[Poitiers] Le sinistre du travail dénigre les syndicalistes de Goodyear et rend visite à Vinci

Le Parti « Socialiste » n’en finit plus de se comporter en larbin du capitalisme le plus abject. Michel Sapin, ministre du travail, a exprimé une condamnation ce matin, sur France-Inter, des salariés de Goodyear ayant séquestré leurs dirigeants. Actes qu’il qualifie d’ « illégaux » et d’ « atteintes aux personnes » « dégradantes pour l’image humaine ». Cette déclaration répond sans doute à l’énième provocation de l’odieux patron de Titan International Maurice Taylor, qui venait justement d’inviter le gouvernement français à se positionner en des termes pétris d’un mépris de classe puant :

« Aux États-Unis, on appellerait ça un kidnapping. Ces gens seraient  arrêtés et poursuivis. C’est un crime très sérieux, vous risquez la  prison à vie. Mais en France, votre gouvernement ne fait rien, ça paraît  fou« . « Pourquoi ne vont-ils pas masqués, faire un hold-up dans une série de banques françaises? Ainsi, ils pourraient racheter Goodyear. Ils sont fous. « 

Le monsieur est connu pour ses déclarations hallucinantes contre des salariés syndiqués à la CGT (ultra-majoritaire à l’usine Goodyear), qui avaient souhaité le rencontrer mais qu’il avait refusé de voir, les traitant de « fous », de « timbrés », de « barjots du syndicat communiste » et de « stupides ». Le même PDG de Titan avait déjà adressé cette déclaration au ministre Montebourg :

« Titan va acheter un fabricant de pneus chinois ou indien, payer moins d’un euro l’heure de salaire et exporter tous les pneus dont la France a besoin. Vous pouvez garder les soi-disant ouvriers. Titan n’est pas intéressé par l’usine d’Amiens nord. »

Face à cette déclaration de guerre, opposant 1173 salariés jetés comme des détritus et insultés, ayant perdu 14 requêtes en justice, à un capitaliste de l’espèce la plus décomplexée… les ministres « socialistes » adoptent donc une posture de fidèles toutous du capital. Moscovici avait déjà parlé de « baisse des charges salariales » pour faire plaisir aux saigneurs du fric, Montebourg a condamné fermement avant-hier les syndicalistes, voici Sapin qui surenchérit. Elle est où la violence ? De quel côté, sinon de celui du Capital, et de l’Etat ? Au moins les choses sont claires.

Sapin qui s’indigne de la « violence » des salariés et se demande « pourquoi on est arrivé là », ferait peut-être bien de se méfier : face à ce mépris des salariés, il pourrait bien pousser d’autres velléités de séquestration et d’action directe aux prolos de ce pays, bien au-delà de quelques usines.

Mise à jour : heureux hasard… juste après avoir rédigé cet article, nous apprenons sur le site de la Nouvelle République que Michel Sapin se rendra lundi prochain à Poitiers. Evidemment pas pour rendre visite aux prolos jetés par leurs patrons, non, le monsieur ira faire risette avec ses copains de Vinci, parler « emploi » et « formation » au siège de Cosea, filiale de la multinationale à la tête du chantier de la LGV Tours-Bordeaux.

Pavillon Noir, 9 janvier 2013