Archives de catégorie : Répression

[DAL 86] Libération immédiate de Radu envoyé au CRA de Bordeaux !

Libération immédiate de Radu envoyé au CRA de Bordeaux !

Les semaines se suivent et se ressemblent. Par deux fois la préfecture a tenté une infâme manœuvre. Il y a quinze jours, nous apprenions qu’elle avait donné une OQTF à Mamadou Camara, scolarisé au lycée Aliénor d’Aquitaine en 1ère STL . La semaine dernière c’était le tour de Karen Abgaryan un père de famille qui est tombé dans un véritable traquenard tendu par la police. Il est arrêté et, alors qu’il est régularisable puisqu’il entre très clairement dans le cadre de la circulaire Valls, la préfecture lui a donné une OQTF, puis la police le conduit au centre de rétention (CRA) de Bordeaux. VOIR et VOIR

Par deux fois la préfecture a subit un revers. Par deux fois une mobilisation de soutiens, d’amis, de sympathisants… a forcé la préfecture à reculer. Face à un mouvement de lycéens qui menaçait de se mettre en place, la préfecture a dû annuler l’OQTF de Mamadou Camara et l’a forcée a lui donner un titre de séjour. Face à la mobilisation de personnes qui n’ont pas l’habitude de réagir ainsi, la préfecture a dû annuler l’OQTF de Karen Abgaryan et a été forcée de le libérer. VOIR : Le papa arménien entendu NR 27/02/2014

C’est aujourd’hui le tour de Radu, un père de 2 enfants dont la femme est enceinte de 4 mois et dont la grossesse se passe mal. Arrêté mercredi soir devant chez lui alors qu’il allait vérifier que la porte de sa voiture était bien fermée – les policiers cachés l’attendaient et lui sont tombés dessus-, pour une très curieuse affaire de vol de remorque remplie d’inox. Il a été mis en garde à vue puis conduit au CRA de Bordeaux tôt ce matin vendredi 28/02/2014.

Radu fait partie de cette famille élargie dont les membres vivent ensemble depuis toujours et dont les hommes subissent un acharnement administrativo-judiciaro-policier continu. Contrôles à répétition, arrestations, placements en garde à vue, confiscation de papiers d’identité, procès, placements en CRA, expulsions en Roumanie… tout le parfait arsenal répressif inefficace mais pénible de la préfecture pour dissuader les roms et autres indésirables de rester sur Poitiers. Depuis début avril les 25 personnes composant cette famille élargie vivaient au squat des Glières ou l’acharnement administrativo-judiciaro-policier s’était fortement accentué puisqu’elles avaient osé relever la tête et demandaient le respect de leurs droits. Elles en ont été expulsées le 23 octobre dernier et l’acharnement s’est encore une fois fortement accentué au point de devenir particulièrement inhumain. VOIR

Nous sommes donc en présence d’un travail de sape systématique de la part de cette préfecture revancharde dont le but est de montrer que, comme le claironnait Monsieur Valls le ministre de l’intérieur : « les roms ne veulent pas s’intégrer ». Or, sur Poitiers, nous avons clairement démontré qu’il se trompait et que pour s’intégrer, il faut d’abord être accueilli.

Comment donc Radu qui en est à sa troisième ou quatrième OQTF et à sa troisième ou quatrième expulsion, on ne compte plus, qui est constamment contrôlé, arrêté, régulièrement mis en garde à vue, quelques fois traîné au tribunal pour des futilités comme le vol de déchets, qui n’a que 250€ par mois pour vivre lui, sa femme et ses enfants, qui a été forcé de quitter l’hôtel trop loin de l’école de ses enfants et du reste de sa famille, qui n’est pas accompagné sérieusement par des travailleurs sociaux, qui arrive à peine à survivre, peut-il s’intégrer ?

Non , nous exigeons que la préfecture arrête immédiatement sa politique de sabotage qui consiste en manigances honteuses. Nous exigeons que la préfecture cesse immédiatement ses atteintes aux droits fondamentaux et respecte la vie privée et familiale de Radu et de sa famille. Annulation des OQTF, arrêt des poursuites, des récépissés d’un an pour tous !

Conférence de presse de sa femme Rada accompagnée de leurs soutiens, samedi 1er mars 2014 à 14h à la Maison De la Solidarité, 22 rue du Pigeon Blanc 86000 POITIERS.

