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La lutte contre les expulsions passe par une lutte résolue contre l’Etat

La lutte contre les expulsions passe par une lutte résolue contre l’Etat

L’Etat ne cesse d’expulser des migrant.e.s. De ce point de vue, le PS au pouvoir se targue même d’expulser davantage que sous Sarkozy, avec un nombre d’expulsions record. Valls exhorte les préfets à expulser les débouté.e.s du droit d’asile, et réduit les aides au retour. On voit bien là les limites d’un « antiracisme unitaire et républicain » main dans la main avec le PS, se contentant de dénoncer le Front National… alors que tous les partis institutionnels pratiquent de fait une politique coloniale et xénophobe depuis des lustres ! Qui a créé les centres de rétention administrative, si ce n’est le PS ? Face à cette politique odieuse de l’Etat, quelle que soit sa couleur politique, il est stérile d’appeler les autorités à « plus d’humanité ». Il convient de comprendre les raisons structurelles de leurs « politiques d’immigration » qui discriminent par nature les migrants, de s’organiser et d’agir en conséquence.

Illustration de la « politique humaine » d’Etat en photo (topée sur Libération)

L’argument fallacieux du « coût de l’immigration »

L’argument bidon principal des gouvernements successifs, évoqué par les partis qui se sont succédés au pouvoir aussi bien que par le Front National qui y aspire, est de nature économique : l’immigration coûterait trop cher à l’Etat et donc aux contribuables français. Or il s’agit d’un mensonge délibéré. Cet argument, qui consiste à légitimer de briser des vies humaines pour cause de non-rentabilité, est déjà assez odieux en lui-même, et tristement révélateur du type de société qu’on nous impose au quotidien. Mais en plus, il ne tient même pas la route. Comme le rappelle un audit du Parlement : « la contribution aux budgets publics des immigrés est positive ». Les migrants rapportent même bien davantage au budget national que les nationaux, car s’ils sont un peu plus nombreux au chômage, ils cotisent pour la retraite et la santé, bien plus lourds en termes de budget que celui des prestations chômage. Or, la part de la population active chez les migrants actifs étant nettement supérieure à la moyenne des nationaux, les migrants en général recourent sensiblement moins à ces prestations sociales. Sans parler du paiement de la TVA, part importante du budget de l’Etat, versée par les migrants pour tous leurs achats courants… aussi bien que par les nationaux.

L’autre argument bidon, c’est l’emploi : les migrant.e.s prendraient le travail des nationaux, ce qui pèserait sur l’économie et les chiffres du chômage, dans un raccourci absurde du type « X immigrés = X chômeurs en France ». En réalité, la plupart des migrants occupent des emplois non désirés par les nationaux, par ailleurs fort utiles à ces derniers… De plus, leur pouvoir d’achat crée de fait de la consommation… et donc des emplois pour les nationaux. Enfin, une part importante des migrants est étudiante, et permet de faire arriver sur le territoire des jeunes déjà bien formés. Quant à l’argument pour le moins discriminatoire de « l’immigration choisie » voulue par le patronat et les gestionnaires cyniques au gouvernement, il est absurde en terme d’économies budgétaires : non seulement cette politique sélective prive les pays pauvres de leurs jeunes les mieux formés, mais les migrants plus qualifiés recrutés ici vivent plus longtemps et gagnent davantage, et percevront donc à terme plus de prestations de retraites et de maladie. Quant à l’immigration familiale, il est démontré que les femmes d’origine immigrée participent massivement aux emplois de garde d’enfant et de ménage, suscitant de la croissance. Pour finir, même l’OCDE invite les Etats à ne pas fermer leurs frontières, car selon elle l’immigration engendre de la croissance économique !

Laissons donc là ces arguments répugnants consistant à justifier la pression mise par l’Etat contre les migrant.e.s par des prétextes aussi mensongers qu’inhumains de coûts économiques, aisément retournables contre ceux-là mêmes qui les invoquent. D’ailleurs, les Etats expulsent relativement peu de migrants « illégaux » chaque année : autour de 10% de la population immigrée dite « clandestine ». Ils savent donc qu’il y a un intérêt économique à garder une population immigrée « illégale » dans le territoire. Pourquoi donc les gouvernants, bien au fait de ces chiffres, mettent-ils tous donc une telle pression policière et judiciaire sur des migrant.e.s demandant à vivre en France, après avoir choisi de les mettre en situation d’illégalité ? Il y a deux raisons principales à cela.

