[Poitiers] Expulsion du squat des Glières : solidarité avec nos camarades Roms pour le droit au logement et le droit de vivre ensemble !

NdPN : infos données en direct par des militants du DAL 86

8h15 : Appel à soutien ! Expulsion en cours du squat du 26 avenue du plateau des Glières, à Poitiers. Une vingtaine de policiers présents.

8h40 : Les habitant-e-s (soit 25 personnes, dont deux femmes enceintes et une douzaine d’enfants) sont embarqué-e-s dans des fourgons de la police.

9h10 : les expulsé-e-s seraient emmené-e-s au gymnase des Ecossais

9h45 : confirmation, les expulsé-e-s sont bien au gymnase des Ecossais. Les flics toujours là. La Croix-Rouge va prendre le relais.

9h55 : un article dans la Nouvelle République :

Des Roms expulsés d’un squat à Poitiers

Les vingt-cinq personnes qui occupaient un logement de l’avenue du Plateau-des-Glières depuis plusieurs mois ont été évacuées par la police, ce matin.

Expulsables depuis le 13 octobre dernier, les Roms qui squattaient des locaux (non-chauffés) dans l’avenue du Plateau-des-Glières depuis plusieurs mois, à Poitiers, ont été évacués ce matin. Les forces de l’ordre sont intervenues vers 8 h 20 en invitant les vingt-cinq membres de la famille élargie à monter dans des minibus, sous le contrôle d’un huissier de justice et en présence de représentants du collectif Romeurope.

L’évacuation s’est déroulée dans le calme. Les Roms expulsés, parmi lesquels quatorze mineurs, ont été conduits au gymnase des Ecossais, dans le quartier de la préfecture, où ils ont été confiés à la Croix Rouge pour être provisoirement relogés. Une dame âgée du groupe qui dit avoir subi une intervention chirurgicale vendredi et une jeune femme enceinte de huit mois doivent par ailleurs être reçues en préfecture ce matin.

Dans un communiqué, la préfecture de la Vienne indique cette opération a été menée « en application d’une décision judiciaire du 7 juin 2013 prononçant l’expulsion ». Elle ajoute qu’elle s’est déroulée « dans le respect des instructions de la circulaire ministérielle du 26 août 2012, relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des occupations illicites » : « Les entretiens préalablement menés ont permis d’appréhender au mieux, outre le parcours migratoire de ces personnes, notamment leur situation socio-professionnelle et leurs projets, la scolarisation des enfants, leur état de santé. »

Dimanche après-midi , ils avaient tenté d’investir les anciens locaux de la DDE, non loin de là, dans le quartier de la Blaiserie, pour établir un nouveau squat moins inconfortable. Ils en avaient été empêchés par la police qui était intervenue après le dépôt d’une plainte par le conseil général de la Vienne, propriétaire des lieux.

Nouvelle République, 23 octobre 2013

13h05 : Diviser pour mieux expulser ! Si 4 régularisations ont été prononcées pour des femmes, en revanche 6 OQTF (obligation de quitter le territoire français) viennent de tomber sur des hommes (30 jours avant éxécution)… voilà toute la belle politique familiale de l’Etat français ! Des hébergements à l’hôtel auraient été proposés. Le collectif des habitant-e-s du squat des Glières, organisé au sein du DAL 86, envisage de trouver rapidement des suites pour dénoncer le traitement qui leur est fait, et invite tout le monde à les soutenir !

Après-midi : Communiqué du DAL 86 :

Un vrai scandale : La Famille C. démantelée : 4 récépissés et 6 OQTF !

Vers 8 h ce matin une trentaine de policiers sont entrés dans le squat, ont aidé les habitants à faire leur valise et les ont conduit en fourgons au Gymnase rue des Ecossais au centre ville où ils sont arrivés vers 9h30 et ont été pris en charge par la Croix Rouge prévenue seulement à 8h.

La mère de famille et ses trois enfants mineurs, sa fille enceinte de 7 mois et ses 3 enfants sont allés à leur rendez-vous à 10h à la préfecture chercher leur récépissé de trois mois et ont appris qu’une autre des sœurs, son conjoint et leurs deux enfants avaient eux aussi un récépissé de 3 mois.

Vers 13h les autres adultes ont reçu leurs Obligations de Quitter le Territoire Français sous 30 jours.

Tout cela a de quoi laisser pantois Nous comprenons maintenant pourquoi il aura fallu déployer ces gros moyens pour expulser cette famille élargie composée de 25 personnes de leur squat de l’avenue du plateau des Glières et les amener au gymnase des Ecossais : il fallait réussir à leur signifier que la famille serait démantelée et que leur filles, sœurs et frère que les petits-enfants allaient retourner en Roumanie !

Quelle horreur ! Ces 25 personnes sont toutes les membres d’une même famille sur trois générations. Pourquoi encore les séparer, elles qui avaient exprimé le souhait de vivre tous ensemble ? Pourquoi les renvoyer en Roumanie alors qu’ils n’y ont plus plus de famille  ! Qu’ils n’y ont plus de maison ! Plus rien ! Ils ont d’ailleurs quitté ce pays il y a longtemps : 10 ans, il sont restés en Italie et sont venus à Poitiers en juillet 2012. Pourquoi les expulser puisque leurs enfants sont scolarisés à Poitiers ? Quelle brutalité ! Quel scandale !

