Suite à la dégradation ce jour même de la note de la dette de l’Etat français par l’agence de notation Standard & Poor’s, le premier Sinistre Ayrault et le Sinistre de l’Economie et des Finances Moscovici y sont allés de leurs jérémiades de laquais, en premiers de la classe indignés de ne pas avoir eu la meilleure note pour leurs bons et loyaux sévices.
Les deux « socialistes » ont pourtant fait ce que le capitalisme ne cesse d’exiger d’eux, en poursuivant des « réformes » de compétitivité et de rationalisation du budget (comprendre : pressurer les salaires directs et indirects et écrabouiller les droits sociaux). Et nos deux calimayrault, pour démontrer leur servilité, de surenchérir sur les réformes des retraites et du marché du travail qu’ils sont en train de mettre en œuvre : on va faire manger toujours plus de spaghettis hard discount tous les jours aux petits vieux et aux précaires, comme les marchés nous le demandent, et les marchés nous tapent sur les doigts ? Z’est vraiment trop inzuste !
N’ayant en vue que leur baromètre d’impopularité virant au rouge avec la grogne sociale, craignant pour leur petit pouvoir de représentants de la misère politique instituée, les deux bureaucrates auraient-ils oublié qu’ils servent l’ogre capitaliste, dont l’appétit de destruction est par définition insatiable ? Standard & Poor’s le dit en tout cynisme : ses perspectives se basent sur l’évaluation des capacités du gouvernement à mettre en œuvre de NOUVELLES réformes structurelles pour « dégager de la croissance » (du capital), c’est-à-dire de nouvelles étapes dans la grande casse sociale pour saigner à blanc les prolos.
Standard des Pauvres argumente son annonce en évoquant les chiffres élevés du chômage en France, qui obéreraient le budget de l’Etat, alors même que ce sont les marchés boursiers qui poussent aux licenciements massifs auxquels on assiste ! La situation illustre bien les contradictions du capitalisme : l’Etat écrase la rémunération de la force de travail au profit du capital comme on le lui demande, en faisant passer la pilule par son vernis social. Mais si les prolos n’ont plus rien en poche, sur quoi le capital va-t-il pouvoir exercer son racket, sinon sur les finances mêmes de l’Etat « social » ?
Derrière les lettres « AA » se cache tout simplement une spéculation financière à la baisse sur la dette de l’Etat, dernier filon de la machine à fric emballée dans sa course folle à la ruine, poussant les gestionnaires politiques du capitalisme à restructurer toujours plus en débarrassant l’Etat des derniers oripeaux « sociaux » dont il s’était paré pour relancer la machine du profit après la seconde guerre mondiale. Le profit issu de la sphère productive étant toujours plus réduit voire devenu nul du fait des contradictions du capitalisme, il s’agit d’accroître toujours plus le volume de racket financier sur la dette de l’Etat (elle-même racket de la force de travail présente et à venir), de syphonner toujours plus les services publics et les salaires directs et indirects.
Or à force de transformer tout et n’importe quoi en cadavre pour se maintenir, le Capital sape ses propres bases, en dévorant la main des Etats qui permettent justement les conditions mêmes de son existence, en faisant rentrer le pognon par ses forces armées, en réprimant ou en vaselinant la contestation, en garantissant l’existence de la valeur monétaire elle-même. Une fois disparue l’illusion du vernis social de l’Etat, une fois remis en plein jour dans toute leur violence les piliers régaliens de l’Etat, une fois généralisées la pauvreté, l’exclusion et la précarité qu’engendre le système capitaliste à l’échelle de la planète, les prolos risquent bien de basculer dans la révolte générale. L’argent au feu ? Les capitalistes et les politicards au milieu !
Et l’humanité hélas, si nous ne nous donnons pas les moyens de nous réapproprier le monde et de nous organiser de façon libertaire, égalitaire et solidaire. Face au veau d’or de la destruction sociale, auquel vouent un culte les pantins encravatés des partis politiques qui tous briguent les ors de la république bourgeoise, les seuls A qui offrent une perspective « stable » sont ceux de l’anticapitalisme anarchiste.
Juanito, groupe Pavillon Noir (FA 86), 8 novembre 2013
Une réflexion sur « Sur la dégradation de la note française par Standard & Poor’s »
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