Baisser le coût de la main-d’œuvre en général pour augmenter le taux de profit

Les patrons ont intérêt à avoir la main-d’oeuvre la moins chère possible, ce qui implique des salaires et des droits du travail moindres. Et moins de coûts de formation à assumer en interne lorsqu’il s’agit de migrants qualifiés, dont l’éducation a été menée dans leurs pays d’origine. Le fait de traquer les migrant.e.s, d’en déclarer un grand nombre « illégaux », de débouter l’immense majorité des demandeurs d’asile politique, bref d’instaurer une législation discriminatoire les concernant, n’a en réalité pour seul but que de mettre une pression forte sur les migrants à l’embauche. Cela les contraint à accepter des contrats qui, déclarés ou non, sont largement sous-payés, avec des conditions de travail détériorées. Cela permet aussi, indirectement, de tirer à la marge la rémunération des nationaux vers le bas, concernant les types d’emplois (minoritaires, on l’a vu) partagés par les migrants et les nationaux.

De plus, la fermeture et la militarisation des frontières, qui préserve un différentiel délibéré en matière de droit du travail et de salaires entre les Etats, de part et d’autre de ces frontières, permet aux multinationales de délocaliser pour engranger davantage de profits, en faisant jouer de cyniques « économies d’échelle ».

On voit bien là de quel invariable camp se situent tous les gouvernants de l’Etat sans exception : celui du patronat. Au contraire, une régularisation totale des « étrangers » vivant en France et une ouverture des frontières profiterait à nous tous, travailleurs vivant ici, quelles que soient nos origines. Les seuls lésés seraient les patrons, grands amis des politiciens, les soutenant et les plaçant au pouvoir….

L’argument puant de « l’identité nationale »

L’autre « argument », classique à droite en général et hélas de plus en plus évoqué à gauche, consiste à prétendre que l’immigration serait de plus en plus importante en France, et qu’elle menacerait l’identité culturelle des nationaux. Il faudrait en « débattre librement », ce ne serait plus un « tabou ». Au passage, ces communicants évitent de dire que le nombre des Français émigrant dans d’autres pays est lui aussi important, entraînant un solde migratoire assez faible. Or la part des immigrés en France est stable depuis les débuts de la révolution industrielle, un tiers des nationaux a au moins un arrière-grand parent immigré, l’immigration fait partie intégrante de l’histoire française. C’est que « l’identité nationale » ne saurait reposer, en France, sur des origines ou des particularités culturelles : depuis la révolution, l’identité nationale se réclame, du moins en apparence, de valeurs universalistes et des droits de l’homme.

En apparence car cet universalisme a surtout été le prétexte au colonialisme pour l’Etat français, qui a occupé, pillé et massacré dans des pays d’Afrique et d’Asie. Un Etat français qui continue à y protéger ses intérêts financiers, par des interventions militaires et son soutien indéfectible aux dictateurs notoires qui ménagent aux multinationales françaises des contrats juteux. La politique étrangère de l’Etat français contribue depuis longtemps à maintenir ces pays dans la pauvreté, et continue à s’y employer, mais l’Etat continue de dire cyniquement qu’il « ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Peu de gens quittent leurs proches et leurs repères de bon cœur : dans l’immense majorité, c’est pour pallier à la pauvreté qu’on leur impose. Notons que les ressources énergétiques consommées en France, à la base de son économie, sont toujours extorquées dans des conditions inhumaines aux populations de ces pays, qu’il s’agisse du pétrole ou de l’uranium. Que nombre de produits de consommation courante, ou des produits de base de l’industrie, sont fabriqués dans des conditions épouvantables par des salariés surexploités dans d’autres pays… y compris par des multinationales françaises. Que les politiques d’ajustement structurel imposés aux pays du sud par les Etats du nord (dont la France), maintiennent délibérément les populations dans la dette et la misère.

