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Quand une sucette publicitaire devient une « zone autonome d’expression non-marchande »

Compte rendu de la journée du 22 octobre

Suite au succès de la journée mondiale des Indignés-révoltés-enragés-insurgés et au rassemblement de Poitiers (voir), nous avons décidé de recommencer en tenant compte des demandes et en axant plus fortement sur la dimension “action”. Nous avons donc proposé une nouvelle journée des Indignés-révoltés-enragés-insurgés à Poitiers, samedi 22 octobre à partir de 15h place du marché sous l’arbre à palabre (près du parvis de notre dame).  Nous nous sommes retrouvés une dizaine, tous des acteurs historiques, et nous avons décidé de faire une action antipub avec mur d’expression et tractage. Encore beaucoup de personnes contactées et de très bon contacts.

Camp de travail à Poitiers

Poitiers, au mois d’Août 2011.

Il fait chaud. La moitié seulement de la France est en vacances et les chômeurs se rendent tout de même dans les locaux de Pôle Emploi pour répondre aux convocations.

En se dirigeant vers la porte d’entrée de cette agence située à Saint Benoit, rue de la goélette, à deux pas de la salle des fêtes, les demandeurs d’emploi sont accueillis par une abjection, une inscription traçée à la bombe, taguée en pleine nuit.

Le travail rend libre « Arbeit Macht Frei ».

Banalisation de l’horreur

La faculté d’endurcissement de nos contemporains n’a pas de limites.

Preuve s’il en est que ce pays peut absorber n’importe quelle vomissure avec la meilleure conscience.

Dans quel dessein ? Quel sens attribuer à cette horreur ?

Pôle Emploi serait-il considéré comme un camp de travail dans lequel chacun serait obligé de travailler ?

Le travail rend libre, cette devise du NSAPD a fait son apparition dans les années 20. Elle est, à l’origine, le titre d’un roman de l’auteur nationaliste allemand Lorenz Diefenbach paru en 1872.

Ce slogan fut repris dans les années 1930 par le Parti national-socialiste ouvrier allemand (Nationalsozialistische deutsche Arbeiterpartei) qui l’a adopté comme un refrain.

C’est le général SS Theodor Eicke qui ordonna l’apposition de la phrase à l’entrée des camps de concentration et des camps d’extermination.

Les agents (et agentes) de Pôle Emploi passent devant tous les matins et tous les soirs. L’une d’elles est interrogée gentiment par un passant qui lui montre l’inscription et lui fait part de ses interrogations.

Elle répond tout aussi gentiment qu’elle ne comprend pas l’allemand et qu’elle ne sait donc pas ce qu’il y a écrit sur le mur.

Le passant, surpris, se tourne vers sa compagne et dit « Moi non plus, je ne connais pas l’allemand, mais là, tout de même… ».

Aux dernières nouvelles, l’inscription se trouve toujours sur le mur de cette petite construction.

Les « tags » se multiplient en ville, sur les murs des particuliers et même des voitures et l’agglomération de Poitiers mobilise ses équipes pour les effacer.

Celles-ci sont surchargées… Peut-être à la rentrée, quand les effectifs seront à nouveau au complet.

Photo datée du 22 Août 2011, inscription toujours visible le 4 septembre

Paul Lémand, Agoravox, 10/09/2011