Venez tous soutenir Radu et sa famille mercredi 5 mars à 18h devant le Palais de Justice place Lepetit lors du rassemblement mensuel pour la régularisation de tous les sans papiers.

DAL 86, 28 février 2014

[Nantes] Prison ferme pour des manifestants + un communiqué et un témoignage

NdPN : Suite aux comparutions immédiates, peines de 5 à 6 mois fermes et 6 de sursis pour un autre. Soutien inconditionnel aux condamnés.

Voici par ailleurs deux avis divergents des médias de masse sur la manif du 22 février à Nantes :

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Lettre ouverte du mouvement armé au préfet de Loire atlantique, M. Christian de Lavernée. Sur la zad, le lundi 24 février 2014

Cher Christian,

Vous avez déclaré hier, « L’opposition institutionnelle à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes doit cesser d’être la vitrine légale d’un mouvement armé ».  Il nous serait facile de vous reprocher, M. Le Préfet, de vouloir à votre tour briser des vitrines. Mais après la manifestation de samedi, autant l’avouer tout net et cesser enfin de nous cacher : nous sommes bel et bien un mouvement armé.

Nous sommes un mouvement armé de bon sens remuant et d’idées explosives, de palettes et de vis, de pierres parfois – même s’il y a ici plus de boue et de prairies, de carottes et de poireaux, d’humour et de tracteurs, d’objets hétéroclites prêts à former spontanément des barricades et d’un peu d’essence au cas où, d’aiguilles à coudre et de pieds de biche, de courage et de tendresse, de vélos et caravanes, de fermes et cabanes, de masques à gaz ou pas, de pansements pour nos blessés, de cantines collectives et chansons endiablées, de livres, tracts et journaux, d’éoliennes et de radios pirates, de radeaux et rateaux, de binettes, marteaux, pelles et pioches, de liens indestructibles et d’amitiés féroces, de ruses et de boucliers, d’arcs et de flêches pour faire plaisir à Monsieur Auxiette, de salamandres et tritons géants, de bottes et impers, de bombes de peinture et de lances à purin,  de baudriers et de cordes, de grappins et de gratins, et d’un nombre toujours plus important de personnes qui ne vous laisseront pas détruire la zad.
Vous ne nous ferez pas rendre ces armes.

Et vous, M. Le préfet, quand cesserez vous d’être la vitrine légale d’un mouvement armé ?

Sincèrement,

Les Black Ploucs

Vu sur zad.nadir.org, 25 février 2014

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Compte-rendu très personnel de la manifestation du 22 février à Nantes et témoignage de Quentin qui a perdu un oeil‏

La manifestation était une des plus belles que j’ai faites. Des vrais gens  vivants, avec beaucoup d’énergie et de joie d’être là. De la musique, des banderoles et pancartes très « personnelles », des danses, chansons, déguisements (les masques de tritons étaient superbes) et même une cabane dans les arbres ! Nous sommes arrivés fatigués après un voyage dans un autocar pas vraiment ordinaire depuis Toulouse. Après avoir pris un petit déjeuner on est allé visiter le marché du centre-ville, avec nos pancartes qui indiquaient d’où nous venions. Un accueil très sympathique de beaucoup de gens, ce qui nous a tout de suite confirmés dans notre conviction que ce voyage en valait la peine. Puis dans la rue on tombe sur l’arrivée de plusieurs dizaines de tracteurs, remplis d’individus souriants et plus ou moins déguisés. On s’est mis sur le trottoir en brandissant nos pancartes et là-aussi, nous avons senti que c’était important d’être-là. D’ailleurs, cela n’a pas cessé tout au long de notre périple : des « mercis » chaleureux de dizaines de personnes touchées que nous soyons venus de si loin. Beaucoup nous ont dit qu’ils nous rendraient la pareille, au cas où… Et nous en avons profité bien sûr pour leur parler de ce qui nous inquiète le plus : la menace toujours présente de l’exploitation des gaz de schiste  l’hallucinant projet du « Las Vegas » gardois, les « Golfs » de Saint Hilaire… Nous avons fait une grande partie de la manif derrière la banderole des Montpelliérains « Gardarem la Terra ».  Tout au long du cortège, nous avons eu des contacts avec des gens qui ont eux-mêmes des problèmes dans leur région, on en reparlera.