Rappelons que M. Séguy le secrétaire général de la préfecture avait déclaré concernant les habitants du squat des Glières, sur la plateau de France 3 qu’il y avait autre chose à imaginer et qu’il ne les renverrait pas par avion dans leur pays ! 5 mois après, et suite à un pseudo diagnostique social, la préfecture délivre 6 OQTF à des hommes et des femmes dont une est enceinte et qui ont 6 enfants scolarisés. De qui se moque-t-on ?

Annulation immédiate des OQTF – Reconstitution et relogement de la famille C

DAL86dal86@free.fr – 06 52 93 54 44 / 05 49 88 94 56 Permanences : tous les samedis matin de 11h à 12h  Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc Poitiers

Vu sur DAL 86, 23 octobre 2013

24 octobre 2013 : un article de La Nouvelle République :

Roms : expulsés du squat le matin, relogés le soir

Huit heures du mat’, avenue du plateau des Glières. Dans le squat sordide, déclaré insalubre, tout est calme. Reposé. Les forces de l’ordre arrivent. Vendana raconte la suite. « La police est venue le matin tôt. Ce fut une grande surprise. Il a fallu réveiller les enfants et les habiller à la hâte. Nous avons rassemblé nos affaires et nous sommes montés dans des camions qui nous ont amenés jusque-là. » Il est 9 heures et quelque ce mercredi matin. La jeune mère de famille s’exprime devant le gymnase des Ecossais. A l’intérieur, une employée de la préfecture fait ses comptes. Les 25 Roms, hommes, femmes et enfants sont là. Des policiers surveillent, « entrée interdite ». Des membres de la Croix-Rouge distribuent des boissons chaudes et fruitées, « un café ? » Des bambins font des galipettes sous la pancarte « Poitiers aime le sport. » « J’ai été prévenu la veille au soir, confie le député-maire Alain Claeys. J’ai accepté immédiatement de mettre à disposition cet équipement municipal adapté. Sans réticence. Les deux principes essentiels à mon sens, légalité et humanité ont été respectés dans cette affaire. »

 » Les enfants habillés à la hâte  »

Le sujet est toujours aussi sensible, la tension reste palpable. Mélanie Forestier, du collectif Romeurope 86, arrive les larmes aux yeux. « Ce n’est pas des méthodes. » Le directeur départemental de la sécurité publique Jean-François Papineau et son adjoint Laurent Siam, sont là. « Pas de commentaires, il faut voir avec la préfecture. » Les services de la préfète viennent justement d’éditer un communiqué. Extrait. « L’ensemble immobilier occupé illégalement par 25 personnes d’origine roumaine, dont 11 adultes et 14 mineurs, tous de la même famille, a été évacué en application d’une décision judiciaire du 7 juin 2013 prononçant l’expulsion et pour laquelle le concours de la force publique a été accordé. Cette opération a été menée dans le respect des instructions de la circulaire ministérielle du 26 août 2012, relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des occupations illicites […] Il convient de préciser que l’ensemble immobilier concerné, situé en bordure de route nationale, avait fait l’objet d’un arrêté préfectoral d’insalubrité ainsi que d’une demande de permis de démolir. » David Duprez arrive. Le directeur départemental de la Croix Rouge est très attendu. « Je viens d’être prévenu. Je suis là à titre humanitaire pour rassurer, prendre en charge et apporter des soins. J’ai pris contact avec des médecins du relais Georges-Charbonnier. Après s’être reposées et restaurées dans ce gymnase, où cinq de nos permanents et des bénévoles sont à pied-d’oeuvre, ces personnes vont être orientées vers un hébergement d’urgence pour la nuit. » Midi attend, l’ambiance se détend. Speranta, la mammy, la mamma, opérée vendredi et Ceracela, enceinte de 8 mois, reviennent avec un récépissé notifiant une autorisation de séjour de trois mois. « La lutte n’est pas vaine », souffle un militant associatif. Dans la rue, on discute gobelet à la main et cigarette au bec. Après manger, les camionnettes repartent avec hommes, femmes et enfants. Direction les hôtels, deux établissements poitevins (à Beaulieu et à la gare) accueillent la grande famille. 14 h 45, les Roms ont passé leur chemin vers de nouvelles errances. La rue des Ecossais, qui relie le commissariat à la préfecture, a retrouvé ses habitudes passantes. Comme si de rien n’était…

Voir la vidéo sur nos sites : lanouvellerepublique.fr et centre-presse.fr

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Certains peuvent rester, d’autres non

La préfecture avait prévenu dans un communiqué matinal. Certains Roms pourraient rester, mais pas tous. « Parmi les occupants, suite à l’évaluation de leur situation, un certain nombre va bénéficier d’une autorisation de séjour. Au regard de leurs situations et de leurs antécédents, d’autres vont se voir notifier une obligation de quitter le territoire français. Les prochains jours seront mis à profit pour organiser leur retour dans de bonnes conditions. » Deux récépissés d’autorisation de séjour (deux autres sont annoncés) et six OQTF (Obligation de quitter le territoire français sous 30 jours), concernant une quinzaine de Roms, ont été délivrés hier : les 25 membres de cette grande famille vont être séparés au grand désarroi des intéressés. « Je ne comprends pas, souffle cette jeune femme désemparée. Mon fils est né à Poitiers, ma fille est scolarisée à l’école Paul-Fort. On est vacciné. On a fait tout ce qu’on nous a demandé. » Les associations de défense comme le DAL 86 s’interrogent. « Pourquoi encore les séparer ? Pourquoi les renvoyer en Roumanie alors qu’ils n’y ont plus de famille ? Qu’ils n’y ont plus de maison ! Plus rien ! »

Loïc Lejay, Nouvelle République, 24 octobre 2013