Que faut-il faire en cas d’accident nucléaire ?
Un membre de la CLI de Civaux a interrogé différents organismes sur les recommandations en matière de prise d’iode. Les réponses divergent…
En membre de la Commission locale d’information (CLI) de la centrale de Civaux qui se respecte, Jacques Terracher a attentivement lu le Plan particulier d’intervention (PPI) et le plan Orsec-iode qui définissent notamment des recommandations pour la prise de pastilles d’iode en cas de pollution radioactive.
A l’issue de cette lecture exigeante, le représentant de l’Association pour la cohérence environnementale en Vienne (Aceve) s’est posé deux questions. Un : les doses de radioactivité retenues pour ordonner à la population de se mettre à l’abri (10 millisieverts) et pour prendre la pastille d’iode (50 mSv) ne sont-elles pas dangereuses quand on sait que la dose normale admissible est de 1 mSv ? Deux : quelle est l’efficacité d’une pastille d’iode si elle est prise après la contamination dans la mesure la notice recommande de la prendre avant ?
Stocks insuffisants
A ces deux questions, les quatre organismes qu’il a contactés (la Direction générale de la santé, le Criirad, l’ASN et l’IRSN*) ont apporté des réponses parfois très différentes. « À part la réponse de la Criirad, connue pour son indépendance et sa compétence, les réponses des organismes officiels se veulent rassurantes », observe Jacques Terracher. « L’ASN précise que la dose normale admissible est de 1 mSv par an tandis que les doses limites d’intervention de 10 et 50 mSv sont des doses pour 24 heures calculées, estimées, donc non réelles. Pour le ministère, une exposition inférieure à 100 mSv est inoffensive alors que pour l’IRSN il y a un risque proportionnel à la dose suivant une loi linéaire sans seuil. » Tout le monde semble en revanche assez d’accord pour reconnaître que les pastilles d’iode doivent être prises « à titre préventif, donc peu de temps avant l’exposition à la pollution radioactive ». « L’efficacité décroît ensuite jusqu’à zéro au bout de 24 heures », ajoute Jacques Terracher en faisant remarquer que les stocks départementaux ne sont pas suffisants pour toute la population et que les délais d’acheminement depuis Toulouse pour le Sud-Ouest sont trop longs.
« Aller le plus loin possible ! »
Quels enseignements en tirer ? « Ces différentes appréciations de la situation d’un accident nucléaire doivent permettre à chacun de se faire sa propre opinion quant à la conduite à tenir en de telles circonstances », estime ce membre exigeant de la CLI. Pour sa part, Jacques Terracher sait ce qu’il ferait le cas échéant : « La meilleure des protections, c’est de partir en train, en avion ou en voiture mais d’aller se mettre à l’abri le plus loin possible ! »
* Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité, Autorité de sûreté nucléaire et Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.
Renseignements : www.cli-civaux.fr
Baptiste Bize, Nouvelle République, 23 octobre 2013