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[Espagne] Une loi anti-manif

NdPN : en France, le gouvernement assume une répression pénale croissante des mouvements sociaux (ce qui a incité le syndicat de la magistrature à se positionner). En Espagne, le gouvernement vient d’adopter un projet de loi ultra-répressif.

Espagne : une loi au parfum de franquisme

Malgré les nombreuses oppositions, le gouvernement conservateur espagnol a finalement adopté son projet de loi sur la « sécurité citoyenne« , en suspens depuis l’automne dernier. Celui-ci prévoit pour des fait de manifestations des amendes sans jugement pouvant atteindre une soixantaine d’années du salaire minimum.
Ordre
 
Ni les protestations de la société civile, ni les réserves des autorités judiciaires ou du Conseil d’Etat, ni les inquiétudes d’organisations internationales (Amnesty, OXFAM, Greenpeace…), ni la (molle) opposition du Parti Socialiste (PSOE) n’ont finalement fait réellement fléchir Mariano Rajoy.Légèrement atténué mais confirmé dans ses grandes lignes et sa philosophie répressive, son projet sur la « sécurité citoyenne » a été adopté par son gouvernement conservateur le 11 juillet, après neuf mois de controverses et dans la torpeur de l’été. Celle-ci se révélant propice aux réformes à problèmes et le Parti Populaire au pouvoir (droite) disposant de la majorité absolue au parlement, le vote définitif pourrait intervenir dans les prochaines semaines.

Pour le ministre de l’intérieur, le nouveau dispositif – qui couvre un vaste champ mêlant les perquisitions, fouilles, manifestations de rue et … prostitution – garantira « plus et mieux la sécurité citoyenne, avec d’avantage de sécurité juridique ». Pour ses opposants qui l’ont qualifiée de « loi-muselière », c’est un monstre juridique liberticide. Son objectif, estime Joaquim Bosch, porte parole de l’association de magistrats « Juges pour la démocratie » est de donner « au gouvernement un instrument pour faire taire les critiques sociales ».

Sur mesure

Ses dispositions, en tout cas, semblent clairement taillées sur mesure pour répondre aux diverses formes de protestations nées avec la crise, en accordant à l’administration un pouvoir punitif arbitraire sans précédent depuis Franco.

Contre les campements dans des lieux publics popularisés par le mouvement des Indignés en 2011-2012 et sporadiquement réitérés depuis, le texte punit le « refus de dissolution de réunions et de manifestations dans des lieux de passage public ».

Contre les rassemblements visant à empêcher les expulsions immobilières, innombrables avec la crise et combattues par différents collectifs, la nouvelle loi punit « l’obstruction visant à empêcher à toute autorité ou employé public » l’exécution des « résolutions administratives ou judiciaires ».

Contre les débordements qui ont émaillé les fins de manifestations au cours des dernières années : un article dédié à « la perturbation au déroulement d’une réunion ou manifestation », définition vague qui ouvre le champ libre aux interprétations policières.

Pour ces différentes atteintes à l’ordre public, la sanction encourue s’échelonne de 600 à 30.000 euros, selon l’humeur de l’administration. Le même tarif s’applique aux rassemblements non-autorisés aux abords du Congrès des députés, du Sénat ou des Assemblées régionales.

Contre les escalades spectaculaires de bâtiments publics, particulièrement prisées par l’organisation Greenpeace, le nouveau texte double les peines encourues en les faisant passer à 600 euros. Des militants de cette ONG n’ont d’ailleurs pas tardé à y répondre par l’escalade d’une tour de 90 mètres près de Palais de la Moncloa, résidence officielle du chef du gouvernement.

Soixante-six ans de salaire d’amende

On passe à une autre échelle de répression pour les fautes qualifiées de « très graves » : parmi elles, l’organisation de manifestations non autorisées dans des infrastructures publiques susceptibles de mettre en danger les personnes ou simplement de « perturber le fonctionnement des services publics » (article 35.1). Amende encourue : 600.000 euros, soixante-six ans du salaire minimum espagnol. Bon prince, la loi précise qu’elle doit tenir compte des ressources du réprimé.

Ces peines n’ont pas besoin de juge pour être prononcées. Elles sont à la discrétion du Ministère de l’intérieur pour les plus graves, voire du Secrétaire d’État à la sécurité pour les autres.

Le gouvernement affirme par cette loi sécuritaire répondre à une « demande de la population », argument qui peut sembler plaisant dans un pays surtout dévasté par un chômage de près de 30 % – 50 % dans la jeunesse et certaines régions – et par l’appauvrissement de couches entières de la dite population.