La question ne se pose donc pas de savoir si les gouvernants sont « racistes » ou non, mais de comprendre pourquoi ils recourent à des arguments relevant idéologiquement de la discrimination xénophobe et raciste. Il s’agit bien, sous couvert d’un « débat décomplexé et légitime », en laissant supposer que les migrants seraient des « profiteurs du système » sur le dos des nationaux, d’instiller la xénophobie et le racisme parmi la population, et de jouer à fond la carte de la division des exploités, afin de nous détourner d’une légitime colère contre les mêmes exploiteurs qui nous oppriment, les patrons et les politiciens. De même, les pouvoirs et leurs relais médiatiques ne cessent d’entretenir le « débat » sur l’islam, une religion privée qui ne regarde que les gens qui le pratiquent, en agitant une menace islamiste. Les propos insoutenables d’une bonne part de la classe politique (dont le premier ministre PS Valls) sur la prétendue incapacité des Roms à s’intégrer relèvent du même discours nauséabond.

Pendant ce temps-là, on ne parle pas des subventions massives, directes ou indirectes, accordées par les gouvernements successifs en faveur du patronat, ni du détricotage systématique de nos droits. Le PS a démontré par le CICE et le « pacte de responsabilité » que sa solidarité allait au patronat, à coup de dizaines de milliards de détournement d’argent public en sa faveur.

L’illusion d’un changement de politique migratoire de l’Etat

Alors de fait, l’Etat allié du Capital peut-il être sommé de faire « une autre politique d’immigration » plus « humaine » ? C’est ce que réclament certains partis de gauche et d’extrême-gauche aspirant au pouvoir, militant au sein de « collectifs citoyens » de « soutien aux étrangers », dénonçant « l’illégalité » et ou les « irrégularités » de telle ou telle procédure d’expulsion… comme si l’Etat se souciait de respecter des lois qu’il n’édicte que contre nous ! Par ailleurs, cette tactique peut se retourner contre notre lutte pour la liberté totale de circuler ; par exemple, si nous luttons contre l’expulsion d’un lycéen uniquement en invoquant la loi qui interdit d’expulser des mineurs, si notre argumentaire se limite à remettre en question la validité d’expertises osseuses prétendant que ce lycéen est majeur, on cautionne malgré nous, et de fait, non seulement ce genre de procédure ignoble de flicage des corps, mais aussi l’expulsion des élèves majeurs, ce qui est tout aussi insupportable et honteux !

Non seulement nous ne croyons pas l’Etat réformable, mais nous affirmons que cette croyance est une illusion mortelle, introduisant de la confusion dans toutes nos luttes sociales. Certes il est utile de se battre à chaque expulsion, et d’utiliser parfois des arguments juridiques ; mais si nous nous en contentons, si nous ne portons pas une solidarité et des pratiques de lutte plus globales, si nous ne débordons pas le cadre institutionnel, si nous restons esclaves des outils mêmes de l’oppresseur, nous ne pourrons jamais gagner la liberté. C’est cette analyse libertaire que nous souhaitons ici rappeler sans concession.

Si c’est le capitalisme qui induit la traque des immigrés, comme nous l’avons démontré, il faut aussi combattre son allié indéfectible : l’Etat. En effet l’institution étatique est indissociablement liée, aussi bien historiquement que structurellement, au développement, au fonctionnement et à la préservation du système capitaliste, depuis la privatisation des communaux et l’esclavage il y a plusieurs siècles. Il ne peut y avoir de capitalistes qui dépossèdent économiquement les humains de leurs espaces de vie et des moyens de production, que s’il y a des gouvernants chargés de les déposséder politiquement en décidant à leur place selon leur bon vouloir, sous un vernis mensonger de « démocratie ». Et inversement.

Le rôle de l’Etat dans l’existence même du capitalisme est incontournable ! C’est lui qui établit et garantit le cours de la monnaie, qui légifère les conditions mêmes de l’exploitation salariale, qui défend par les armes la propriété privée capitaliste des moyens de production, qui s’empare par ses armées coloniales des ressources nécessaires à l’industrie capitaliste, qui paie les infrastructures nécessaires à la production et à l’échange des marchandises, qui offre des marchés juteux aux bâtisseurs de grands projets inutiles et nuisibles, qui privatise des pans entiers de l’activité humaine et ne nationalise que lorsque cette activité n’est plus assez rentable, qui renfloue les banques et « endette » à vie la population entière quand il s’agit de préserver les profits bancaires… et qui traque les êtres humains qu’il estampille « étrangers clandestins » à coups d’arrêtés préfectoraux.

