Archives de catégorie : Ni patrie ni frontière

[Poitiers] Flicage partout : l’ « identito-vigilance » débarque à l’hôpital

Mesures  » identité  » au CHU : l’affiche qui choque

Le message délivré sur une affiche visible dans tous les services du CHU fait polémique. Est-elle discriminatoire ? Non pour le centre hospitalier.

L'affiche fait polémique.

 

L’affiche fait polémique.

Le moment et le visuel (notre photo) n’étaient peut-être pas bien choisis pour lancer la toute nouvelle mesure qui sera effective à partir du 20 février prochain au CHU de Poitiers. Elle concerne la vérification de l’identité des patients qui arrivent en consultation ou pour une hospitalisation. Le message s’appuie sur un article (L-162-21) du code de la Sécurité sociale. Il est traduit en sept langues sur les affiches destinées à tous les pôles du CHU. Une nécessité selon les services du centre hospitalier face à un afflux croissant d’erreurs d’identité ; une approche « choquante » pour les syndicats et certains membres du personnel hospitalier. Ils rapprochent cette mesure à « un flicage » et à de probables directives gouvernementales (fraudes à la carte Vitale). A la CGT, on relève les termes « identité et sécurité » qui « annoncent clairement la couleur pour avoir accès aux soins ». « Si la première fois, la personne n’a pas ses papiers, on lui rappelle, explique une représentante syndicale. La seconde fois on le note sur le dossier médical : «  l’identité n’a pas pu être contrôlée  ». Ensuite, le personnel administratif le signale à la direction des finances. »

«  On n’est pas la police  »

Du côté de l’administration du CHU, on ne comprend pas les raisons de ces vives réactions. En premier lieu Nadège Louis, cadre à la direction de la qualité et des usagers, qui rappelle « qu’à l’instar de nombreux autres hôpitaux en France, cette mesure d’identito-vigilance a été décidée par le Comité d’amélioration à la qualité afin d’harmoniser les données d’un patient entre celles de carte vitale et nos propres données. Pour sécuriser au maximum la prise en charge. La visée est surtout pédagogique, c’est pour cela que nous avons traduit l’article dans les langues des usagers étrangers les plus représentés. » Entre homonymies, usurpations d’identité, patronymes ou orthographes différents… Véronique Perronnet, de la direction des finances du CHU a relevé, en 2008, 1.499 dysfonctionnements appelés « fusions » (comparaisons de données entre elles) et 1.663 en 2009. « Quand on rentre une fois le nom et la date de naissance, elle se répercute dans les autres services, les urgences ou les labos. Ce n’est pas obligatoire mais préconisé. De toute façon, le patient – quelle que soit sa situation –, est d’abord soigné. On n’est pas la police. » Et la fraude à la carte Vitale ? « Nous avons déjà des moyens de recouvrement par le Trésor public. » Même si Véronique Perronnet reconnaît que l’affiche est « un peu choc », elle pense que c’est avant tout dans l’intérêt de la population pour éviter des erreurs médicales parfois irréversibles.

Nouvelle République, Marie-Laure Aveline, 11 février 2012

[Egypte] Manifestation bloquée par la police militaire

Egypte: manifestation près du ministère de la Défense

Des milliers d’Egyptiens ont manifesté vendredi près du ministère de la Défense pour réclamer le départ de l’armée du pouvoir, à la veille du premier anniversaire de la chute de Hosni Moubarak, selon un journaliste de l’AFP.

Des Egyptiens manifestent pour demander le départ de l'armée du pouvoir, au Caire, le 10 février 2012

Des Egyptiens manifestent pour demander le départ de l’armée du pouvoir, au Caire, le 10 février 2012

Pendant la journée, plusieurs rassemblements ont convergé vers le ministère, traversant des zones résidentielles pour éviter les barrages établis par les militaires sur plusieurs kilomètres autour du ministère.

En fin d’après-midi, les manifestants ont cependant été bloqués à une centaine de mètres derrière le bâtiment, la police militaire ayant placé des barbelés et des blindés pour empêcher le passage.

Derrière le cordon de police résonnait de la musique militaire, tandis qu’en face, les manifestants scandaient: « Le peuple veut l’exécution du maréchal » Hussein Tantaoui, chef d’Etat de facto depuis que M. Moubarak a remis ses pouvoirs à l’armée le 11 février 2011.

A la fin de la grande prière hebdomadaire du vendredi dans la mosquée al-Fath, dans le centre du Caire, les manifestants avaient crié « A bas le pouvoir militaire » avant de se diriger vers le ministère.

