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3,8 millions de ménages ne peuvent se chauffer et s’éclairer normalement

3,8 millions de ménages ne peuvent se chauffer et s’éclairer normalement

« 3,8 millions de ménages, soit un sur six, correspondant à huit millions de personnes, ne peuvent se chauffer et s’éclairer normalement », dénonce la Fondation Abbé-Pierre (rappelons que nous sommes anti religion mais l’info émane de cette fondation). Cela fait 400 000 ménages de plus par rapport à février dernier.

Cette précarité énergétique ne touche pas que les SDF ou les locataires aux revenus modestes, elle atteint aussi plus d’un million de petits propriétaires vivant en maison individuelle. La cause en est la hausse des charges en tout genre : les loyers, qui ont bondi de 50 % en dix ans, le gaz, le fioul et l’électricité, couplée à une baisse des revenus. Les quelques aides mises en place pour les plus démunis, tels les tarifs sociaux de l’énergie ou l’aide aux impayés, sont bien insuffisantes pour compenser la hausse des tarifs. Elles n’ont pas empêché qu’il y ait eu l’an dernier environ 15 000 coupures d’électricité, et cette année s’annonce plus dramatique encore.

« Réduire la facture énergétique des foyers modestes s’impose comme un sujet de préoccupation majeur des pouvoirs publics », avait déclaré en mars le ministère de l’Écologie. Ce ne sont pas ces paroles non suivies d’actes qui réchaufferont ceux qui sont contraints à des économies de chauffage.

Face à la précarité, la Fondation réclame un « bouclier énergétique » capable d’assurer à tous une capacité minimum à se chauffer. Ce serait plus utile que tous les boucliers, fiscaux ou autres, destinés à protéger les plus riches.

Blog du Groupe de Bethune (Fédération Anarchiste), 20 décembre 2011

[Montamisé] sur le VICE-président du grand Poitiers…

Le maire de Montamisé à nouveau devant la justice

Le maire de Montamisé sera jugé en mai pour prise illégale d’intérêt. La suite d’une affaire de vente de terrains qui lui avait déjà valu une condamnation.

L’affaire des terrains colle aux pieds de Christian Martineau, le maire de Montamisé. La justice vient en effet de décider de le renvoyer devant le tribunal correctionnel, en mai prochain, pour prise illégale d’intérêt en récidive, confirme une source judiciaire (1).
Un procès qui aura un air de déjà-vu. C’est en effet la suite de l’affaire qui avait valu au maire de Montamisé de comparaître en justice en septembre 2006. Il avait alors été condamné à 6.000 € d’amende. Une condamnation qui l’avait, de facto, frappé d’inéligibilité.
En appel, en février 2007, la cour avait confirmé l’amende mais écarté la radiation des listes électorales car son action « n’avait pas été dictée par la recherche d’un gain ou d’un avantage personnel », notaient les magistrats. Christian Martineau avait conservé son mandat et gagné sa réélection en 2008.
En 2004, c’est l’avocat Jean Damy qui avait soulevé le lièvre : le maire avait participé et voté lors des réunions concernant la mise en place du nouveau plan local d’urbanisme. Le hic, c’est que plusieurs de ces terrains étaient sa propriété ou celle de ses proches. Le soupçon de prise illégale d’intérêt était instillé.

 » Je ne veux pas en rajouter  » lâche un élu

La nouvelle affaire n’est que la suite de celle-ci. Certains des terrains contestés ont fait l’objet de la signature d’un compromis de vente avec un promoteur, Batimmo, en vue de construire des logements. C’est lui qui a, cette fois-ci, porté l’affaire devant la justice. Sophie Bercier, son ancienne gérante, la société ayant été liquidée en mai dernier, n’a pas souhaité s’exprimer sur le dossier avant le procès.
Depuis le mois de septembre, de nombreuses auditions ont été menées en enquête préliminaire par les gendarmes de Poitiers. Des membres actuels du conseil municipal mais aussi d’anciens élus ont été auditionnés. Ceux que nous avons contactés ne souhaitent parler que sous le couvert de l’anonymat.
« On attend que ça sorte publiquement », indique l’un. « Je ne veux pas en rajouter », ajoute un autre. Le sujet aurait été évoqué, mercredi soir, lors d’une réunion à laquelle le maire ne participait pas.
Ce qui se murmure depuis des semaines sous le manteau, à Montamisé, sera public mercredi soir. En effet, ce soir, là, d’après des élus, le conseil doit voter sur la question de la protection juridique du maire mis en cause dans ce dossier.
« On saura alors vraiment ce qu’on lui reproche et qui a porté plainte », indique un membre du conseil qui ne savait pas que le maire serait jugé en mai prochain.
Une question reste en suspens : que va faire Christian Martineau, maire, mais aussi vice-président du Grand-Poitiers ?
Dans l’ombre, certains sont déjà en embuscade à Montamisé.

