Le confusionnisme Femen débarque à Poitiers
Des « Femen de Poitiers » ont récemment fait une « action », qui fait aujourd’hui l’objet d’un article dans La Nouvelle République locale. Le titre : « Pour faire avancer la cause des femmes ». Ces « Femen » ont aussi fait tourner leurs photos sur les « réseaux sociaux »… ce « buzz » peut-il vraiment faire « avancer la cause des femmes » ? Il y a de quoi en douter !
Cet engouement soudain pour le « féminisme », de la part d’un journal peu amateur des discours et actions féministes à Poitiers, n’est pas étonnant. La presse accueille généralement bien les Femen, qui offrent la possibilité de vendre du papier… et du cliché. Faire progresser la « cause des femmes » avec des photos de seins nus, en voilà une idée nouvelle. On devrait la souffler aux publicitaires.
La presse n’aime pas trop les discours qui dérangent. Avec les Femen, dont les actions consistent à poser devant les journalistes à Poitiers comme ailleurs, on a donc droit aux slogans creux : ça ne mange pas de pain de défendre « les valeurs fondatrices de la République Liberté-Egalité-Fraternité ». C’est sûr que ça passe mieux dans les colonnes de la NR qu’une critique des valeurs sexistes, racistes, autoritaristes et capitalistes fondatrices de la République bourgeoise, que d’autres féministes avancent pourtant depuis longtemps.
Quand ces Femen s’insurgent contre « la prise du pouvoir par l’économie », on aimerait bien leur rappeler la signification du mot capitalisme, car elles ne semblent pas bien au courant de la société où elles vivent. On a ainsi droit à un couplet contre la « mondialisation libérale », une tarte à la crème aussi bien partagée par le PS et l’UMP que par le PCF et le FN, propice au confusionnisme le plus dangereux (voir le dernier autocollant à la mode de l’extrême-droite fascisante à Poitiers, contre « le mondialisme »). Quant à évoquer la « peur de la montée du FN », bonjour la subversivité… le clou du spectacle confusionniste consistant à poser devant la statue de Jeanne d’Arc (une célèbre icône de la féministe… Marine Le Pen ?). Par ailleurs, s’arrêter à une critique du seul FN, n’est-ce pas une façon d’éviter de critiquer l’autoritarisme et le racisme des politiques de gauche comme de droite au gouvernement, et donc, de les cautionner ? Dénoncer le FN, bien évidemment, mais d’une façon aussi confuse, ça ne fait rien avancer.
La lutte contre la domination masculine et la lutte contre le racisme sont indissociables de la lutte contre le capitalisme et l’Etat. Nombre de féministes le savent et luttent déjà dans cette optique, à Poitiers comme ailleurs. Nous ne nous étendrons donc pas plus sur la critique des Femen. D’autres l’ont déjà fait, nous renvoyons à ces articles divers :
– Quoi de neuf avec le « nouveau féminisme », par Vanina
– Ha les Femen, par les Tumultueuses
– De quoi les Femen sont-elles le nom ?, par Feu de prairie
– Femen partout, féminisme nulle part, par Mona Chollet
– Les Femen, un féminisme de type néocolonial, par Sara Salem
– Pourquoi je n’ai plus foi en les Femen, par Ovidie
Pavillon Noir, 26 septembre 2014