La triste preuve, si besoin est, que les partis de « gauche » (contestant par de beaux discours humanistes les politiques actuelles d’immigration) ne font pas mieux lorsqu’ils obtiennent une once de pouvoir minable, ne serait-ce qu’à l’échelle locale, sur les populations : des municipalités Front de Gauche ou Europe Ecologie les Verts expulsent elles aussi des campements roms (Saint-Denis, Montreuil…), démontrant qu’elles participent sans complexe à la même répression des migrants « illégaux ».

Comme le capitalisme se fonde sur l’exploitation maximale de la main-d’oeuvre salariée, la traque aux « immigrés illégaux » (décrétés tels par ses services préfectoraux) continuera tant que perdurera l’institution étatique, avec ses frontières, ses centres de rétention administrative, ses flics expulseurs et ses bidasses mercenaires colonialistes. Demander à l’Etat une régularisation totale des migrants est une chimère, tant que l’Etat et son pendant économique capitaliste existeront : seul le fédéralisme libertaire peut nous permettre de nous organiser, ici comme à l’échelle mondiale, sans Etat ni exploitation, pour en finir avec toutes les sales frontières qui divisent les êtres humains.

Lutter contre les frontières, lutter contre l’Etat !

Aussi ne suffit-il pas de dénoncer çà et là des expulsions avec les arguments juridiques des autorités qui expulsent ; aussi est-il vain de réclamer plus d’humanité auprès d’institutions dont la nature et l’existence dépendent de notre dépossession. Seule une lutte autonome des exploités, d’ici ou d’ailleurs, résolument dirigée contre l’oppression étatiste et capitaliste ici et ailleurs, peut nous permettre enfin de vivre libres, d’habiter et de voyager librement.

Une solidarité internationaliste conséquente avec les migrants passe par la lutte claire et déterminée, ici et dans le monde entier, contre les institutions étatistes et capitalistes perpétrant leurs exactions contre les sociétés humaines.

John Rackham, groupe anarchiste Pavillon Noir de Poitiers, 11 octobre 2014

 

[Poitiers] Mobilisons-nous contre l’expulsion de Kamel ! Solidarité avec les migrant.e.s !

NdPN : la chasse de la préfecture de la Vienne contre les jeunes migrant.e.s reprend de plus belle, mais c’est compter sans la solidarité immédiate des lycéen.ne.s et des militant.e.s. La manifestation de lycéen.ne.s d’hier a rassemblé près de 200 personnes, dont de nombreux soutiens. L’article paru aujourd’hui dans la NR se termine en laissant croire que Kamel n’est pas mineur, nous le faisons donc suivre de deux communiqués DNSI remettant les pendules à l’heure. Pour notre part, nous nous fichons totalement de ce point, notre solidarité est inconditionnelle avec tous les migrants expulsables. Prochaine mobilisation des élèves et enseignants prévue lundi 13 octobre à midi au LEP Auguste Perret, 46 rue de la BUgellerie à Poitiers.

Poitiers : 200 Poitevins mobilisés pour soutenir Kamel, mineur camerounais menacé d’expulsion

A l’appel du Collectif poitevin «D’ailleurs Nous Sommes d’Ici», un rassemblement a réuni à 13 heures devant le lycée Auguste-Perret à Poitiers, deux cents personnes environ, des lycéens et des enseignants venus soutenir Kamel, un mineur camerounais de 17 ans. Scolarisé dans l’établissement en deuxième année de CAP de peinture, il a fait l’objet d’une mesure d’expulsion délivrée par la préfecture de la Vienne et est actuellement au centre de rétention à Bordeaux. Un cortège s’est formé et se dirige vers la préfecture en centre-ville, les manifestants portant sur eux le portrait du jeune homme.

Nouvelle République, 10 octobre 2014

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Tous mobilisés pour Kamel

Poitiers. Les lycéens d’Auguste-Perret encadrés par leurs enseignants ont manifesté leur soutien à leur camarade camerounais placé mercredi en rétention.