Selon la dernière étude du Centre d’études sociologiques, la question de la sécurité n’est la priorité première que pour … 0,4 % des Espagnols et l’une des trois priorités pour 2,8 % d’entre eux.

Pascal Priestley, TV5 Monde, 17 juillet 2014

Deux communiqués à propos de l’offensive israëlienne et de la manifestation de soutien aux Palestiniens

Vu sur Atlasinfo, 11 juillet 2014

A bas l’occupation ! Arrêt immédiat des bombardements ! Solidarité avec le peuple palestinien !

samedi 19 juillet 2014, par rennes info

Groupe La Sociale de la Fédération Anarchiste. Rennes

Ce qui se passe encore une fois à Gaza est une tragédie dont les États-Unis et l’Europe sont en grande partie responsables, par le soutien inconditionnel qu’ils apportent à la politique israélienne et par l’application du principe de deux poids deux mesures qui est fait du traitement de l’information. Lorsqu’un président exprime « la solidarité de la France face aux tirs de roquettes en provenance de Gaza », lorsqu’il « rappelle que la France condamne fermement ces agressions », lorsqu’il déclare qu’il « appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces [et] de prévenir l’escalade des violences », pourquoi n’évoque-t-il pas les morts des civils à Gaza ?

Le président français ne dit pas un mot sur l’enfer vécu par les familles palestiniennes, les enfants, les femmes, les civils de l’autre côté de ce qui est appelé la « barrière de sécurité » ? Sans doute considère-t-il que toute la population palestinienne, femmes et enfants compris, est constituée de « terroristes ». On passe sous silence les centaines de morts et de blessés parmi la population palestinienne, les maisons, les écoles, les coopératives agricoles détruites après le largage de 400 tonnes de bombes et de missiles durant les trois premiers jours de l’opération militaire israélienne sur la Bande Gaza.

Ce qui se passe à Gaza représente un danger permanent pour toutes les populations, un risque énorme pour la région, une injustice flagrante qui perdure depuis 1948… Pourtant, en France, les nombreuses analyses, faites par les hommes politiques ou les médias sont souvent à la fois un tissu complexe de mensonges, de propagande, de déni et d’informations erronées.

La question n’est pas le contraste entre des bandes armées et une armée suréquipée disposant de drones, de forces aériennes et navales qui bombardent un territoire où la population est l’une des plus denses au monde. La question réside dans les motivations qui poussent les responsables de ces groupes armés et ceux d’une armée suréquipée à s’affronter malgré l’énorme déséquilibre des rapports de forces.

Consciente ou non, il y a une sorte de complicité entre les deux parties en présence, qui ont intérêt, pour des raisons différentes, au maintien de l’état actuel des choses : côté israélien leur politique d’expansion territoriale, d’implantation de colonies de peuplement dans les territoires palestiniens et le maintien d’un état de guerre permanent ; côté Hamas le contrôle politique et religieux sur la population de la Bande de Gaza prise en otage, et le refus de toute alliance avec les autorités palestiniennes civiles.

Une chose cependant est certaine : la violence en boucle est nourrie de part et d’autre par l’occupation. La situation est engendrée par le blocus, par l’arrêt des négociations qui n’aboutissent à rien, sinon à créer plus de misère et d’humiliation, à terroriser la population civile palestinienne, littéralement enfermée dans un territoire qui est une prison à ciel ouvert. Dans une interview qu’elle accorda à Radio Libertaire le 6 juillet 1991, Arna Mer-Khamis déclara : « il n’y a pas de pire terreur que l’occupation, et il n’y a pas de pire occupation que l’occupation israélienne. »

Aujourd’hui, Gaza permet de tester les armes nouvelles produites par l’industrie militaire israélienne en plein essor. Après chaque intervention militaire, les ventes des armes israéliennes se chiffrent en milliards de dollars. Dans les foires internationales aux armements, les armes estampillées « combat proven » (ayant subi l’épreuve du feu) se vendent beaucoup mieux.

Les négociations avec les Palestiniens n’aboutiront pas tant que les Israéliens seront motivés par la volonté d’occuper un maximum de territoires palestiniens. Les autorités israéliennes ne veulent pas de la paix. Le maintien d’un État de guerre permanent est, pour elles, une condition nécessaire à leur politique d’annexion territoriale. Une paix effective avec les Palestiniens serait une catastrophe car elle aurait deux effets totalement indésirables :
- 1. Elle mettrait fin à l’annexion de territoires palestiniens ;
- 2. Elle libérerait les énormes contradictions sociales de la société israélienne qui ne seraient plus comprimées par la menace de guerre.

