Archives de catégorie : Feu aux prisons

Et pour quelques taulards de plus

Le gouvernement durcit encore l’arsenal anti-récidive

PARIS (Reuters) – Le gouvernement a présenté mercredi en conseil des ministres de nouvelles mesures de lutte contre la récidive qui intègrent un renforcement de l’évaluation de la dangerosité des délinquants.

Annoncé par Nicolas Sarkozy en septembre, le projet de loi de programmation relatif à l’exécution des peines est le huitième du genre depuis le retour de la droite au pouvoir en 2002.

Il prend un relief particulier après le viol suivi du meurtre d’une collégienne du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), dont est accusé un adolescent en attente de jugement pour violences sexuelles.

La porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, a souligné que, préparé depuis plusieurs mois, il n’avait pas été conçu pour réagir à ce drame, même s’il y apporte un certain nombre de réponses.

C’est le cas avec la création de 25 centres éducatifs fermés pour les mineurs, qui s’ajouteront aux 44 existants, et le développement du suivi pédopsychiatrique de leurs pensionnaires.

Le renforcement de l’évaluation des délinquants en est une autre, le gouvernement entendant éviter que, comme dans le cas du meurtrier présumé de la jeune Agnès, un juge ne décide une remise en liberté sur la base d’une seule expertise de nature psychiatrique.

« Il faut qu’on puisse estimer la dangerosité, l’éventualité de la récidive par des moyens plus scientifiques et pas simplement laisser à un seul expert le soin d’évaluer cette éventuelle capacité de récidive », a expliqué le Garde des Sceaux Michel Mercier.

« Pour les personnes non encore condamnées, on va mettre en place un système collégial avec plusieurs professionnels qui donneront un avis », a-t-il ajouté.

Pour les délinquants condamnés à de longues peines, le texte

prévoit la construction de trois centres nationaux d’évaluation supplémentaires, portant leur nombre à cinq.

Il comprend un dernier axe, l’augmentation du nombre de places de prison, qui passera de 57.000 à 80.000 à l’horizon 2017 pour réduire le nombre de peines en attente d’exécution.

OBLIGATION D’INFORMATION

L’accent sera mis sur l’ouverture d’établissements et de quartiers « courte peine » afin de mieux adapter le parc pénitentiaire « à la diversité des profils pris en charge ».

Le coût total de ce programme immobilier est chiffré par le ministère de la Justice à 3,08 milliards d’euros mais son impact sera très limité sur les deux premières années de la loi de programmation et concentré sur la période 2015-2017.

Toujours pour améliorer l’exécution des peines, le projet de loi prévoit la création de 120 postes de magistrats spécialisés et de 89 emplois de greffiers ainsi qu’un budget de 284 millions d’euros pour les systèmes d’information afin qu’ils soient mieux à même de « garantir la continuité dans la prise en charge des personnes condamnées ».

Michel Mercier a par ailleurs confirmé mercredi que, après le meurtre de la jeune Agnès, il enverrait une circulaire aux parquets généraux leur recommandant de requérir, pour les mineurs ayant « avoué des crimes sexuels particulièrement graves », un maintien en détention provisoire, soit un placement en centre éducatif fermé.

Il déposera d’autre part un amendement à son projet de loi faisant obligation d’information sur les cas graves, alors que l’établissement de Chambon-sur-Lignon où la victime était interne a assuré n’avoir pas été avertie du passé violent de son meurtrier présumé.

Le député socialiste André Vallini, chargé de la justice dans l’état-major de campagne de François Hollande, a estimé qu' »annoncer que l’on va placer tous les mineurs accusés de crimes sexuels dans des centres éducatifs fermés n’a aucun sens ».

« D’abord parce que ce sont les juges qui devront le décider, sur réquisitions du parquet certes, mais en toute indépendance. Ensuite parce qu’il faut personnaliser les réponses pénales et placer ces jeunes dans des structures diversifiées et adaptées comme le réclament les magistrats », a-t-il ajouté.

Il a déploré d’autre part qu’il n’y ait que 44 centres éducatifs fermés en France « alors qu’une centaine avait été annoncée »

Reuters, Yann Le Guernigou avec Sophie Louet, 23 novembre 2011

Solidarité avec les inculpé-e-s de Toulouse : Libération et arrêt des poursuites !