Concernant les « incidents » , ils étaient déjà prévisibles  vue la gigantesque ampleur du déploiement policier, la disproportion des moyens utilisés par les forces dites de « l’ordre » et l’interdiction arbitraire d’emprunter un lieu qui avait été jusque-là un passage habituel des manifestations à Nantes. Le plus impressionnant fut sans doute l’incendie d’appareils de forage situés sur une place.  Mais il faut noter surtout la tentative de plomber l’ambiance par le déploiement de gendarmes mobiles, puissamment harnachés, et qui interdisaient l’accès au centre. Dans le ciel, un hélicoptère de la police qui survolait le cortège en permanence, tel une menace latente, ajoutait à un sentiment d’insécurité. A la fin, le bruit de ce bourdon métallique se fit encore plus gênant, au point de rendre très difficile l’audition des « prises de parole », là où stationnaient les 500 tracteurs, au terme du trajet. Au cours de celui-ci nous avons pu voir la devanture d’un siège de Vinci totalement dévastée, ce qui,  je crains de devoir le reconnaître, m’a plutôt mis en joie. Mais nous n’avons pas assisté aux incidents ultérieurs. Il faut dire que la fatigue de la nuit sans sommeil et de la marche commençaient à devenir pesante. A la fin de la manifestation, on s’est réfugiés dans un café, histoire de récupérer. Et c’est en sortant que l’on a vu l’ampleur des dégâts, si l’on peut dire. Car loin d’être « dévasté », comme on l’a entendu dire ensuite sur France Inter, une partie du centre avait en effet subi quelques modifications dont on ne peut pas vraiment dire, à mon sens, qu’elles le desservaient. Ces modifications apportées au décor urbain étaient d’ailleurs très ciblées. Ainsi d’affreuses baraques de métal avaient été transformées en braseros et laissaient échapper flammes et fumée, évoquant irrésistiblement les tableaux de Turner. Quelques façades de banques et d’agence de voyages étaient détruites, ce qui, nonobstant les analyses politiques que l’on pourra faire des conséquences plus ou moins fâcheuses de ce genre d’action, n’est pas non plus un spectacle spécialement désagréable à regarder. Parfois un trait d’humour taggé sur ce qui restait de vitrine venait souligner que cette réponse sinon véritablement citoyenne, du moins raisonnablement humaine, à l’agression à la fois morale et esthétique que nous subissons sans broncher de façon quotidienne dans les centres de nos villes n’était qu’une manière de prendre au mot l’incitation à venir fréquenter ce genre d’endroit. Ainsi, sur la vitrine d’une agence de voyage se côtoyaient ces deux inscriptions :  l’officielle prétendant de façon faussement amicale et pompeuse :  « Bienvenue chez nous ! », et celle, sobre et plus sincère, des visiteurs d’un soir, se contentant d’un laconique « Nous sommes passés ». Mais enfin, lorsque tant de façades affichent avec autant de vulgarité une passion si violente pour l’argent et la frime, leurs propriétaires ne prennent-ils pas le risque que l’on vienne en effet, un beau jour, ayant perdu toute patience, leur dire notre irritation ? Bref, nous avons déduit de toutes ces observations qu’il y avait eu des « casseurs ». Mais que celles et ceux qui n’ont jamais eu envie de lancer dans ces fallacieuses façades vitrées le moindre pavé leur jettent la première grenade assourdissante… Enfin, parcourant les rues de la ville pour regagner notre surprenant moyen de locomotion, nous avons dû respirer, avec les habitants de cette cité livrée aux caprices des escadrons de gendarmes, un air totalement pollué par les gaz lacrymogènes, lesquels furent répandus avec une absence irresponsable de sens de la mesure. Manifestement, tout avait été fait pour créer des conditions propres à exciter la juste colère des manifestants et, en soumettant tout le centre à une occupation policière digne de Kiev,  à susciter dans la population des sentiments d’exaspération vis-à-vis de ceux-ci. Mais de ce que j’ai vu et ressenti, je ne crois pas que cette dernière stratégie ait eu les résultats escomptés. Certes, les médias aux ordres ont mis en avant les « dégâts » provoqués par les « casseurs », et de ce point de vue, ces actions que l’on pourrait tout aussi bien considérer comme relevant de la salubrité publique pourraient nuire à la popularité du mouvement. Mais il y avait tant d’énergie et de conviction qui rayonnaient de ce défilé que ce qui restera sera la joie d’avoir été réunis pour une si belle cause, et cette joie est communicative…

[suite le témoignage de Quentin, ayant perdu son œil gauche]

Jyhel, du collectif NDDL de Nîmes

vu sur lesilencequiparle, 24 février 2014

[Nantes] Témoignage de Quentin, gravement blessé à l’oeil gauche

NdPN : suite à la manif de Nantes le 22 février, quatorze interpellations (selon la préfecture) ; cinq personnes passent en comparution immédiate aujourd’hui même. De nombreuses personnes ont été blessées lors de la manif à Nantes. Dont Quentin, qui témoigne.