Si les fondamentalistes religieux palestiniens sont une des causes de l’échec des négociations de paix, la cause principale de cet échec réside dans la volonté frénétique des autorités israéliennes d’annexer un maximum de territoires palestiniens et de maintenir la population palestinienne dans des espaces aussi restreints que possible.

Le fond du problème reste donc l’occupation israélienne de territoires palestiniens et la politique israélienne d’annexion permanente de territoires palestiniens. C’est pourquoi la fin de l’occupation reste un préalable pour que cesse cette violence en boucle.

René Berthier, d’après l’émission Chroniques rebelles de Radio Libertaire – 18 juillet 2014

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Les flics du PS n’ont pas réussi à museler la rue !

Manuel Valls ne voulait pas de manifestation de soutien à la Palestine à Paris ? Il en a eu plusieurs !

Le gouvernement Valls a voulu interdire la manifestation parisienne prévue ce samedi 19 juillet en soutien à la Palestine occupée. La raison ? De prétendus « débordements » à la précédente manifestation parisienne qui, pourtant, ont été directement provoqués par la Ligue de défense juive (LDJ), un groupe de combat d’extrême droite. La vérité est, qu’en réalité, ce gouvernement a choisi son camp : celui des bourreaux.

Mais on ne peut empêcher la solidarité de s’exprimer. Métro Barbès, ce samedi, à l’heure dite, des milliers de personnes étaient au rendez-vous. Dans la foule, aux côtés de très nombreux drapeaux palestiniens, flottaient des drapeaux du NPA, d’Alternative libertaire et d’Ensemble. L’Union syndicale Solidaires était là aussi, ainsi que des militants de la FA et les principaux groupes de soutien à la cause palestinienne (GUPS, Génération Palestine…).

Face à nous, des hordes de robocops interdisant le départ en manifestation.

Lasse d’être ainsi immobilisée, la foule est alors partie en manifestation à rebours, en remontant le boulevard Barbès. A peine avait-elle fait quelques dizaines de mètres que la foule était de nouveau bloquée par la police, à hauteur du métro Château-Rouge. Les premiers tirs de grenades lacrymogènes n’ont pas tardé. Mais celles-ci n’ont réussi qu’à provoquer le départ de plusieurs petites manifestations dans les rues adjacentes.

Alternative libertaire a, pour sa part, marché avec plusieurs centaines de personnes qui ont gravi Montmartre, jusqu’à atteindre le Sacré-Cœur à quelques centaines. Les rues de la butte ont résonné tout du long des slogans pour la Palestine libre ! Depuis le Sacré-cœur, les anticolonialistes ont ensuite redémarré une manifestation sauvage que la police, malgré ses efforts, s’est avérée incapable de stopper.

Remontée bientôt à 2000 personnes environ, la manif s’est vue de nouveau bloquée par les CRS. Elle a alors emprunté les boulevards de Magenta, de Strasbourg et de Sébastopol, gonflant jusqu’à 3000 personnes, dans une ambiance vindicative et sereine à la fois. Elle ne s’est dispersée qu’une fois parvenue aux Halles-Châtelet. Autant dire que nous avons fait largement passer notre message de solidarité, sans doute même davantage que si la préfecture nous avait accordé le traditionnel parcours Bastille-Nation !

Pendant ce temps, à Barbès, où quelques militants d’AL étaient restés, cela tournait à l’émeute, avec jets de projectiles, tirs policiers au Flash-ball, poubelles incendiées et affrontements jusque dans la soirée. Trente-trois interpellations sont à déplorer.

A ce stade, il est important d’apporter une précision : aussi bien à Barbès que dans la manifestation sauvage, les saillies antisémites ont été rares et bien isolées. L’intelligence collective de la foule, son autodiscipline dans une situation pourtant tendue, ont été impressionnantes. Ici, une ahurie brandissant un ananas [1], avant d’être interpellée ; là un exalté clamant « Allahu akbar » sans que personne ne le suive ; là encore, un jeune faisant une quenelle provoquant aussitôt l’intervention de manifestant.e.s lui expliquant le sens réel de son geste, et pourquoi il n’avait rien à faire ici.

Dans le reste de l’Hexagone, la solidarité s’est exprimée également dans la rue puisque des milliers de personnes ont manifesté à Marseille, Tours, etc.

Plus que jamais, exprimons notre solidarité avec les palestiennes et les Palestiniens. Exigeons l’arrêt des offensives israéliennes contre la Bande de Gaza !

