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Après l’ingérence humanitaire, le PS invente l’expulsion humanitaire

Après l’ingérence humanitaire, la France invente l’expulsion humanitaire

Partout en France des consignes sont données aux préfets pour démanteler les camps de Roms, pourchasser les familles et les empêcher de s’installer quelque part. A Lyon, le préfet applique parfaitement les consignes. Mais parfois, lui et son ami le maire socialiste font mine d’être bienveillants à l’égard des Roms… A leur manière… Faut pas rêver quand même !

Rue de la Claire, Vaise. Une quarantaine de personnes vit dans un immeuble squatté depuis plus d’un an. Mardi 21 août, lorsqu’un court-circuit se déclenche sur le tableau électrique du rez-de-chaussée, personne ne se doute que les heures du squat sont comptées. Les pompiers interviennent, éteignent le début d’incendie et appellent un agent EDF qui vient couper le courant. Tout semble rentrer dans l’ordre.

C’est sans compter sur le maire de Lyon, Gérard Collomb, connu pour son empathie légendaire à l’égard des sans-abri en général et des Roms en particulier. (1)

Le 17 décembre 2010, déjà, il avait pris un arrêté de péril fantaisiste pour un bâtiment qui se situe à quelques dizaines de mètres de là. Histoire de se moquer un peu plus de ses occupants, il avait fait évacuer l’immeuble le jour même où les familles Roms allaient se rendre au tribunal pour être fixées sur leur sort. Qu’est ce qu’il avait dû rigoler… 80 personnes avaient donc été jetées à la rue, sous une tempête de neige. A l’époque, la police était arrivée avec un plan de la ville et l’adresse d’un gymnase en disant à qui voulait l’entendre que tout avait été préparé par la mairie. Selon eux, des places avaient été réservées dans un gymnase ouvert dans le cadre du plan grand froid. Tu parles… Même le 115 n’était pas au courant…

Ce mardi 21 août, donc, notre Gérard, toujours pas national, saute sur l’occasion. Probablement encore vexé de ne pas avoir été nommé ministre, il décide de s’inviter à sa façon à la réunion inter-ministérielle qui doit avoir lieu le lendemain et qui officialisera la chasse aux Roms. (2) Vers 14 heures, la police intervient et met tout le monde dehors en expliquant que c’est devenu trop dangereux. Incompréhension des familles. Voilà un an qu’elles occupent le bâtiment dans les mêmes conditions et il est devenu subitement dangereux suite à un court-circuit. Le problème, c’est qu’il manque une base juridique à cette expulsion qui ne veut pas dire son nom. Qu’à cela ne tienne. En fin d’après-midi, un arrête municipal de péril tombe. Il dit en substance qu’en raison de nombreux branchements électriques, le bâtiment est devenu trop dangereux et qu’il est interdit bien que les branchements ne concernent qu’une petite partie de l’édifice.

Dangereux pour tout le monde ? Non, juste pour les Roms.

Le commerce qui occupe le bas de l’immeuble, lui ne craint rien, il n’est pas interdit. C’est écrit noir sur blanc sur l’arrêté municipal.

C’est du jamais vu. Gérard Collomb et la police viennent de sauver des Roms d’une mort certaine par électrocution. Les bons français, eux, peuvent cramer, le maire et le préfet s’en foutent.

Le soir, les familles vont devoir affronter un orage d’une violence terrible avec leurs enfants dans les bras. Après plusieurs nuits dehors, elles vont retrouver un immeuble vide. Malheureusement pour elles, dimanche 26 août après-midi, les forces-de-l’ordre-qui-protègent-les-Roms viennent à nouveau pour les expulser, sans leur dire cette fois sur quelle base juridique elles interviennent.