Quentin, gravement blessé à l’oeil le 22 février à Nantes

retranscription du témoignage de Quentin, gravement blessé à l’oeil le 22 février à Nantes

Ca  a démarré vraiment quand on s’est retrouvés vers Commerce, au moment où  on devait remonter normalement le cours des 50 otages, ce qui était  censé être le parcours de la manif. Là, il y avait des cars de CRS et  des barrières qui bloquaient tout. Nous quand on est arrivés, direct on  s’est fait gazer. Il y a eu tout de suite des gaz lacrymo qui ont été  jetés sur les gamins, sur tous les gens qui étaient là.
>> écouter le son là : https://soundcloud.com/valk-photos/retranscription-du-t-moignage
>> lire la transcription ci-dessous :
>> et surtout faites tourner…

retranscription du témoignage de Quentin, gravement blessé le 22 février à Nantes23 février 2014, 15:33

Ca  a démarré vraiment quand on s’est retrouvés vers Commerce, au moment où  on devait remonter normalement le cours des 50 otages, ce qui était  censé être le parcours de la manif. Là, il y avait des cars de CRS et  des barrières qui bloquaient tout. Nous quand on est arrivés, direct on  s’est fait gazer. Il y a eu tout de suite des gaz lacrymo qui ont été  jetés sur les gamins, sur tous les gens qui étaient là.

Là c’était la manifestation paisible, normale ?

C’était  la manifestation paisible mais il y avait quand même déjà des gens un  peu excités déjà avant, depuis le début de la manif. Donc nous on est  restés un petit peu dans la zone, voir un peu ce qui se passait, et puis  après, sur les conseils des organisateurs et tout, on a continué à  marcher, à aller vers le point de ralliement, l’endroit où c’était fini,  pour qu’il y ait un mouvement et que ça s’essoufle un peu.

Après,  il y a eu plusieurs salves d’affrontement, des lacrymos qui  perpétuellement revenaient, lancés par les flics. Et moi, ce qui m’est  arrivé, c’est à la fin, on était vers la place Gloriette, entre  Gloriette et l’autre là, là où il y a le café plage, ce rond-point là en  fait, près du CHU justement. Et nous on allait pour se replier, on  rentrait, les CRS avançaient eux, avec les camions et tout le truc, et  moi je reculais avec tout un tas d’autres gens. Je reculais en les  regardant pour pas être pris à revers et pouvoir voir les projectiles  qui arrivaient. Et là, à un moment, j’ai senti un choc, une grosse  explosion et là je me suis retrouvé à terre et, comme ils continuaient à  nous gazer, ils continuaient à envoyer des bombes assourdissantes alors  que j’étais au sol, des gens ont essayé de me sortir le plus vite  possible, de m’emmener plus loin aussi. Et puis après  je sais pas trop,  on m’a mis dans une… les pompiers m’ont emmené quoi.

Et  donc, on dit que tu as reçu une grenade assourdissante qui, au lieu  d’être tirée en l’air, a été tirée de façon horizontale, dans ton œil ?

Je  l’ai prise directement dans le visage. Elle a explosé dans mon visage.  Vu ce que ça a fait… Elle a explosé là et c’est comme ça que moi je  l’ai ressenti, quoi. Le choc, ça a été un bruit et une douleur  extrêmement vive sur le coup, puis bon moi je me suis écroulé. C’est  vrai que c’était assez violent j’ai trouvé. Il y avait, de la part des  manifestants, des gens qui voulaient absolument lancer des trucs sur les  CRS mais les CRS, eux, gazaient n’importe qui. Et ils visaient, au  flash ball, ils étaient cachés, on les voyait viser, suivre des gens qui  marchaient ou qui couraient en face pour aller se mettre à l’abri. Ils  les visaient, les suivaient et shootaient, quoi. et ils visaient pas les  pieds. On a vu la façon dont ils tiraient, c’était très… c’était  ciblé.