Je suis abasourdi. C’est un garçon si calme, si gentil. C’est un bon élève, il a de super-notes. J’espère qu’il va vite nous revenir. Comme ses copains de lycée Auguste-Perret, Kevin oscille entre incrédulité et colère. Kamel, son camarade de classe, est depuis mercredi en centre de rétention à Bordeaux. Seul. Le jeune orphelin Camerounais s’est vu signifier une obligation de quitter le territoire (OQTF) sans délai (lire notre édition d’hier). Son conseil a introduit un recours suspensif devant le tribunal administratif. Pétition, manifestation, médiatisation : ses soutiens se multiplient à Poitiers pour le voir réintégrer sa classe de deuxième année de CAP peinture. Hier à 13 heures, c’est tout un lycée qui était mobilisé pour une manifestation dans le calme. d’Auguste-Perret à la préfecture.
Il faut dire que l’histoire de Kamel mérite attention. A son arrivée à Poitiers le 10 avril 2012, il fut pris en charge par l’aide sociale à l’enfance et scolarisé dès la rentrée de septembre au lycée Auguste-Perret.
En 2013, il demande un document de circulation pour mineur étranger. La préfecture refuse au motif que les papiers présentés seraient des faux. Pour Kamel, c’est le début des tourments administratifs : son acte de naissance daté du 15 août 1997 est contesté par les services de l’État qui ordonnent une expertise osseuse pour préciser son âge. Les résultats tombent : Kamel considéré comme majeur se retrouve sous le coup d’une expulsion.

Nouvelle République, 11 octobre 2014

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Mineurs en danger !

Depuis quelques semaines, le Conseil Général de la Vienne a décidé de refuser d’accueillir les mineurs étrangers isolés (au sein du dispositif de l’ASE, aide sociale à l’enfance) au motif qu’ils seraient trop nombreux et que leur minorité serait très contestable. Le Conseil Général de la Vienne rejoint ainsi une position qui se développe parmi les CG.

Il s’agit là d’une grave remise en cause du droit fondamental de la protection due aux mineurs, par des Collectivités territoriales qui ont la protection de l’enfance parmi leurs missions !

Nous venons d’être prévenu par Maître Hay, qui défend un de ces mineurs, un jeune camerounais, qu’il était convoqué jeudi 09/10 à 14h au Commissariat de Poitiers, en lui précisant « d »apporter un petit baluchon ». Maître Hay l’accompagnera car elle a obtenu des documents officiels d’identité qui prouvent bien sa minorité contrairement aux tests osseux, dont on sait par ailleurs le manque de précision. Elle pense que son client n’est pas le seul à être convoqué demain. Elle appelle donc à une solidarité dans l’accompagnement de ces mineurs, en se joignant à elle demain au commissariat de Poitiers.

Rendez-vous 13h45 devant le Commissariat.

Collectif poitevin « D’ailleurs Nous Sommes d’Ici », repris sur le site du NPA 86, 8 octobre 2014

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Acharnement de la préfecture Kamel un mineur camerounais menacé d’expulsion !

Acharnement de la préfecture

Kamel un mineur camerounais menacé d’expulsion !

Kamel est né le 15 août 1997 au Cameroun. Il arrive à Poitiers le 10 avril 2012 et est confié à l’Aide Sociale à l’Enfance le lendemain.

Il bénéficie depuis d’un accompagnement éducatif. Il est scolarisé au LEP d’Auguste Perret, aujourd’hui en 2eme année de CAP. Il est présenté comme un élève sérieux et discret.

En juillet 2013 il demande à la Préfecture un Document de circulation pour mineur étranger (DECM) nécessaire pour circuler en Europe.

La Préfecture le lui refuse au motif que son extrait de naissance est un faux et qu’il ne peut prouver sa nationalité.

Par la même occasion sa minorité est contestée ce qui pour la Préfecture remet en cause la mesure de protection.

En novembre 2013 le Tribunal administratif saisi demande à la Préfecture de mettre fin à ces démarches.

Kamel se rend à l’ambassade du Cameroun avec l’accord de l’ASE et accompagné d’une éducatrice. Il obtient une carte consulaire (avril 2014) et un passeport (mai 2014).

La Préfecture conteste toujours l’authenticité de l’extrait de naissance ! Elle prétend que le centre d’état civil qui l’a délivré…n’existe pas. Une simple vérification de l’avocate prouve le contraire.