Des bases juridiques pour expulser, la police s’en passe volontiers lorsqu’il s’agit de «protéger » des familles Roms. Nouvel exemple, toujours ce dimanche 26 août, rue Saint Jérôme, à Lyon où une soixantaine de personnes a été expulsée par la police, là encore, pour son plus grand bien. Selon la préfecture elle-même : « la police leur a dit que c’était dangereux car l’immeuble était insalubre. Ils ont compris et sont sortis d’eux-mêmes »

On croit rêver.

Dans la France socialiste de Hollande et Valls, l’insalubrité est un danger vital, au point qu’il serait moins dangereux de passer la nuit dehors avec femme et enfants sur le trottoir que dans un immeuble inoccupé.

Avec quoi on mesure-t-on l’insalubrité chez la police ? Au flair d’un chien policier ? Au doigt mouillé ? Ou bien au nombre de Roms présents sur place ?

Drôle de conception du danger et de l’humanité. Après les arrêtés anti-mendicité, les socialistes vont nous inventer les arrêtés anti-saleté. Cachez ces pauvres que je ne saurais voir ou alors nettoyez moi tout ça au kärcher.

La police, elle, applique ses méthodes habituelles pour contourner la loi. Ne disposant d’aucun argument juridique, elle invite les gens à sortir. Oh surprise, ils sortent d’eux mêmes. Comme ils sont bien élevés ces roumains, comme ils sont dociles avec la police. A se demander si ce sont les mêmes qui seraient responsables de la délinquance en France. Etonnant, non ?

Les familles avaient déjà été expulsées le 14 août d’un immeuble parfaitement salubre lui, rue Montesquieu. Elles occupaient les lieux depuis plus d’un an et leurs enfants étaient scolarisés.  Les Roms avaient su s’intégrer parfaitement dans le quartier au point que les voisins avaient lancé une pétition pour demander qu’ils restent. (3) Ils ne sont pas restés. Rue Saint Jérôme non plus ils n’ont pas pu rester. En revanche, à la rue, ils resteront. Telle est la décision de Hollande, Valls, Collomb et Carenco.

Ce tableau lyonnais serait incomplet si on ne citait pas les demandeurs d’asile de la place Carnot que le préfet a installés lui-même dans un camping sauvage. Il est bien le préfet de Lyon. Lui au moins, il trouve des solutions de relogement quand il veut.

Expulsées de la gare de Perrache lundi 9 juillet, environ 100 personnes soutenues par de nombreuses associations ont été placées par la préfecture à quelques mètres de là, place Carnot. Chaque soir, les familles montent leurs tentes et chaque matin, elles sont réveillées par les services municipaux qui viennent consciencieusement nettoyer et arroser la pelouse afin que la place ne devienne pas un « campement insalubre ». Vous imaginez, le préfet obligé de démanteler un campement qu’il a lui même créé… Ca friserait la schizophrénie. Ce cinéma dure depuis bientôt 2 mois.

Bilan de la semaine dernière à Lyon, 4 expulsions, pas loin de 200 personnes… Oui, ça fait beaucoup, mais ce n’est pas de ma faute s’ils s’amusent à expulser les mêmes personnes plusieurs fois de suite. C’est comme les charters et l’aide au retour. Si on ne peut plus comptabiliser plusieurs fois les mêmes, ce n’est plus drôle. Comment on ferait pour atteindre les quotas sinon.

Les expulsions de Roms, ce n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, en revanche, ce sont les méthodes employées. Plutôt que de s’embêter avec des procédures judiciaires longues et coûteuses, on invite les personnes à quitter les lieux sous prétexte de les protéger du danger ou de l’insalubrité. Le maire Collomb pond des arrêtés municipaux, le préfet Carenco envoie police-secours et hop, le tour est joué. Encore plus fort que les méthodes archaïques de Guéant et Sarkozy.