Solidarité avec les inculpé-e-s de Toulouse : Libération et arrêt des poursuites !

Le 5 juillet dernier, une dizaine de personnes ont pénétré dans les locaux de la Protection judiciaire de la jeunesse, à Labège dans la banlieue de Toulouse, pour manifester contre l’incarcération des mineurs. Selon La Dépêche du 6 juillet, qui s’appuie sur les déclarations faites aussitôt à la presse par le procureur de la République Valet, ces personnes étaient « “armées” de bouteilles dont elles ont déversé le contenu sur les bureaux et les ordinateurs. Un liquide marron au relent d’ammoniaque et qui pourrait contenir de l’urine et des excréments humains ». Elles sont reparties « après avoir lancé des tracts qui contiendraient des propos injurieux sur l’action éducative menée par la PJJ ».

Si l’acte réalisé à Labège n’a pas été revendiqué, il est survenu quelques semaines après celui d’Orvault, en Loire-Atlantique, où des gens ont écrit sur les murs de la PJJ de Nantes : « L’EPM tue » à la suite du suicide d’un mineur placé dans l’établissement pénitentiaire pour mineurs de cette ville. Il a également eu lieu après la révolte des jeunes détenus à l’EPM de Lavaur, dans le Tarn, en mai – et alors que le Parlement s’apprêtait à adopter une refonte de l’ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs, comprenant notamment la création d’un tribunal correctionnel pour les récidivistes de plus de 16 ans en ce qui concerne des délits passibles de plus de trois ans de prison.

Quatre mois plus tard mais « dans le cadre de l’enquête » sur l’action à la PJJ de Labège, une centaine de gendarmes ont opéré le 15 novembre à Toulouse une série de perquisitions et procédé à une dizaine d’interpellations dans plusieurs lieux d’habitation, pour l’essentiel des squats – embarquant au passage une famille de sans-papiers, et bien sûr ordinateurs et écrits divers. Ils ont placé en garde à vue six personnes (que la presse, comme à son habitude, et suivant en cela le ciblage policier destiné à criminaliser au maximum, s’est empressée de classer dans les « mouvances anarchistes »), et quatre d’entre elles se trouvent depuis en détention à la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses. Les chefs d’inculpation retenus contre elles, ainsi que contre une cinquième personne relâchée mais placée sous contrôle judiciaire, ne sont rien moins que :
– participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou de dégradations de biens ;
– violence commise en réunion sans incapacité ;
– dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en réunion.
De plus – et en dépit du fait que, au dire même du procureur Vallet, l’action menée « n’a finalement fait que peu de dégâts » –, le juge a refusé la mise en liberté provisoire des quatre prévenus au prétexte qu’ils et elles pourraient communiquer ensemble et prendre la fuite.

Le Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux dénonce à la fois la politique sécuritaire du gouvernement – dont la récente réforme sur la répression de la jeunesse ainsi que l’annonce d’un prochain décret permettant un fichage centralisé de la jeunesse (justice/école/santé) constituent des épisodes supplémentaires – et la répression menée à l’encontre des personnes actuellement incarcérées et poursuivies. Il leur exprime toute sa solidarité, et exige leur libération immédiate ainsi que l’arrêt des poursuites engagées contre elles.
 
Comité poitevin contre la répression des mouvements sociauxantirep86@free.fr – 23 novembre 2011

Prison d’Andenne: des menaces « sérieuses » proférées contre les gardiens

Prison d’Andenne: des menaces « sérieuses » proférées contre les gardiens

Le service minimum est toujours en cours à la prison d’Andenne suite aux émeutes de mercredi passé. Les détenus restent enfermés dans leurs cellules. Les agents ont eux été menacés.

Les agents pénitentiaires de la prison d’Andenne, dont plusieurs ont été menacés mercredi lors de l’émeute de détenus, sont désormais invités à garer leurs voitures personnelles dans l’enceinte de la prison, et non plus sur le parking du personnel à l’extérieur du site. « Il leur a été dit que l’on allait s’en prendre à leurs véhicules privés qui seraient notamment incendiés.

Les menaces proférées à l’encontre des gardiens sont prises très au sérieux, a expliqué notre envoyée spéciale Axelle Noirhomme.