Aujourd’hui, convoqué au commissariat Kamel a été mis en garde à vue. Le Parquet n’a pas considéré qu’il y avait lieu de poursuivre pour faux et usage de faux document. Très bien.

La Préfecture, elle, considère que Kamel a fourni un faux document d’acte de naissance pour se faire remettre de vrais papiers… ce qui constitue une atteinte à l’ordre public…

En conséquence, elle prononce une OQTF sans délai ! (obligation à quitter le territoire français).

Kamel devait être transféré ce soir au Centre de Rétention Administrative de Bordeaux avant expulsion.

L’avocate rédige et envoie ce soir les recours.

En ce qui concerne la mobilisation.

Nous étions 25 cet après-midi devant le commissariat, la presse écrite prévenue ne s’est pas déplacée. Je la recontacte demain.

Des contacts ont été pris avec le LEP A.Perret pour une mobilisation des élèves et des enseignants lundi entre 12 et 14h, mobilisation à laquelle nous participerions bien sûr. D’autant que Kamel n’est pas le seul à être victime de cette politique et des conditions de sa mise en œuvre. La situation des mineurs étrangers isolés est très difficile, malgré les belles déclarations. Cet après-midi un autre jeune, Guinéen, à la minorité contestée a également écopé d’une OQTF.

Collectif poitevin « D’ailleurs Nous Sommes d’Ici », repris sur le site du NPA 86, 10 octobre 2014

[Kurdistan syrien] Aux côtés de la résistance de Kobanê !

NdPN : alors que plusieurs quartiers de Kobanê viennent de tomber dans le giron des brutes armées de l’EI, sous l’œil complaisant des Etats de la région (dont la Turquie) alliés aux Etats occidentaux, ce tract de l’OCL remet les pendules à l’heure. Autres infos ici. Voir aussi cet article du Monde Libertaire.

Aux côtés de la résistance de Kobanê !
Ne laissons plus les Kurdes seuls !
Leur lutte est la nôtre !

Depuis le 15 septembre, les habitants majoritairement kurdes de la région de Kobanê font face à une gigantesque offensive militaire des djihadistes de l’État Islamique (EI).
Depuis près de 3 semaines, les combattant-e-s des Unités de défense du peuple (YPG) et des femmes (YPJ) résistent avec des effectifs et surtout un armement totalement inférieurs : armes légères adaptées à la guérilla contre des chars, des blindés, des lance-missiles, de fabrication russe et étatsunienne, tout droit sortis des arsenaux des armées de Damas et de Bagdad.
Ils et elles ont dû céder du terrain et abandonner 70 villages au terme de très violents combats et de très lourdes pertes, de part et d’autre. Cette offensive a provoqué l’exode de 200 000 personnes de l’autre côté de la frontière, malgré les interdictions et blocages des autorités turques qui ont finalement dû reculer. Elle a provoqué des massacres, des kidnappings, des disparitions, des décapitations (le 1er septembre : 10 têtes coupées – 3 femmes et 7 hommes, 6 Kurdes et 4 Arabes – et exposées dans un village à 15 km à l’ouest de Kobanê).

Mais cette offensive a aussi provoqué une formidable mobilisation des Kurdes en Turquie et dans la diaspora : manifestations de masse dans les villes, opérations villes-mortes, rassemblements de milliers de personnes sur la frontière, infiltration de plusieurs centaines de volontaires pour défendre la ville.
Malheureusement, ces soutiens et renforts sont loin d’être suffisants.
L’assaut sur Kobanê, lancé sur trois fronts – ouest, sud et est – bénéficie en effet d’un complément décisif au nord grâce à la Turquie qui a verrouillé la frontière et déployé sa police et son armée pour bloquer les renforts et surtout les acheminements en armes (antichars surtout) susceptibles d’inverser le rapport de forces.

