[Poitiers] De la misère en milieu étudiant

Des étudiants sans le sou

Hier, ils n’avaient toujours pas perçu leur bourse. Cette absence de versement pour le mois de novembre rend leur situation précaire. Témoignages.

Les étudiants boursiers sont inquiets. Ils n'ont toujours rien perçu pour le mois de novembre.

 

Les étudiants boursiers sont inquiets. Ils n’ont toujours rien perçu pour le mois de novembre. – (dr)

Hier matin, ils ont à nouveau consulté leur compte bancaire. En vain. Aucun virement n’a été effectué. Les étudiants bénéficiant d’une bourse ne l’ont toujours pas perçue pour ce mois. « Généralement, elles sont versées entre le 3 et le 10 de chaque mois, commente Pierre Person, président de l’Unef Poitiers. Les versements ne seront pas réalisés avant la semaine prochaine. » Selon le jeune syndicaliste ce retard serait lié à un problème de procédure administrative : « Le Crous n’est pas responsable. »

Questionné, le directeur-adjoint du Crous de Poitiers, Alain Cordina, assure n’avoir qu’un seul message à faire passer : « Tout va très bien Madame la Marquise. » Il n’y aurait donc aucun souci.

 » Dans trois jours, je n’aurai plus de quoi manger.  »

Sur le campus, les étudiants sont anxieux. « C’est la galère, affirme Marion, 19 ans. Nous téléphonons au Crous mais nous n’avons aucun retour. Nous ne comprenons pas ce qui se passe. » La jeune femme ayant travaillé cet été, pioche dans ses économies : « Il faut bien manger. » Beaucoup, comme Charline, 20 ans, sont à découvert : « Nous n’avons pas été prévenus de ce retard et nous ne l’avons pas anticipé. Mes parents m’ont aidée mais ils ne peuvent pas tout prendre en charge. Je suis dans le rouge à la banque. » Ces étudiants devront donc payer des agios. « Nous n’avons déjà pas grand-chose chaque mois et ce sera amputé de ce que nos banques nous facturerons. »

En première année de médecine, Marie gère la situation seule. Elle n’a que ses 433 euros de bourse pour vivre :« Je n’ai personne pour m’aider. Les factures tombent et je ne peux pas les payer. Le retard s’accumule. Dans trois jours, je n’aurai plus de quoi manger. C’est le début de la fin. »

La situation de Guillaume, en master de droit, est encore plus précaire. Chaque mois son loyer est prélevé le 11. « Ma banque a refusé le prélèvement et mon propriétaire m’a dit qu’il m’envoyait une mise en demeure. Je n’ai aucun justificatif pour lui prouver que je n’ai pas touché ma bourse et qu’il s’agit d’un simple retard. » Cet étudiant n’avait pas prévu de travailler pour se consacrer pleinement à ses études.« Mais il me faudra peut-être revoir cette position. »

Tout va très bien Madame la Marquise…

Nouvelle République, Magalie Lépinoux, 22 novembre 2011