Plus que jamais, dénonçons l’attitude complice du gouvernement français vis-à-vis des crimes du gouvernement israélien !

Des manifestant.e.s d’Alternative libertaire, le samedi 19 juillet

[1] L’ananas est le symbole de la chanson Shoah nanas, créée par Dieudonné pour tourner le génocide juif en dérision. C’est devenu un signe de reconnaissance de l’extrême droite dieudonniste.

NdPN Mise à jour : voir aussi ce témoignage d’un membre du groupe Regard Noir de la FA.

E. Malatesta : Entre paysans

Errico Malatesta – Entre paysans

(Traduction de l’italien)

Publications des «Temps Nouveaux» N° 5 – 1897 (7è édition)

JACQUES. : Tiens, cela tombe bien ! Il y a longtemps que je désirais te parler et je suis content de te rencontrer… Ah ! Pierre, Pierre ! Qu’ai-je appris sur ton compte ! Quand tu étais au pays, tu étais un brave fils, le modèle des jeunes gens de ton âge… Ah ! si ton père vivait encore…

PIERRE. : Jacques, pourquoi me parlez-vous ainsi ? Qu’ai-je fait pour mériter vos reproches ? Et pourquoi mon pauvre père serait-il mécontent de moi ?

JACQUES. : Ne t’offense pas de mes paroles, Pierre. Je suis vieux et je te parle pour ton bien. Et puis, j’étais si ami avec le vieil André, ton père, que de te voir prendre une mauvaise voie, cela me chagrine comme si tu étais mon propre fils, surtout quand je pense aux espérances que ton père avait fondées sur toi et aux sacrifices qu’il a faits pour te laisser un nom sans tache.

PIERRE. : Mais que dites-vous, Jacques ? Ne suis-je pas par hasard un honnête travailleur ? Je n’ai jamais fait de mal à personne, et même, excusez-moi si je le dis, j’ai toujours fait autant de bien que j’ai pu ; pourquoi donc mon père aurait-il à rougir de moi ? Je fais mon possible pour m’instruire et devenir meilleur, je cherche, avec mes compagnons, à porter remède aux maux qui nous affligent tous ; en quoi donc, mon cher Jacques, ai-je mérité vos reproches ?

JACQUES. : Ah ! ah ! nous y voilà. Eh ! Parbleu ! Je le sais bien que tu travailles et que tu aides ton prochain. Tu es un brave garçon, tout le monde le dit au pays. Mais il n’en est pas moins vrai que tu as été plusieurs fois en prison. On prétend que les gendarmes te surveillent et que, seulement à se montrer sur la place avec toi, on risque de s’attirer des désagréments… Qui sait si je ne me compromets pas moi-même en ce moment… Mais je te veux du bien et je te parlerai quand même. Pierre, écoute les conseils d’un vieillard ; crois-moi, laisse les messieurs qui n’ont rien à faire parler politique, et toi, pense à travailler et à bien agir. De cette manière, tu vivras tranquille et heureux, sinon tu perdras ton âme et ton corps. Ecoute-moi : laisse les mauvaises compagnies. Ce sont elles, on le sait, qui détournent les pauvres garçons.

PIERRE. : Jacques, croyez-moi, mes compagnons sont de braves jeunes gens ; le pain qu’ils mangent leur coûte des larmes et est arrosé de leur sueur. Laissez-en dire du mal par les patrons, qui voudraient nous sucer jusqu’à la dernière goutte de notre sang et nous traitent ensuite de canailles et de gibier de galère si nous cherchons à améliorer notre sort, à nous soustraire à leur tyrannie. Mes compagnons et moi, nous avons été en prison, c’est vrai, mais c’était pour une cause juste ; nous irons encore, et peut-être nous arrivera-t-il quelque chose de pire, mais ce sera pour le bien de tous, et parce que nous voulons détruire les injustices et la misère. Et vous qui avez travaillé toute votre vie et souffert comme nous de la faim, vous qui serez peut-être forcé d’aller mourir à l’hôpital quand vous ne pourrez plus travailler, vous ne devriez pas vous mettre avec les messieurs et le gouvernement pour tomber sur ceux qui cherchent à améliorer le sort des pauvres gens.