« Nous marchons sur le ministère de la Défense, nous voulons le départ des militaires », a affirmé devant la mosquée Asmaa Mahfouz, militante connue pour avoir enregistré l’an dernier une vidéo appelant à un soulèvement contre Hosni Moubarak.

Les militants ont aussi appelé à une journée de « désobéissance civile » et de grèves samedi, jour anniversaire de la chute de M. Moubarak.

Acclamés il y a un an, les militaires sont très critiqués depuis plusieurs mois pour leur gestion de la transition, en particulier par les jeunes militants comme Asmaa Mahfouz, lauréate en décembre avec d’autres artisans du Printemps arabe du Prix Sakharov décerné par le Parlement européen.

Après les appels à la désobéissance civile, l’armée a annoncé qu’elle se déploierait à travers le pays pour assurer la sécurité.

Ces appels à la mobilisation ont divisé les forces politiques. Les Frères musulmans, grands gagnants des dernières législatives, s’y sont opposés.

Tarek al-Kholi, un porte-parole du groupe du 6 avril, l’un des mouvements qui avaient lancé la révolte anti-Moubarak, a précisé qu’un seul jour de grève était prévu mais que la mobilisation pourrait être prolongée.

Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), dirigé par le maréchal Hussein Tantaoui, a promis de rendre le pouvoir aux civils après l’élection d’un président de la république, prévue avant la fin juin.

AFP, 10 février 2012

[Athènes] Grève générale : premiers affrontements

[Vive la démocratie directe] Première phase d’affrontements à Athènes

Rapidement :

La grève générale de 48 heures a débuté ce matin. Environ 25’000 personnes à Athènes dont 12-15’000 staliniens, 3-4000 anarchistes avec qui se sont fédérés les combattants trotskistes anti-staliniens et le reste population de diverses tendances.

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Des affrontements ont éclaté et duré plus de trois heures dans le centre d’Athènes avec deux zones de combat principales. Cocktails contre grenades explosives ont tonné au bas de la place Syntagma (et non devant le Parlement) suite à une offensive répressive alors que l’initiative émanait des combattants anarchistes qui ont tenté d’incendier le ministère des Finances.

Une dizaine de « vraies » arrestations d’après nos premières sources locales et une cinquantaine d’ »interpellations » temporaires. Mais plusieurs dizaines de blessés.

Une partie des combattants anarchistes se sont réfugiés à la fac de Droit occupée et reconvertie en centre médical pour les prochains jours, d’autres ont rejoint Exarchia.

Cependant, cette première bataille reste de « petite » échelle, par plusieurs facteurs : les staliniens ont sciemment bloqué tous les transports en commun pour éviter une trop grande masse au centre ; beaucoup de groupes de combattants se « préservent » pour dimanche qui sera assurément la journée de l’explosion avec le vote définitif des nouvelles mesures (les socialistes bloquent temporairement par intérêt politicard et par bluff la procédure).

Pour autant, de nombreuses mairies ont été attaquées ou occupées dans plusieurs quartiers excentrés d’Athènes. Et les dockers occupent « militairement » contre la police la zone du Pirée.

L’hôtel de ville est occupé dans la ville de Rethymnon. Plusieurs mairies occupées dans la ville de Holargos. Le siège régional de l’entreprise Veria est occupé avec un appel par les travailleurs-grévistes à la réappropriation autogestionnaire des lieux de travail. Une préfecture a été occupée pendant deux heures (à Athènes ??) avant l’intervention des flics.

Il est clair que la bataille décisive, dans la rue et dans les lieux de travail, aura lieu dimanche où il y aura avec certitude énormément de monde avec une probable explosion incontrôlable. Par anticipation, les flics annoncent qu’ils bloqueront les cortèges pour empêcher la convergence sur Syntagma et le KKE bloquera les transports en commun tout en mobilisant le maximum de ses troupes. D’ailleurs, KKE et PAME appellent au « soulèvement » pour… accélérer la nécessité de nouvelles élections.

Idem, appeler à la grève générale vendredi et samedi (quand on sait que le samedi est quasiment un jour férié en Grèce, un peu comme un dimanche) plutôt que lundi et mardi est une anticipation du PAME à éviter l’embrasement.

Deuxième round demain 11 heures.

Vendredi 10 février 2012, 15h57.