Et toi tu étais là, en manifestant paisible, tu n’étais pas armé, tu n’avais rien dans les mains ?

J’étais  pas armé, j’avais pas de masque à gaz, j’avais pas de lunettes de  protection. On était là pour une manifestation familiale, festive, on  était là pour faire masse, pour faire du nombre. Et après, c’est vrai  que je suis resté même s’il y avait les lacrymos, parce que je trouvais  ça injuste et qu’il fallait rester. Y’avait des gens, y’avait des pères  de famille, y’avait des anciens, y’avait un petit peu de tout et voilà,  moi je voulais rester aussi avec les gens pour montrer qu’on était là  mais sans…

(Quentin n’a plus d’œil gauche)

Vu sur Indymedia Nantes, 23 février 2014

[Poitiers] Soutien à la famille Abgaryan

NdPN : voir ici aussi

Famille Abgaryan : Un nouveau mouvement de mobilisation qui pourrait prendre de l’ampleur

Plus de 80 personnes se sont réunies samedi 22 février sur le parking devant le restaurant Universitaire Rabelais, pour soutenir la famille Abgaryan contre laquelle la préfecture s’acharne avec la brutalité qu’on lui connaît. La grande majorité étaient des personnes proches scandalisées par ces mauvais traitements : des membres de la section de natation synchronisée de l’ASPTT Poitiers, des parents d’élèves et des enseignants du collège Ronsard et de l’école Coligny-Cornet où sont scolarisés les enfants, des amis… Ils étaient soutenus par des militants associatifs et politiques : Cimade, Secours populaire, Resf86, Dal86, EELV, les Alternatifs… La presse, France 3 et la Nouvelle République – Centre Presse était aussi présente.

Malgré cela les pouvoirs publics n’ont pas voulu céder et Monsieur Agbarayan a été maintenu en rétention par le juge des libertés pour 20 jours supplémentaires.

Les soutiens de la famille ont toutefois fait circuler une pétition qu’on ira déposer à la préfecture lundi 24/02 à 14h avec les autres pétitions déjà faites en particulier cette fabuleuse pétition des élèves du collège qui comporte pas moins de 169 signatures.

Merci de venir soutenir par votre présence la famille Abgaryan et d’en parler et de diffuser massivement cette information autour de vous.

Quelques commentaires :

Le père de famille est tombé lundi 17 février dans un véritable traquenard tendu par la police. Comme expliqué dans le communiqué de la Cimade, « Lors d’un contrôle routier Monsieur Abgaryan montre son permis de conduire rédigé en russe. Les policiers lui demandent alors de passer au Commissariat pour vérification de ce permis. Il se rend donc à cette convocation, mais arrivé au commissariat de Poitiers, il n’est plus question de vérification du permis mais de sa situation administrative… ». Il est arrêté et, alors qu’il est régularisable puisqu’il entre très clairement dans le cadre de la circulaire Valls, la préfecture lui  donne une OQTF, puis la police le conduit au centre de rétention (CRA), cette prison pour étrangers, de Bordeaux.

La police de Poitiers est coutumière de tels procédés VOIR. Mais le scandale n’est pas que là. Il est clair, comme le titre La Cimade, que « la Préfecture de la Vienne pratique l’arbitraire absolu pour l’application de la circulaire Valls ». La politique « sociale » de la préfecture est ségrégationniste et déportationniste. Pour que les bons poitevins puisent vivre entre eux, il faut se débarrasser des sans papiers et autres indésirables. Pour cela, il faut mettre en œuvre une politique répressive pour amener les importuns à quitter Poitiers et une politique dissuasive pour empêcher que les sans papiers et indésirables d’ailleurs ne viennent à Poitiers. Les mauvais traitements infligés à la famille Abgaryan entrent dans ce cadre-là. Comme à tous les sans papiers et autres indésirables, il faut leur pourrir la vie continuellement, les empêcher de subvenir à leurs besoins, de vivre décemment, saboter tout ce qui peut l’être, dénigrer ce qu’ils font et ce qu’ils sont, les harceler et les terroriser afin qu’ils se sentent en insécurité et qu’ils craquent et fuient Poitiers sans demander leur reste.