Suite du dialogue sur http://kropot.free.fr/Malatesta-paysans.htm

[Châtellerault] Menacés de licenciement pour avoir regardé le foot

Menacés de licenciement pour avoir regardé le foot

Ils étaient une quinzaine en soutien de leurs camarades hier.
Châtellerault . Deux agents de sécurité d’Auchan pourraient être licenciés pour avoir, comme les clients, suivi à la télévision le match France-Allemagne.
A l’accueil, on chantait La Marseillaise. Les caissières avaient troqué leur uniforme contre le tee-shirt des Bleus et les clients se trouvant dans le magasin avaient la possibilité, entre le rayon fromage et celui du dessert, de regarder les 8e de finale de la Coupe du monde, la rencontre France-Allemagne, sur grand écran à Auchan. Deux agents de sécurité ont fait de même. Ils risquent d’être licenciés.
Une des caméras orientée sur l’écran géant
La CGT a donc appelé à un débrayage d’une heure hier, en fin de matinée. Le mouvement a été suivi par une dizaine de personnes.
Christian Delaval a orienté une des 200 caméras de vidéosurveillance sur l’écran se trouvant dans le magasin et sur lequel le match était diffusé. On lui reproche un abandon de poste. En vacances pour le moment, il rencontrera la direction à son retour, le 5 août. A Daniel Moreau, son supérieur puisque coordonnateur au sein de l’équipe de sécurité, la direction reproche de l’avoir couvert et de s’être laissé tenter par le match pendant une dizaine de minutes. Il a été mis à pied 10 jours et était convoqué à un entretien hier. La direction a maintenant entre 48 h et un mois pour lui notifier sa décision.
La direction souligne qu’il a déjà été sanctionné pour un autre « manquement à ses fonctions ». Soutenu par la CGT, il dit être dans le collimateur de son chef. Et le syndicat n’est pas loin de penser que « c’est un moyen pas cher » de se débarrasser de Christian Delaval, en mi-temps thérapeutique.
« Sur le fond, je ne peux pas m’exprimer, dit le directeur, François Pulido, car une procédure est en cours mais nous constatons qu’encore une fois le personnel ne suit pas la CGT. Il s’agit encore d’un événement qui fait pschitt. » Les autres syndicats (CFTC et CFE-CGC) ont dénoncé ce débrayage et étaient eux au travail.
Stéphanie Comte, Nouvelle République, 19 juillet 2014

[Nantes] Une synthèse sur la répression depuis le 22 février

Contre les militants de Notre Dame des Landes, la justice devient folle

Depuis la manifestation du 22 février à Nantes, la police multiplie les arrestations, la justice condamnant les militants à des peines de prison ferme, à partir de dossiers pourtant peu étayés. Dans un palais de justice désormais en état de siège à chacun de ces rendez-vous judiciaires, quatre personnes sont à nouveau jugées, vendredi 18 juillet.

Nantes, correspondance

Les lendemains de la manifestation du 22 février à Nantes contre le projet d’aéroport n’en finissent pas de remplir les tribunaux, six mois après. A retardement, la police et la justice ont multiplié les arrestations et les comparutions. Le plus souvent en ayant recours à la comparution immédiate, procédure d’urgence pour le moins étonnante aussi longtemps après les faits.

Cette procédure expéditive offre l’avantage à la police d’enchaîner la garde à vue et le passage devant un juge. Mais où est l’urgence, cinq ou six mois après ? La police a, depuis fin février, procédé à plus d’une trentaine d’arrestations a posteriori, sur des bases de photos d’origine indéterminée, de captures d’écran de vidéos visibles sur internet, d’images obtenues de certains médias locaux après appel à délation, le tout croisés avec des fichiers de militants présents dans les manifestations.

L’objectif officiel premier était de confondre des membres de « black blocks originaires de notre pays mais aussi de pays étrangers », forcément hautement organisés, annoncés et dénoncés par Manuel Valls en février dernier, et qui « continuera à trouver une réponse particulièrement déterminée de la part de l’État ».

De ce point de vue, c’est carrément un échec, la police reconnaissant que ceux qu’elle a pu interpeller à retardement relèvent de la catégorie des « casseurs par opportunité », à supposer qu’ils aient vraiment cassé quelques chose. La police reconnaît piteusement que ces fameux black blocks, si tant est qu’ils aient existé ce 22 février, ne sont pas tombés dans ses filets.

L’inventaire des charges retenues lors des dizaines de procès qui se sont déjà tenus montre la faiblesse des preuves et un ciblage arbitraire de militants anti-aéroport. Leur faute, au regard de la police ? Etre des militants, ce qui, en démocratie, n’est pas un délit.

Lire la suite sur Reporterre (Nicolas de La Casinière pour Reporterre, 18 juillet 2014)

NdPN : voir aussi cette compilation d’articles sur la lutte de Notre-Dame-des-Landes