La méthode lyonnaise plait beaucoup aux élus socialistes. Elle vient d’être appliquée à Evry, où le maire découvre que des familles Roms sont subitement en danger sur un terrain qu’elles occupent pourtant depuis plusieurs mois. Un petit arrêté municipal, un coup de fil au préfet et le tour est joué. 70 personnes de plus à la rue alors que le juge devait se prononcer le lendemain. Yesssss… Ca s’appelle une gestion sociale et socialiste des problèmes…

En attendant, toujours pas de propositions de relogements contrairement à la promesse du candidat Hollande. Toutes ces familles dont de très nombreux enfants vont rejoindre la cohorte des sans-abri qui, malgré leurs appels répétés au 115, ne se voient offrir aucune solution d’hébergement en violation de la loi et d’une ordonnance du Conseil d’Etat. (4)

Protéger le droit de propriété, même pour des immeubles ou des terrains vides, oui, appliquer le droit au logement, même pour des nourrissons, certainement pas. Nos rues sont plus propres que vos squats, vous y serez bien mieux pour y dormir. On vous expulse, c’est pour pour votre bien. C’est ça le socialisme à la française qui donne des leçons d’humanité à la terre entière.

Il paraît que le traitement que la France inflige aux Roms sur son territoire viole les conventions internationales. Après l’Union Européenne, c’est l’ONU qui s’en inquiète et met en garde la France. (5) Non … C’est pas possible… Nous, la patrie des Droits de l’Homme ? Décidément, tout fout le camp.

(1) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/071011/monsieur-hollande-dimanche-cest-lheure-des-choix-nest-ce-pas

(2) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/250812/reunion-inter-ministerielle-sur-les-roms-un-seul-mot-d-ordre-degage

(3) http://www.rue89lyon.fr/2012/08/03/ces-habitants-qui-veulent-garder-les-roms-pres-de-chez-eux/

(4) http://www.conseil-etat.fr/fr/communiques-de-presse/hebergement-d-urgence.html

(5) http://www.20minutes.fr/ledirect/992761/roms-onu-inquiete-politique-menee-france

Philippe Alain, Mediapart, 30 août 2012

Deux nouvelles vidéos sur Saint-Imier + déclaration finale d’Anarkismo

Sur RJB

Et sur RTS

Déclaration finale d’Anarkismo (topée sur le site de l’OSL) :

Déclaration finale à la Rencontre Internationale de l’Anarchisme de St-Imier 2012

Après ces cinq jours de débats où l’OSL s’est efforcée de défendre la voix d’un anarchisme social ouvert, innovant et ambitieux face au monde et à sa complexité, où nous prenons le pari de défendre une politique sans dogmatisme qui part des désirs et besoins des gens, vous trouverez ici la déclaration finale proposée au réseau Anarkismo.

Grâce au travail et à l’effort de nombres de volontaires ainsi qu’à l’accueil si chaleureux des habitant-e-s de St-Imier, nous avons pu, lors d’intenses débats, conférences, assemblées spontanées et autres évènements culturels, affirmer l’anarchisme comme une proposition politique vivante, ouverte et innovante.

Qu’on se le dise : nous ne resterons pas à la marge !

Déclaration finale à la Rencontre Internationale de l’Anarchisme, St-Imier 2012

http://rebellion-osl.ch/declfinalanarkismo.pdf

Après cinq jours de débats et d’échanges pour rappeler notre histoire, préparer nos combats futurs et faire converger nos efforts, nous réaffirmons la valeur des positions et résolutions du congrès de St-Imier qui fondent l’anarchisme social, en permettent les futurs développements et assurent les bases d’une unité d’action sincère entre tous les secteurs combatifs et antibureaucratique de la lutte sociale.

Le congrès de St-Imier s’est voulu ouvert sur la diversité et la pluralité des pensées et des pratiques du mouvement ouvrier antibureaucratique et fédéraliste tout en construisant le mouvement libertaire naissant.

Il a refusé la forme-parti, hiérarchisé, institutionnel et électoraliste, défendu par les courants du socialisme autoritaire. Il a combattu la conception étatiste du changement qui entendait et entend aujourd’hui encore faire de la conquête, de l’occupation de l’Etat un outil de transformation sociale.

