OGM : un procès symbolique à Poitiers

OGM : un procès symbolique à Poitiers

Le 15 août 2008, des « faucheurs » étaient intervenus à Civaux et Valdivienne dans des champs de maïs OGM.

 

Le 15 août 2008, des « faucheurs » étaient intervenus à Civaux et Valdivienne dans des champs de maïs OGM. – (Photo archives)

Le nouveau procès, en appel, de huit faucheurs volontaires à Poitiers ce vendredi, donne l’occasion aux militants anti-OGM d’organiser manifestations et débats. Ce d’autant plus que les trois témoins cités par la défense de José Bové et de ses sept co-prévenus sont trois « vedettes » des médias, qu’il s’agisse de l’essayiste Stéphane Hessel, auteur du best-seller « Indignez vous ! », du biologiste Pierre-Henri Gouyon, professeur au Muséum national d’Histoire naturelle, ou du professeur Jacques Testart, « père » scientifique du premier bébé-éprouvette français.

Aux militants du Collectif Vigilance OGM de Poitou-Charentes, organisateur de cette conférence et des manifestations et débats du lendemain, se sont joints plusieurs organisations plus ou moins proches de la mouvance écologiste, de l’UFC Que Choisir aux Amis de la Terre, en passant par la Confédération paysanne, la Biocoop, Vienne Agrobio et Greenpeace.
« Ce procès, explique Jacques Pasquier, l’un des leaders nationaux de la Confédération paysanne, intervient dans un contexte nouveau. Le 8 décembre a été votée une loi sur les semences qui instaure une contribution volontaire obligatoire à tous les utilisateurs de semences. » Aux termes de cette loi, tout jardinier et a fortiori tout agriculteur va devoir verser au créateur de la semence des royalties, même s’il sème des graines qu’il a produites lui-même.
Autre thème d’une actualité brûlante : le débat en cours sur les « plantes mutées » : il s’agit de plantes dont le patrimoine génétique a été modifié par des moyens chimiques ou physiques sans transfert de gènes extérieurs, comme dans le cas des OGM. Ces plantes mutées (actuellement certains tournesols et prochainement des colzas) ne font l’objet d’aucun encadrement légal.
Enfin, les anti-OGM se montrent très inquiets des conséquences d’un arrêt pris par le Conseil d’État en novembre et qui annule le moratoire des cultures et essais d’OGM décidé précédemment par la France. En théorie, rien n’empêche plus aujourd’hui des producteurs de se ruer dans la brèche et commencer à cultiver des plantes génétiquement modifiées. Le gouvernement a certes promis une riposte rapide à cette décision mais dans l’attente, l’inquiétude s’installe.
Tous ces sujets devraient alimenter les débats de ce jeudi.

Nouvelle République, Vincent Buche, 10 janvier 2012