il est gravement blessé à un poumon en octobre 1917. En 1920 (après une longue convalescence), il est nommé instituteur à Bar-sur-Loup. Son refus de la guerre et de l’endoctrinement militariste le pousse alors à rechercher tous les courants de l’éducation nouvelle et à prendre part à diverses rencontres: à Hambourg en 1922, à Montreux en 1923, en URSS en 1925 ( il adhèrera au PC l’année suivante) et à Leipzig en 1928.
Dès 1924, il introduit une imprimerie dans sa modeste classe rurale et collabore à des journaux ou revues comme « L’Ecole Emancipée », « Clarté » qui rendent compte de ses travaux.
Il met alors au point une pédagogie populaire, fondée sur le respect des enfants (expression libre, motivation de l’effort, etc.), et créé en 1927 avec un petit groupe d’instituteurs « La Coopérative de l’Enseignement Laïc » (C.E.L). En 1928, il est nommé à l’école de Saint-Paul-de-Vence avec sa compagne et militante Elise (née à Pelvoux, le 14 août 1898) . Outre « l’Imprimerie à l’Ecole » à laquelle vont s’adjoindre des activités radio et cinéma, diverses publications voient le jour, « Enfantines », « les Fichiers scolaires coopératifs » et, à partir de 1932, la « Bibliothèque de Travail »(B.T) et « L’Educateur Prolétarien ». La C.E.L produit également un court-métrage « La pomme de terre » réalisé par Yves Allégret avec Pierre et Jacques Prévert comme acteurs. Mais ces réalisations vont être prises pour cible par l’extrême-droite et l’administration poussera Célestin à la démission en 1934.
En 1935, il ouvre alors à Vence avec Elise « l’Ecole Freinet », et publie les « Brochures d’Education Nouvelle et Populaire » mais son école est déclarée illégale. L’arrivée du Front Populaire lui permet de poursuivre son action éducatrice. Après les enfants d’Aubervilliers, l’Ecole accueillera, en 1937, de jeunes espagnols victimes de la guerre (une école portant son nom sera ouverte un temps à Barcelone par les républicains).
Mais, arrêté le 20 mars 1940, il est interné dans divers camps du sud de la France avant d’être assigné à résidence le 29 octobre 1941. Début 1944, il rejoint le maquis FTP de Briançon, puis animera le « Comité départemental de Libération de Gap ». En 1945, il relance le C.E.L, fait reparaître « l’Educateur » et redémarre son école à Vence. Le Mouvement Freinet se developpant « L’Institut Coopératif de l’Ecole Moderne » (ICEM), est officiellement créé en 1947. Indépendance qui déplait au le Parti communiste, Célestin et Elise le quittent fin 1948. En 1949, le film de J-P Chanois « L’Ecole buissonnière » popularisera le Mouvement Freinet; la même année paraît le livre d’Elise « Naissance d’une pédagogie populaire ». En 1957, la « Fédération Internationale des Mouvements d’Ecole Moderne » est créée mais il faudra encore attendre 1964 pour voir son Ecole reconnue par les autorités.
Après la mort de Célestin, Elise poursuivra l’Ecole jusqu’en 1981 (date de son décès). L’école sera reprise par leur fille Madeleine jusqu’en 1991. Elle reviendra ensuite dans le giron de l’Etat, mais avec de serieuses garanties qui font que cette école expérimentale existe encore et que des milliers d’instituteurs s’inspirent toujours de ses méthodes pédagogiques.
« Quand les éducateurs, quand les parents et les administrateurs se seront débarrassés de la lourde scolastique, alors on raisonnera positivement, enfin, et on agira en conséquence. » « L’éducation des enfants ne saurait faire exception dans le processus vivant du progrès humain. » In « L’Educateur » du 15 décembre 1945.
Chopé sur Ephémérides anarchistes, 8 octobre