 Les détenus maintenus dans leurs cellules

Syndicats et direction vont se rencontrer cet après-midi pour tenter de voir de quelle manière il est possible de continuer le travail dans ces conditions. Depuis mercredi passé, les détenus sont maintenus dans leurs cellules. Il n’y a ni visite, ni préau, ni cours parce que les salles de classe ont été saccagées durant les émeutes.

 Rappel des faits

Une note de service réglementant la pratique de la prière dans la prison avait déclenché mercredi soir une importante émeute à la prison d’Andenne. Les détenus avaient refusé de réintégrer leurs cellules et s’étaient livrés à un important saccage des lieux, boutant aussi le feu à certains endroits.

RTL info.be, 21 novembre 2011

Le 15 novembre à Toulouse

Le 15 novembre à Toulouse

Article et textes sur les récentes perquisitions et arrestations qui ont eues lieues à Toulouse dans le cadre d’une vaste opération de police.

Le 5 juillet dernier les locaux de la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse) de Labège ont été chamboulés, tagués, dans le but de protester contre sa participation à l’enfermement de mineur.e.s, parce qu’à l’EPM de Lavaur, associant la PJJ et l’administration pénitentiaire, des gosses – jugés « irrécupérables » – se faisaient défoncer par les mastards cagoulés des ERIS (Equipe Régionale d’Intervention et de Sécurité) pendant que la PJJ pleurait sur ses conditions de travail.

Le mardi 15 novembre à Toulouse, 7 domiciles sont perquisitionnés par une centaine de gendarmes qui saisissent ordinateurs, téléphones, livres, affiches et effets personnels de tou.te.s les habitant.e.s. A l’issu de ces perquisitions, 7 personnes sont placées en garde à vue, 4 autres sont auditionnées, et une famille en cours de régularisation est arrêtée puis relâchée dans la journée. Après 32h de garde à vue 4 sont placées en détention provisoire sur demande du juge d’instruction Monsieur Suc. Une personne est placée sous contrôle judiciaire, une autre doit rester à disposition du juge pour le reste de l’instruction en tant que « témoin assisté ». Les chefs d’inculpation sont les suivants : « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou de dégradations de biens », « violence commise en réunion sans incapacité » et « dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en réunion ».

Que les personnes arrêtées soient coupables ou innocentes, peu importe. En construisant toujours plus de murs, en nous enfermant physiquement derrière des barreaux ou dans des cases qui nous séparent, le système judiciaire et carcéral s’abat aujourd’hui, comme il s’abat tous les jours sur tant d’autres pour préserver les privilèges blancs, bourgeois, patriarcaux…

On ne taira pas notre rage, ni nos solidarités. Liberté pour elles et eux ! Liberté pour tou.te.s les enfermé.e.s !

Indymedia Paris, 18 novembre 2011

Un an de taule ferme pour tentative de vol de bonbecs

Un an de prison ferme pour des bonbons à 2 euros

La loi sur la récidive de 2007 et l’application de la peine plancher ont été instaurées pour décourager la délinquance. Mais parfois, elle conduit à des situations aberrantes. Exemple à Périgueux

 

Un Périgourdin a été condamné a été condamné hier à un an de prison ferme pour avoir tenté de voler un paquet de bonbons à 2 euros dans une supérette (Photo PR)

Un Périgourdin a été condamné a été condamné hier à un an de prison ferme pour avoir tenté de voler un paquet de bonbons à 2 euros dans une supérette (Photo PR)

La loi sur la récidive de 2007 et l’application de la peine plancher ont été instaurées pour décourager la délinquance. Mais parfois, elle conduit à des situations aberrantes comme celle qui s’est déroulée hier devant le tribunal correctionnel de Périgueux.

Ainsi, un Périgourdin âgé de 39 ans, récemment sorti de détention, a été condamné hier à un an de prison ferme pour avoir tenté de voler un paquet de bonbons à 2 euros dans une supérette le 16 juin 2010.

Absent à l’audience, l’homme qui présente une quinzaine de condamnations sur son casier judiciaire, devra en outre payer 750 euros de dommages et intérêts au policier qui l’avait interpellé ce jour-là puisqu’il a été également reconnu coupable d’outrage et de rébellion.

Sud Ouest, 10 novembre 2011