(1) Le maire de Montamisé et son avocat n’ont pas donné suite, hier, à nos tentatives de contact.

Nouvelle République, Emmanuel Coupaye, 9 décembre 2011

[France] Les inégalités de patrimoine se sont creusées depuis 2004

Les inégalités de patrimoine se sont creusées depuis 2004

Répartition de la masse totale de patrimoine brut entre les ménages

Répartition de la masse totale de patrimoine brut entre les ménages LeMonde.fr

C’est plus une confirmation qu’une révélation : les inégalités de patrimoine se sont accrues entre 2004 et 2010, et surtout par le haut, autrement dit par l’enrichissement des plus riches. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) l’établit dans sa nouvelle enquête sur le patrimoine des ménages, étendue pour la première fois aux départements d’outre-mer, dont les résultats ont été rendus publics jeudi 24 novembre.

En 2010, le patrimoine brut, c’est-à-dire l’ensemble des actifs détenus par un ménage (biens immobiliers, professionnels, patrimoine financier mais aussi matériel…), détenu par les 10 % les mieux dotés est en moyenne 35 fois plus élevé que celui dont disposent les 50 % de ménages les moins dotés. Ce rapport était de 32 en 2004. Comme les économistes Thomas Piketty et Camille Landais l’ont constaté pour les hauts revenus, les inégalités de patrimoine se creusent par le haut, tirées par les ménages les plus fortunés. L’indice de Gini, qui est une mesure du degré de disparité des patrimoines pour une population donnée, a augmenté de 1,4 % entre 2004 et 2010 mais de 13,9 % pour la population des plus riches, alors même qu’une partie de la période observée par l’Insee correspond à la crise.

LES 10 % LES PLUS DOTÉS POSSÈDENT 48 % DU PATRIMOINE GLOBAL

Quelques chiffres donnent la mesure de la situation. Début 2010, la moitié des ménages vivant en France déclarent plus de 150 200 euros de patrimoine brut global. Les 10 % de ménages les plus fortunés possèdent au minimum 552 300 euros d’actifs, alors que les 10 % les plus modestes détiennent au maximum 2 700 euros chacun, soit 205 fois moins. Ces inégalités sont beaucoup plus marquées que celles des revenus. Collectivement, les 10 % de ménages les mieux dotés concentrent 48 % de la masse totale de patrimoine brut, les 1 % les mieux dotés en détenant même 17 %, contre seulement 7 % à la moitié des ménages les moins dotés.

Le montant du patrimoine, brut comme net (une fois déduite la charge des remboursements d’emprunts), croît jusqu’à l’âge de 70 ans avant de décroître ensuite. Toutefois, prévient l’Insee, les effets liés à l’âge « sont difficiles à estimer précisément car les niveaux moyens de patrimoine résultent de contextes économiques qui ont différé d’une génération à l’autre ». Les Trente Glorieuses n’ayant pas grand-chose à voir, par exemple, avec les années 1990. Au-delà de ces effets, les logiques d’accumulation patrimoniale et d’épargne diffèrent nettement entre salariés et indépendants en activité, elles s’estompent avec la retraite. Entre salariés en activité, les disparités patrimoniales selon la catégorie socioprofessionnelle sont très marquées : le patrimoine médian des cadres est 35 fois supérieur à celui des ouvriers non qualifiés.