Non, comme beaucoup d’autres, les Abgaryan resteront à Poitiers. Bien plus cette politique débile de la Préfecture peut se montrer contre productive car elle a tendance à multiplier les mobilisations. Après la mobilisation pour Manadou Camara le 12 février dernier,  celle d’hier 22 février, soit 10 jours après, a toutes les chances de conduire aux mêmes résultats : annulation de l’OQTF et obtention d’un titre de séjour.

Nous ne nous permettrons pas de donner des conseils tactiques à la préfecture mais, selon nous, dès qu’elle a eu vent vendredi soir que les membres de la section de natation synchronisée de l’ASPTT Poitiers, les parents d’élèves et des enseignants du collège Ronsard et de l’école Coligny-Cornet ont décidé de créer un comité de soutien et de faire une conférence de presse le samedi à14h, elle aurait dû immédiatement calmer le jeu et annuler l’OQTF et permettre à M. Abgaryan de revenir dans sa famille à Poitiers. Comme elle n’a pas eu l’intelligence de le faire, elle aurait dû réagir hier et s’arranger avec le juge des libertés et de la détention (JLD) pour que M. Abgaryan soit au moins libéré de suite. Le mal est déjà fait mais il reste encore une chance à la préfecture de s’en sortir la tête plus ou moins haute : annuler l’OQTF avant le rassemblement avec remise des pétitions de demain. Plus la préfecture attend et plus elle devra céder. Au lieu de n’être forcée que de libérer M. Abgaryan, il faudra qu’elle annule l’OQTF, puis qu’elle régularise la famille Abgaryan, puis qu’elle annule tous les OQTF et  régularise toutes les familles qui de proche en proche vont entrer nécessairement dans la lutte.

En effet, rien qu’au Dal86, nous connaissons soixante dix enfants soumis à l’acharnement de la préfecture, qui sont soit sous le coup des OQTF de leurs parents soit dans de grandes difficultés concernant le logement (au CHUS « 115 », à l’hôtel, dans des conditions de logement ou d’hébergement indignes…) puisque leur parents n’ont pas de titres de séjours ou des titres de séjours précaires. Nous faisons l’hypothèse que la Cimade et le Toit du monde en connaissent de nombreux autres. Tous ne sont pas scolarisés mais ceux qui le sont, étudient dans de nombreux établissement scolaires de Poitiers, sont dans de nombreux clubs sportifs, fréquentent différentes associations, ont des amis et des voisins…

Hier c’étaient les élèves, parents d’élèves, enseignants et administration du lycée Aliénor d’Aquitaine, aujourd’hui c’est le club de natation synchronisée de l’ASPTT Poitiers, les parents d’élèves et des enseignants du collège Ronsard et de l’école Coligny-Cornet. Demain ce seront les autres enfants dont les parents n’ont pas de titres de séjours ou des titres de séjours précaires scolarisés dans ces établissements. Ces familles fédéreront autour d’elles d’autres familles dont les enfants sont dans d’autres établissements, d’autres clubs sportifs, d’autres associations… Après-demain ce seront les autres enfants dont les parents n’ont pas de titres de séjours ou des titres de séjours précaires scolarisés dans ces autres  établissements.

Mais peut-être est-ce déjà trop tard ? La préfecture de la Vienne intransigeante et revancharde n’ayant pas tiré les leçons de son revers dans le dossier de Mamadou Camara et/ou souhaitant se refaire et reprendre la main, à quelques jours des élections municipales, s’en est prise stupidement à la famille Abgaryan en tendant un traquenard au père, en lui donnant une OQTF et en le conduisant en rétention au CRA de Bordeaux. Mal lui en a peut-être pris.

Mobilisons-nous massivement demain lundi 24 février à 14h devant la préfecture ! Parlez-en massivement autour de vous ! Soyons nombreux !

Et mobilisons-nous encore autant de fois qu’il faudra pour faire échouer cette politique stupide de la préfecture !

DAL 86, 23 février 2014

Mise à jour 24 février 2014 : rassemblement réussi : plus d’une centaine de personnes, et recul de la préfecture qui assure prendre en compte la situation pour une probable régularisation. La lutte collective paye, continuons la lutte ! Une dépêche de la Nouvelle République :

86 –  Un père arménien vivant à Poitiers menacé d’expulsion : une petite avancée

Une délégation de membres proches de la famille de Karen Abgarian un père de famille d’origine arménienne menacé d’expulsion, a été reçue cet après-midi par le directeur du cabinet de la préfète. La délégation a été constituée après un appel lancé par des associations (Cimade, Secours Populaire, ASPTT natation, Dal 86…) à se réunir sur la place de la préfecture de Poitiers. A l’issue de l’entrevue, la délégation a rapporté des propos « plutôt positifs »: « Le directeur du cabinet, très à l’écoute, a expliqué que le dossier serait réétudié », selon les membres de la délégation. Le niveau d’intégration des parents et des enfants pourraient être davantage pris en compte. Plus d’une centaine de personnes sont venues cet après-midi soutenir la famille Abgarian (Nariné, son épouse et ses trois enfants) tous d’origine arménienne et résidant en France depuis 5 ans.