Le congrès de 1872 a également proclamé sa volonté de combattre tout type d’organisation hiérarchisé, bureaucratique, constitué pour exercer le commandement et susciter la délégation, la soumission et l’obéissance.

À tout cela, le congrès a opposé la fédération des organisations ouvrières et des luttes, ainsi que la libre initiative, le projet socialiste de gestion directe et de changement social ; comme il a proposé la pluralité des formes d’organisation de conception non hiérarchiques dans le mouvement ouvrier, dans ses luttes et dans le projet socialiste libertaire.

De nombreuses luttes, actions militantes et tentatives révolutionnaires ont précédé et suivi le congrès international de 1872. L’anarchisme prend place dans cette histoire. Il constitue aujourd’hui un mouvement politique regroupant des expériences nombreuses et des acquis communs à un grand nombre de collectifs et d’organisations spécifiques, syndicales de lutte sociale et populaires. L’anarchisme apporte sa contribution à la construction d’un mouvement cohérent capable d’une intervention efficace et forte, qui cherche la cohérence entre les moyens et les fins afin de changer radicalement la société. Pour nous, l’anarchisme alimente les luttes sociales et se nourrit de ces mêmes luttes. Il apporte sa contribution au mouvement populaire d’auto-émancipation et d’auto-organisation.

Chaque résistance, chaque lutte, chaque dissidence, chaque alternative pose la question de la liberté et de l’égalité. Chaque combat social ouvre des possibles que nous devons accompagner vers la libération sociale et politique.

La transformation sociale radicale que nous appelons de nos vœux et que nous préparons par notre action ne peut résulter que de la volonté, de la libre détermination et de l’engagement conscient des classes populaires, des individus, femmes et hommes aujourd’hui dominé-e-s par ce système injuste.

Nous sommes dans une véritable guerre sociale et économique, aux intensités changeantes mais toujours plus étendue, plus vive, plus brutale. Une situation d’insécurité sociale et de précarité se généralise, saccageant le bien commun, détruisant les services publics, cherchant à susciter la peur, la résignation et la soumission, imposant partout le capitalisme. Cette politique est conduite autant par les capitalistes que par les gouvernements à leur solde.

Ces derniers tentent d’imposer une colonisation totale de nos conditions d’existence, mobilisant au service de la reproduction du système toutes nos activités. Parallèlement, il y a une recrudescence des éléments de dominations anciens : patriarcat, discrimination de sexe et de genre, xénophobie, racisme, asservissement, exploitation. Ces inégalités renouvelées servent à renforcer la valorisation capitaliste et à garantir la reproduction générale du système.

L’anarchisme dénonce un seul système d’encadrement et de domination qui obéit chaque jour davantage à une logique oligarchique. L’anarchisme ne sous-évalue en aucune manière les espaces de libertés individuels et civils, les services publics et de bien commun et les quelques politiques de redistribution des richesses, dévolus aux solidarités sociales, qui subsistent. Les anarchistes entendent défendre et élargir ces acquis. Toutes ces avancées ont été conquises dans le passé par les luttes sociales. L’espoir de changer la société grâce à la conquête du pouvoir d’Etat est largement disqualifié. La conquête du pouvoir institutionnel, l’intégration dans le pouvoir étatique et l’action gouvernementale, la participation aux élections n’apportent rien à l’amélioration des conditions de vie communes, des droits politiques et sociaux. Au contraire, c’est en refusant de déléguer à l’Etat la définition et le gouvernement du bien commun que les populations peuvent défendre efficacement leurs intérêts et leurs aspirations. C’est en agissant par elles-mêmes, en multipliant et en renforçant leurs organisations, en s’emparant de la richesse sociale et des moyens de production et de distribution, en imposant leurs besoins, en créant leurs propres formes d’organisation et en livrant bataille sur le terrain culturel que les classes populaires peuvent s’opposer à la barbarie du système, gagner en émancipation et améliorer leurs conditions d’existences.