Les Kurdes encerclés par les djihadistes
et l’armée turque

Aujourd’hui, les djihadistes sont aux portes de la ville. Malgré la résistance farouche des combattants hommes et femmes, des habitants restés pour se battre et des jeunes volontaires venus de l’autres côté de la frontière, les forces de l’EI semblent pouvoir prendre prochainement la ville de Kobanê et se livrer à un massacre de masse. De leur côté, les YPG-YPJ affirment qu’ils ne se rendront jamais et qu’ils se battront rue par rue, maison par maison.
Cette ‟“victoire” des djihadistes – qu’elle que soit l’issue finale – n’est que le résultat tragique des derniers développements en Irak et en Syrie : la montée en puissance de l’entité appelée EI, elle-même conséquence de l’effondrement des régimes en place et du soutien apporté par les pétromonarchies du Golfe persique et la Turquie aux divers mouvements armés de l’islam politique en Syrie comme en Irak qui donneront naissance à l’EI, et par voie de conséquence, l’absence, ou la trop grande faiblesse, d’oppositions laïques, anticoloniales et anticapitalistes..
La Turquie, qui a été parmi les principaux appuis des djihadistes depuis 2011, entend profiter de la situation pour s’imposer comme la première puissance régionale, affaiblir ou liquider la résistance kurde et briser l’émergence d’une nouvelle réalité sociale-politique dans la région porteuse d’une alternative aux découpages et aux États-nations issus de la domination coloniale, et, des islamistes aux dictatures, aux formes les plus totalitaires et barbares de la domination politique.
Les États-Unis et les pays occidentaux, parfaitement informés de ce qui se jouait, ont laissé leurs ‟alliés” dans la région armer, entraîner, encadrer, financer des dizaines de groupes djihadistes qui se sont rassemblés dans l’EIIL (puis EI), pour, à l’époque, faire tomber les régimes de Bachar al-Assad et de Nouri al-Maliki.
Mais aujourd’hui, le monstre semble avoir échappé à ses créateurs et se retourne contre eux.

Les quelques bombardements réalisés par la coalition arabo-étatsunienne du « front syrien » sur les forces djihadistes assiégeant Kobanê, pourtant parfaitement visibles, complètement à découvert, ont été volontairement dérisoires et symboliques et n’ont eu aucun effet sur le terrain. Ils ne peuvent s’interpréter autrement que comme un blanc-seing laissé à l’EI et à la Turquie pour affaiblir puis liquider les forces kurdes de Kobanê, c’est-à-dire de l’ensemble du Rojavayê Kurdistanê.

Les Kurdes, seuls une fois de plus

Une fois de plus les Kurdes se sont retrouvés seuls. Pas seulement parce qu’abandonnés et en manque de soutien, mais aussi en butte à une puissante coalition d’intérêts convergents visant à empêcher toute modification des frontières et de la réalité socio-économique de la région.
De l’État turc aux pétromonarchies, du régime de Bachar al-Assad à celui de Bagdad, des USA aux djihadistes, de l’‟Occident” au régime iranien, s’il y a un point qui les rassemble tous – au-delà des apparences, des langages, des références et des conflits qui les opposent – c’est bien que le Kurdistan ne doit pas exister et que le projet de transformation et de remises en question porté par la gauche kurde (pouvoir communal, démocratie d’assemblées populaires, écologie sociale, anti-patriarcat,…) ne doit pas avoir le moindre début de réalité.

L’Etat turc vient de se donner un cadre légal pour une intervention terrestre visant « tous les groupes terroristes » présents en Syrie et en Irak. Ce qui lui permet de continuer à jouer sur tous les tableaux dans la nouvelle situation : rejoindre officiellement la coalition anti-EI, mais aussi continuer d’aider les djihadistes qui lui conviennent et surtout établir une ‟zone tampon” de sécurité sur le côté syrien de la frontière (qui possède jusqu’à 870 km de long), c’est-à-dire la possibilité d’imposer son ordre précisément là où se trouvent les 3 cantons qui forment le Rojava.

La direction du PKK a fait savoir depuis plusieurs jours que si la Turquie laissait les djihadistes commettre un massacre à Kobanê, cela signifierait purement et simplement la fin du processus de résolution du conflit kurdo-turc.

La ‟”nouvelle” coalition des pompiers pyromanes dirigée par les États-Unis et à laquelle l’État français s’est rallié, prétend combattre pour éliminer les djihadistes avec des bombardiers et des drones, comme en Afghanistan, au Palistan, en Somalie, au Yémen… Or sur le terrain, ce sont les mouvements de la gauche kurde qui sont en première ligne, en Irak comme en Syrie ; ce sont eux qui se battent depuis deux ans en Syrie contre les islamistes, ce sont eux qui sont intervenus en Irak au mois d’août dernier pour sauver des milliers de Yézidis réfugiés dans les monts de Sinjar et pour stopper l’offensive djihadiste qui menaçait la capitale de la région autonome kurde.