NdPN : Mise à jour 27/02/2014 : un article de la NR montre l’inflexion de la préfecture suite à la mobilisation. L’OQTF n’est pas tombée mais le père serait libéré du CRA de Bordeaux. La lutte continue !

Le papa arménien entendu

L’obligation de quitter le territoire français prise à son encontre n’est pas levée. Mais la décision prise par Élisabeth Borne hier lui fait espérer un meilleur traitement. Karen Abgarian, père de famille d’origine arménienne, arrêté lundi soir lors d’un contrôle routier à Poitiers et envoyé en centre de rétention à Bordeaux, va voir sa situation réexaminée. La préfète a été « sensible à la démarche de soutien spontanée de la part de nombreuses personnes proches de la famille, ce qui démontre son degré d’intégration. » Sensible aussi aux « nombreux efforts de la famille pour s’intégrer en France, aux résultats scolaires remarquables des trois enfants, et à leur investissement dans les clubs sportifs. » Mme Borne liste même les membres de la délégation qui est venue en préfecture lundi : parent d’un camarade d’école, représentante de l’ASPTT natation, du Secours populaire, de la Cimade et enseignante de collège. La preuve que la mobilisation peut payer.

J.-J. B., Nouvelle République, 27 février 2014

[Nantes] Communiqué des organisateurs-trices de la manifestation anti-aéroport du 22 février.

Communiqué des organisateurs-trices de la manifestation anti-aéroport du 22 février.

La manifestation d’aujourd’hui a connu une mobilisation inégalée.

520 tracteurs, venus de tous les départements limitrophes ont été comptés, deux fois plus que le 24 mars 2012 à Nantes. Cela marque une implication massive du monde paysan. Les tracteurs vigilants sont prêts à intervenir sur la zad.

Il y avait 63 bus venus de toutes les régions de France, deux fois plus encore que lors de la chaîne humaine. C’est le signe d’une mobilisation nationale et de la connection entre Notre Dame des Landes et d’autres luttes contre les grands projets inutiles et imposés.

Il y avait entre 50 et 60 000 personnes, plus encore que lors de la manifestation de réoccupation du 17 novembre 2012. Il s’agit de la plus grosse mobilisation du mouvement.

Le défilé a été festif, créatif et déterminé, avec des batukadas, salamandres, tritons géants, masques d’animaux marquant le refus de la destruction des espèces protégées et des mesures dites de compensation. Des prises de paroles et animations ont eu lieu jusqu’à 18h square Daviais.

La préfecture avait choisi de mettre Nantes en état de siège et de nous empêcher d’être visible dans le centre ville. C’est la première fois qu’on interdit à une manifestation d’emprunter le Cours des 50 Otages. Une partie du cortège est passée par l’île Beaulieu. Une autre a essayé de passer par le trajet initialement prévu et a fait face à une répression policière violente avec tir de flashball, gaz lacrymogènes et grenades assourdissantes. Cela n’a pas empêché les manifestant-e-s de rester en masse dans les rues de Nantes jusqu’à la fin.

Il existe différentes manières de s’exprimer dans ce mouvement. Le gouvernement est sourd à la contestation anti-aéroport, il n’est pas étonnant qu’une certaine colère s’exprime. Que pourrait-il se passer en cas de nouvelle intervention sur la zad ?

Cette journée est un succès et les différentes composantes de la lutte restent unies sur le terrain. L’opposition ne fait que croître depuis 30 ans. Le gouvernement n’a pas d’autre choix que d’abandonner le projet d’aéroport !

Contacts presse : COPAIN : Jean-François Guitton : 06 78 90 46 04 Coordination : Julien Durand : 06 33 51 01 35 ZAD : Camille : 06 32 98 78 36

Vu sur zad.nadir.org, 22 février 2014

NdPN : EELV condamne les « violences »…