Jura Libertaire, 10 février 2012

[Italie] Traduction d’une lettre de compagnes-ons NO TAV incarcéré-e-s

Les cama­ra­des Non Tav déte­nus près de la prison delle Vallette nous ont fait par­ve­nir une lettre dans laquelle ils dénon­cent les condi­tions lour­des de déten­tions. Dans la jour­née d’hier, en même temps que le ras­sem­ble­ment musi­cale, orga­nisé en sou­tien des arrê­tés du 26 jan­vier, ils ont donné cours à une pro­tes­ta­tion. Suite à cette contes­ta­tion de l’auto­rité de la prison et à la lettre, Tobia a été trans­féré pour les sépa­rer. Traduction de la lettre :

***

A tous les cama­ra­des

Nous vou­lons vous faire savoir qu’hier pen­dant que se dérou­lait le concert de sou­tien devant la prison, nous avons pro­testé contre les lour­des condi­tions de déten­tions.

Les déte­nus ont droit, selon une dis­po­si­tion minis­té­rielle, à 4 heures d’air libre par jour. En fait ce sont 2 heures, au mieux, qui nous sont accor­dés ; temps pen­dant lequel, selon eux, les déte­nus devraient pou­voir se ren­contrer.
Il y a encore peu, durant ce temps, ils venaient ouvrir les cel­lu­les et il était auto­risé de cir­cu­ler dans le cou­loir ou dans d’autres cel­lu­les. En der­nier recours, ils nous font sortir de force et, après un quart d’heure, nous font retour­ner dans les cel­lu­les que nous ne vou­lions pas quit­ter.
Dans ces ces jours d’appa­ri­tion du grand froid, il nous est impos­si­ble de sortir à l’air libre parce que la cour est enva­hie par la neige et nous ne sommes pas équipés des chaus­su­res adap­tés. Si tu ne sors pas dehors, ils t’obli­gent à rester enfermé dans ta cel­lule.

Hier soir, dans notre sec­tion, les condi­tions se sont aggra­vées. Au lieu d’ouvrir toutes les cel­lu­les en même temps, ils nous emme­naient un à un dans la cel­lule que nous choi­sis­sions et nous y ren­fer­maient.
Lorsqu’ils nous ont rou­vert (nous Tobia et Giorgio) nous avons refusé de retour­ner dans nos cel­lu­les et sommes restés dans le cou­loir. Alors ils ont essayé de monter les autres pri­son­niers contre nous en leur disant que tant que nous résis­te­rions, ils n’ouvri­raient plus à per­sonne. Après avoir consulté les autres déte­nus, nous avons décidé de ne pas aban­don­ner.
Après quel­ques mena­ces, ils ont appelé la « squa­dretta » (sûre­ment des unités d’inter­ven­tion), com­po­sée d ’une demi dou­zaine d’agents mus­clées, dans le but de nous inti­mi­der. Face à notre refus de nous faire ren­fer­mer, ils ont usé de force pour nous y faire ren­trer contre notre grès, sans pour autant nous matra­quer.

Une dizaine de minu­tes plus tard, nous avons été convo­qué par le direc­teur qui, sur un ton pater­na­liste et aima­ble, se lamen­tait sur le fait que c’était la troi­sième fois qu’ils avaient à uti­li­ser ces pro­cé­dés contre nous. Après lui avoir pré­cisé que nous ne cher­chions pas à avoir un trai­te­ment de faveur ni de pri­vi­lè­ges per­son­nels, nous lui avons pré­senté une série de deman­des pour amé­lio­rer nos condi­tions de réten­tions.
Le direc­teur nous a répondu qu’il y réflé­chi­rait et qu’il nous le ferait savoir.

Comme les ban­quiers cher­chent à faire payer la crise aux tra­vailleurs, en prison on tâche de faire payer le sur­peu­ple­ment aux déte­nus. Les fonds pour l’entre­tien des déte­nus dimi­nuent pro­gres­si­ve­ment (les­sive, papier hygié­ni­que, etc… ), et, avec l’excuse des dif­fi­cultés de ges­tion impor­tan­tes, agra­vent aussi le non res­pect des normes d’hygiè­nes et de sécu­ri­tés.

La lutte conti­nue.

Les déte­nus du 26 jan­vier 2012
Giorgio et Tobia
Carcere Lorusso e Cutugno (nom de la prison)
Via Pianezza 300
10151 Torino

sour­ces :
www.notav.info : la lettre en ita­lien
www.notav.eu : arti­cle concer­nant le trans­fert.