Contre les dictatures sanglantes de Damas et de Bagdad, contre les djihadistes, contre les pétromonarchies, la lutte kurde ouvre la voie de l’autonomie des peuples

Mais il est vrai qu’ils le font à leur manière : en ne faisant aucunement confiance aux États et aux régimes en place. Ce sont eux qui poussent et aident les populations kurdes et non-kurdes, les nombreuses minorités (ethnico-linguistiques et religieuses) de cette vaste région à s’engager directement dans la résistance, à se battre, à s’organiser par elles-mêmes, à s’armer militairement et politiquement, à s’auto-défendre socialement, à coordonner leurs milices populaires, à ne compter que sur leur propre force et mobilisation pour protéger leur territoire et leurs vies et repousser les djihadistes.
Les différents pouvoirs en place l’ont bien compris : cette invitation à l’autodétermination et à l’organisation autonome des luttes et de la vie sociale contient un redoutable parfum de liberté, une menace de sécession et d’insubordination.
C’est cette menace de ruptures dans les relations de pouvoir établies (clientélisme, corruption, féodalisme, patriarcat, étatisme, obéissance à des systèmes de croyances et de transcendances extra-sociales…) – et en conséquence la possibilité d’en créer, d’en inventer de nouvelles, sur des bases tout autre –, que la coalition ‟arabo-occidentale” entend effacer à tout prix, quitte pour cela à ce qu’elle soit liquidée dans le sang, par djihadistes, autres milices ou armées régulières interposées.

Si nous appelons à mobiliser et à amplifier la solidarité avec la résistance de Kobanê et plus généralement avec la lutte du peuple kurde, c’est d’abord parce qu’il y a urgence et que chaque jour, chaque heure compte. Et si cette urgence nous concerne, c’est parce que ce mouvement de libération du Kurdistan, dans le sens le plus large de mouvement social et populaire – avec ses caractéristiques plutôt positives et d’autres plus discutables et critiquables – nous apparait aujourd’hui, dans cette région du monde, comme la principale force susceptible non seulement de contrecarrer la double barbarie des islamistes et des régimes en place, mais aussi d’introduire dans les zones kurdes et bien au-delà suffisamment d’éléments de transformation et de rupture à partir desquels il devient au moins possible – et pensable – de postuler des formes d’égalité, d’ouvrir des espaces politiques autonomes d’appropriation du commun et d’avancer des perspectives intelligibles et audibles de libération sociale et politique.
C’est là une condition non suffisante mais nécessaire pour faire reculer les barbaries à l’œuvre, pour rendre de nouveau l’air respirable et ce monde habitable ici aussi.

Le 3 octobre 2014

Organisation Communiste Libertaire

Libertaire

[Poitiers] Soutien à la lutte des révolté.e.s de Hong-Kong contre la bureaucratie de l’Etat chinois

Des étudiants soutiennent les manifestants de Hongkong

En marge d’une manifestation pour la défense des sans-papiers, une poignée d’étudiants Chinois se sont regroupés devant le palais de justice en soutien à la « révolte des parapluies » qui a vu descendre dans les rues de Hongkong des dizaines de milliers de manifestants, le week-end dernier. A l’image d’Alfred Tan, étudiant à l’université de Poitiers, ils réclament « plus de démocratie » et la « modification du mode de scrutin pour désigner le chef de l’exécutif local. »

Nouvelle République, 2 octobre 2014

NdPN : et deux photos publiées sur Facebook :

Territoires : entre dépossession et exclusion, une brochure de 4 pages du réseau No Pasaran

Une brochure synthétique plutôt bien faite sur la question du territoire, réalisée par des groupes du réseau No Pasaran, circule depuis quelque temps sur le web : voici le lien direct pour la consulter, la télécharger, l’imprimer, la diffuser…

http://nopasaran.samizdat.net/IMG/pdf/4pages-territoire_Mise_en_page_1.pdf