Les partis de gauche n’apparaissent plus comme des forces de progrès et de justice sociale. Ils ne défendent même plus les acquis antérieurs. Au contraire, ils précipitent la ruine et le démantèlement de nos conquêtes sociales. La bureaucratisation du mouvement ouvrier et social, la politique de délégation orientée vers l’intégration dans les institutions étatiques, le refus de la lutte et l’imposition de la paix sociale à tout prix, la soumission aux objectifs, aux stratégies, aux valeurs capitalistes de globalisation nous entraînent vers une régression sociale, politique et écologique de grande envergure.

C’est pourquoi l’efficacité de la lutte et la construction d’alternatives concrètes sont liées à l’action directe populaire car elle s’ancre dans la conviction que les groupes sociaux doivent s’émanciper eux-mêmes et agir sur une base fédéraliste et solidaire. Dans cette société de classe, il n’y a ni consensus ni compromis possible qui satisferaient l’intérêt commun. Nous revendiquons clairement le dissensus avec les pouvoirs. L’action directe est porteuse d’une proposition ouverte et plurielle de transformation sociale. Elle se décline en une pluralité de formes d’organisations et d’actions capables de fédérer les résistances populaires.

Les anarchistes agissent au sein des mouvements de lutte afin de garantir leur autonomie, de les fédérer dans une perspective révolutionnaire et libertaire, pour construire le pouvoir populaire, vers une émancipation économique, politique et sociale.

Notre projet est celui communisme libertaire. Nous revendiquons la convergence des traditions et des expériences accumulées en ce sens : communalisme libre, auto-gouvernement municipal, autogestion, conseils ouvriers et populaires, syndicalisme de base, de combat et de gestion directe ; libre accord pour la création, l’expérimentation, l’association, le fédéralisme et les alternatives en actes.

C’est-à-dire la construction depuis la base d’un pouvoir populaire direct, non étatique. Nous voulons donc la rupture avec le capitalisme. Nous luttons pour l’autogestion dans une société future fondée sur la liberté et l’égalité. Cet objectif implique des formes d’organisation diverse sur tous les domaines de la vie sociale et économique. Une telle orientation appelle une société auto-instituée, un développement social et économique librement choisi. La socialisation des forces de production et d’échange, et l’autogestion sociale en constituent la forme principale. Un accès égal aux ressources disponibles et renouvelables, et aux moyens de la société vient soutenir les possibilités de libre association, d’expérimentation économique et d’exploration dans l’organisation des conditions d’existence. L’autogestion est fondée sur la libre organisation de celles et ceux qui travaillent, consomment, et sont membres de la société après l’abolition de l’Etat, dans un cadre d’auto-institution politique, de démocratie directe, et de droit des minorités.

L’anarchisme social, l’anarcho-syndicalisme et le syndicalisme révolutionnaire, ainsi que le communisme libertaire défendent un projet politique fondé sur une cohérence entre fins et moyens, entre actions quotidiennes et luttes révolutionnaires, entre mouvement croissant d’auto-émancipation et transformation sociale radicale. Depuis 1872, notre mouvement contribue avec tant d’autres femmes et hommes libres à ouvrir ce chemin. Notre engagement aujourd’hui est de poursuivre ce projet aussi loin que le portera l’action directe des peuples.

St-Imier, le 12 août 2012

Organisations signataires (13.08.2012) :

Organisation Socialiste Libertaire (Suisse)

[Suisse] Revue de presse des Rencontres anarchistes internationales de St-Imier

Des photos sur Le Temps

Une vidéo sur Euronews

En attendant les déclarations finales des organisations ayant participé aux rencontres… voici une revue de presse non exhaustive, topée sur le site de l’En-dehors :

[Rennes] Réquisition Résidence du Parc à Pacé. Rassemblement de soutien.

Réquisition Résidence du Parc à Pacé : la délibération du tribunal attendue !

Rendez-vous le vendredi 20 juillet à 8h30 Cité Judiciaire à Rennes

Le Dal35 appelle à un rassemblement de soutien. 250 personnes (dont 70 enfants) sont concernées par cette décision !