Acheter un bien immobilier, a fortiori sa résidence principale, est une étape importante dans la constitution d’un patrimoine. Ainsi les ménages propriétaires de leur résidence principale détiennent un patrimoine brut moyen 8,3 fois plus élevé que celui des locataires et des ménages logés gratuitement.

C’est parmi la frange la plus riche de cette France des propriétaires que se trouvent les redevables de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), dont le rendement s’est envolé avec le boom immobilier.

LES HAUTS PATRIMOINES SE PORTENT TRÈS BIEN

Cette année encore, comme l’ont révélé Les Echos du 21 novembre, l’ISF, même avec 300 000 redevables en moins – ceux qui étaient imposés à la première tranche supprimée en juin – devrait rapporter 4,2 milliards d’euros, soit 10% de plus que ce que le gouvernement prévoyait. Bercy y voit notamment le fruit de sa politique de lutte contre l’évasion fiscale.

Malgré la crise, les hauts patrimoines se portent très bien en France et restent détenus par une minorité d’héritiers, une concentration amplifiée par les allégements fiscaux sur les successions et que la suppression de l’impôt sur la fortune devrait encore aggraver.

Selon l’enquête de l’Institut national de la statistique et des études économiques, diffusée jeudi, les inégalités entre Français en matière de patrimoine se sont fortement accrues entre 2004 et 2010. L’écart entre les 10 % de ménages les plus pauvrement dotés et les 10 % de ménages les plus riches a augmenté de plus de 30 % au cours de la période. Quand les 10 % les mieux lotis possèdent au moins 550 000 euros de patrimoine, les 10 % les moins bien lotis n’ont pas plus de 2 700 euros chacun, soit 205 fois moins. Quant au 1 % des ménages les plus riches, ils détiennent chacun 1,8 million d’euros d’avoirs financiers, immobiliers ou professionnels. « Les inégalités de patrimoine sont beaucoup plus marquées que celles des revenus », reconnaît l’Insee, le revenu disponible des 10 % des ménages les plus modestes étant 4,2 fois moins élevé que celui des 10 % les plus aisés.

« LE PROBLÈME N’EST PAS SON NIVEAU, MAIS SA RÉPARTITION »

Pour Thomas Piketty, spécialiste de la fiscalité et des hauts revenus, cette enquête confirme que « les patrimoines se portent très bien. Il faut revenir à la Belle Epoque pour trouver un niveau aussi élevé ». Le patrimoine global des ménages s’élève à près de 10 000 milliards d’euros. Aux yeux de cet économiste proche du Parti socialiste, « le problème n’est pas son niveau, mais sa répartition ».

Ainsi, les 10 % les plus riches possèdent à eux seuls la moitié du patrimoine total et ont en moyenne plus de 1 million d’euros chacun. A l’inverse, les 50 % les plus pauvres ont en moyenne 30 000 euros, ce qui correspond à une « voiture et deux, trois mois d’avance sur leur compte en banque ». Et s’ils sont propriétaires de leur appartement, ils ont contracté un emprunt, si bien que leur patrimoine net est très faible. Autre enseignement de l’enquête : « Il n’y pas de fuite des patrimoines importants hors de France », souligne M. Piketty.

Une étude récente de la banque Crédit Suisse a d’ailleurs montré que la France comptait plus de millionnaires que n’importe quel pays européen. Pour Thibault Gajdos, du CNRS, cette enquête illustre le rôle déterminant de l’héritage dans la constitution du patrimoine. Ainsi, le patrimoine médian des ménages héritiers est de 241 300 euros, contre 63 100 euros pour les non-héritiers.

A ses yeux, ce n’est donc pas la hausse des prix de l’immobilier qui est responsable de cette « dérive des inégalités », mais « la simple transmission du patrimoine » opposant les héritiers, qui ont pu accéder à la propriété, à ceux qui ne disposent pas d’un patrimoine initial. En outre, relève-t-il, du fait du vieillissement de la population, « on hérite plus vieux ». L’héritage ne bénéficie pas à ceux qui en auraient le plus besoin. L’écart entre le patrimoine des 20-29 ans et celui des 60-69 ans est de 1 à 10.

Le Monde, Claire Guélaud, 24 novembre 2011