La suite à lire sur : http:///top/lettera-dei-no-tav-dal-carcere-ieri-

Rebellyon, 10 février 2012

[Indonésie] La révolte gronde contre l’exploitation

Les luttes de classes en Indonésie

Indonésie : fronde ouvrière dans le « nouvel atelier du monde »

Les ouvriers indonésiens multiplient les actions spectaculaires pour améliorer un salaire souvent limité à une centaine d’euros par mois, inquiétant des employeurs qui rêvent de faire de leur pays le nouvel « atelier du monde », avec une main-d’œuvre encore meilleur marché qu’en Chine.

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Dix heures de bouchon : même pour la mégapole Djakarta, habituée à une circulation infernale, l’immense embouteillage a fait monter la moutarde au nez de plus d’un automobiliste. C’était l’effet recherché par les quelque 20.000 ouvriers travaillant à Bekasi, dans la banlieue de la capitale indonésienne, qui ont déposé leurs outils pour bloquer une autoroute à péage.

« On n’avait pas le choix », s’excuse Sarjo Suragil, 37 ans, qui fabrique des emballages pour McDonald’s et KFC. « On ne peut pas s’en sortir avec des salaires comme ceux-là. »

L’action spectaculaire, dans un pays où les mouvements sociaux sont rares, a été décidée après qu’un tribunal a annulé une augmentation du salaire minimum local de 13%, pour le faire passer à 1,49 million de roupies indonésiennes par mois (127 euros).

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Le jugement avait suivi une plainte de l’Association des employeurs indonésiens, l’organisation patronale du pays, qui avait argué qu’une telle hausse allait faire fuir les investisseurs étrangers.

Les grandes multinationales profitent de la situation

Les Honda, Nike ou autres Samsung se sont rués ces dernières années à Bekasi, coeur industriel de la capitale, pour profiter des salaires encore plus avantageux qu’en Chine ou en Inde.

Le salaire minimum, qui varie en fonction des provinces, évolue entre 75 et 150 euros par mois en Indonésie, contre une moyenne de 230 euros en Chine et 205 en Inde, selon une étude de la Japan External Trade Organisation.

Le coup de force des ouvriers de Bekasi a payé : le gouverneur local a réinstauré la hausse du salaire minimum.

Bekasi est la huitième province indonésienne à obtenir une augmentation. Voyant l’efficacité des actions spectaculaires, les ouvriers de plusieurs districts promettent de suivre l’exemple.

Tout récemment, des employés mécontents ont ainsi averti qu’ils allaient bloquer l’autoroute à péage menant à l’aéroport de Jakarta. La seule menace a suffi à régler le différend, qui portait également sur le salaire minimum.

La révolte gronde un peu partout

Les ouvriers se sont de plus sentis pousser des ailes après le succès d’une grève dure dans la mine d’or et de cuivre Grasberg, en Papouasie, l’une des plus grandes au monde. Après un arrêt de travail de quatre mois, les employés ont obtenu une hausse de salaire de 37% de la part de l’exploitant de la mine, la multinationale américaine Freeport.

« Après Freeport, les ouvriers de Jakarta et de sa région ont commencé à se dire que, peut-être, ils pourraient eux aussi obtenir une bonne augmentation », explique Chris Manning, expert à l’Australian National University.

« On va faire fermer la Bourse de Jakarta si c’est ce qu’on doit faire », avertit Timbul Siregar, président de l’Association des travailleurs indonésiens, disant puiser son inspiration du mouvement « Occupy Wall Street ».

Ce mouvement de contestation pacifique anticapitaliste, qui a occupé de septembre à février plusieurs parcs à Washington et New York, dénonce les abus du capitalisme financier.

« Nous allons continuer à perturber l’activité économique jusqu’à ce que le fossé entre les riches et les pauvres se réduise », prévient-il.

Tandis que le pays connaît une croissance annuelle supérieure à 6% depuis 2005, le nombre d’Indonésiens vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté de près de trois millions en trois ans, pour atteindre 43,1 millions en 2010, soit près de 20% de la population, selon la Banque asiatique de développement (BAD). L’archipel est ainsi le seul pays d’Asie du Sud-Est à ne pas réduire la pauvreté.

« Si les salaires montent trop rapidement, les investisseurs étrangers pourraient commencer à regarder ailleurs », assure Franky Sibarani, secrétaire général de l’Association des employeurs indonésiens.

Pas sûr, répond Kazutoshi Chatani, économiste à l’Organisation internationale du travail (OIT). « Des salaires en hausse vont améliorer le pouvoir d’achat des ménages, ce qui est sans aucun doute important pour l’économie indonésienne. Après tout, la consommation intérieure a représenté 56,6% du Produit intérieur brut en 2010″.

Leur presse (Agence Faut Payer), 8 février 2012.