Nous appelons toutes et tous à venir les soutenir et à réclamer avec nous :
– La création de places de CADA
– Suffisamment de place d’hébergement d’urgence
– L’accueil inconditionnel de toute personne sans abri
– La réquisition des logements vides.

Signer la pétition de soutien

source : Rennes info, 18 juillet 2012

Cent ans après sa création, le « carnet de circulation » est toujours obligatoire

C’est un anniversaire un peu particulier qui est intervenu, lundi 16 juillet, pour les gens du voyage : celui des 100 ans du « carnet de circulation ». Aucune fête particulière n’était toutefois prévue pour commémorer la création de cette pièce d’identité spécifique aux gens du voyage et instaurée le 16 juillet 1912.

Depuis longtemps, le carnet de circulation est en effet l’objet de vives critiques de la part des défenseurs des gens du voyage, qui le considèrent comme la source d’un grand nombre des difficultés sociales des 350 000 à 500 000 Tziganes, Roms ou Manouches installés en France.

A l’origine, le carnet de circulation a été créé  » pour recenser » l’ensemble des personnes avec un mode de vie itinérant en France, explique Louis de Gouyon Matignon, « tziganologue ». Mais au fil du temps, il a de plus en plus été utilisé « comme l’instrument de discriminations » à leur égard, pointe le jeune chercheur, qui est par ailleurs l’assistant parlementaire du sénateur UMP Pierre Hérisson, président de la commission nationale consultative des gens du voyage depuis 2005.

STIGMATISANT

Les contraintes du carnet de circulations sont multiples. Ses détenteurs doivent, dès l’âge de 16 ans, se présenter à un commissariat « tous les trois mois » pour indiquer là où ils se situent. Avant de l’obtenir, ils doivent trouver une « commune de rattachement » où la population de gens du voyage ne dépasse pas les 3 %. Enfin, pour voter, il est impératif de prouver son rattachement à une même municipalité pendant au moins trois années consécutives.

En théorie, il existe quatre sortes différentes de documents de circulation. Les trois premiers s’appellent des « livrets » de circulation. Ils peuvent être de couleur beige, orange ou verte et sont attribués à des gens du voyage qui ne vivent pas dans des habitats en dur mais peuvent justifier de ressources régulières ou d’une activité salariée. Les nécessités de pointer au commissariat sont alors supérieures à trois mois.

Dans les faits, la majorité des gens du voyage dépendent de la quatrième sorte de livret : celui que l’on appelle stricto sensu le « carnet » de circulation. Lui est de couleur marron, et il est obligatoire pour tous ceux qui n’ont pas de revenus fixes et travaillent, par exemple, sur les marchés ou font du porte-à-porte. C’est le plus stigmatisant. Lorsqu’ils présentent ce carnet, beaucoup de gens se voient refuser l’accès au crédit ou à la location de logements.

SUR LES ROUTES L’ÉTÉ

Depuis le début du XXe siècle, les choses évoluent toutefois peu à peu. Le livret ou le carnet de circulation n’empêchent pas d’avoir une carte nationale d’identité. De plus en plus de gens du voyage s’en font donc faire une à leur nom. Ils donnent alors généralement en guise d’adresse les coordonnées de la mairie de leur commune de rattachement « Mais beaucoup ne le savent pas, pointe M. de Gouyon Matignon. Surtout ceux qui sont les plus démunis. »

Cette évolution va de pair avec la sédentarisation d’un grand nombre de gens du voyage : « environ quatre familles sur dix », estime le jeune chercheur, également président d’une toute nouvelle association de défense de la culture tzigane. Ceux que l’on appelle de façon générique les « gens du voyage » investissent en effet de plus en plus dans des terrains en France sur lesquels ils logent la plupart du temps dans leur caravane. L’itinérance est souvent réservée aux mois d’été.

Elise Vincent, lemonde.fr, 17 juillet 2012