Le Monde Libertaire n°1699 (du 14 au 20 Mars 2013)
NdPN : Le ML sort aujourd’hui jeudi en kiosques. Comme d’habitude, vous pouvez aussi vous le procurer à prix libre en nous écrivant. On en déposera aussi un exemplaire en consultation libre au Biblio-café de Poitiers. Trois articles d’ores et déjà en ligne sur le site du Monde Libertaire (voir liens ci-dessous). Bonne lecture !
«Ce que nous avons devant nous, c’est la perspective d’une société de travailleurs sans travail, c’est-à-dire privés de la seule activité qui leur reste. On ne peut rien imaginer de pire.» – Hannah Arendt
Sommaire
Actualité
Les femmes ne veulent pas de l’austérité, par S. Gérardin, page 3
Colère sociale, par G. Goutte, page 5
La Météo syndicale de J.-P. Germain, page 6
Kiosquiers, jusqu’au bout, par P. Salcedo, page 7
La Chronique néphrétique de Rodkol, page 8
Vous avez dit Chávez ? par El Libertario, page 9
Arguments
L’Afrique mise à mal, par P. Schindler, page 10
Écologie ou écologisme ? par Ph. Pelletier, page 11
Une histoire de « vieux croyants » de N. Potkine, page 14
Le néodarwinisme en question, par T. Lodé, page 15
Histoire
Les mémoires de Kropotkine, par P. Sommermeyer, page 17
Expressions
Enfumages, par Max, page 20
Le ciné de René, par R. Hamm, page 21
Mouvement
La vie du mouvement, page 22
L’agenda libertaire, page 23
Illustrations
Aurelio, Faujour, Krokaga, Lardon, La Sala
Editorial
Le coût du travail est trop élevé. Antienne sans cesse ressassée, jamais démontrée. À force de la seriner, elle passe pour une vérité. Et on en arrive à faire signer des « accords de compétitivité », par exemple chez Renault, qui font travailler plus pour gagner moins, en échange de peanuts. Au final, on licencie à tour de bras. Comme on ne peut pas tuer ces milliers de gens sacrifiés sur l’autel de l’économie, on s’empresse de transférer à la collectivité la charge de leur subsistance. Mauvaise pioche car si quelqu’un qui travaille subvient, même partiellement, à ses besoins, par contre quelqu’un qui ne travaille pas, est, complètement, à la charge de tous. On peut penser que c’est l’une des clés de la situation économique actuelle. Fabriquer des chômeurs d’un côté, des travailleurs pauvres de l’autre, cela bénéficie dans un premier temps à l’entreprise qui licencie, et à elle seule. Puis les coûts sont inévitablement transférés à la collectivité, qui devra finir par se payer sur la bête. Pour cela il n’y a pas 36 solutions : soit on socialise les entreprises et on réalise le communisme libertaire. Soit on tue les chômeurs. Soit enfin, on emprunte des sous à la banque, ce qui a ses limites, comme on le voit ces temps-ci. Ayant envisagé le chômage comme un poids dans l’économie capitaliste, considérons maintenant le travail. Non principalement dans son aspect rémunérateur, mais dans sa capacité à satisfaire les besoins de tous. Par exemple, si la même quantité de travail est nécessaire pour construire des logements dans une ville qui en manque et pour construire un grand stade tout neuf, devons-nous choisir de bâtir ce dernier ? Bien sûr que non. Et pourtant, le stade sera générateur de valeur ajoutée, d’emplois, bref de croissance et d’activité. Une activité (compétitions, concerts, etc.) qui débouchera sur une consommation et non sur une production. Il faudra bien que les spectateurs travaillent ailleurs pour financer, et à prix d’or, les vedettes qui s’exhiberont en ces lieux. Les emplois ainsi créés se révéleront donc non pas producteurs mais destructeurs de richesse. À coût égal, mieux valait garder des chômeurs. On se serait tous moins fatigués, et puis on aurait des logements neufs… Pourtant, dans ce pays où l’on manque cruellement de logements mais ni de stades ni de centres commerciaux, ce sont ces derniers qui fleurissent un peu partout comme des champignons. Il serait urgent donc, pour supprimer le poids que représente l’inactivité en même temps que celui de l’activité inutile (c’est-à-dire extrêmement rémunératrice pour une minorité, abominablement coûteuse pour le reste du monde), de reconstruire le monde sur des bases saines : produire utile et socialiser l’appareil productif.