NdPN : peu importe les masques successifs dont l’adversaire se revêt, mais il est toujours instructif d’apprendre leur processus de fabrication.
Un nouveau conducteur pour la locomotive Lisea
A mi-chemin de la construction de la future ligne à grande vitesse, Lisea, la société exploitante, vient de se doter d’un nouveau président.
Dans trois ans et demi, en juillet 2017, la nouvelle ligne à grande vitesse Tours Bordeaux verra circuler son premier TGV. Si tout se passe bien ? Non : c’est sûr. En tout cas, c’est Hervé Tricot, premier président de la filiale de Vinci, Lisea, chargée de l’exploitation de la ligne qui l’affirme, au moment où il cède sa place pour cause de départ à la retraite.
Hervé Tricot qui a gravi un à un les échelons de la hiérarchie pour terminer au plus haut niveau au sein du groupe Vinci est remplacé à la tête de Lisea, dont le siège se trouve à Poitiers, par un jeune (42 ans) ingénieur, passé par la prestigieuse école des Ponts et Chaussées.
Le tarif du péage sera supérieur aux prix pratiqués par RFF
Laurent Cavrois a débuté à Washington au sein de la Banque mondiale. Passé par la lyonnaise des Eaux (au Mexique), la SNCF et le groupe minier et nucléaire Areva, il a rejoint le pôle Concessions du groupe Vinci en 2006, où il s’est occupé du projet Charles-de-Gaulle express puis de la ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique. Il était jusqu’à présent directeur général adjoint de Lisea. Dans le prolongement de l’action d’Hervé Tricot, le nouveau président va accompagner la fin d’un chantier prévu sur six ans, d’un coût total de 7,8 milliards d’euros, dont la réalisation a été confiée à une autre filiale de Vinci créée pour l’occasion, Cosea (*). Mais le gros du travail de Laurent Cavrois consistera à entretenir les relations avec les clients de la ligne. Clients qui, au moins dans un premier temps, jusqu’à l’ouverture du transport des passagers à la concurrence, seront au nombre de un : la SNCF. Un client obligé (la compagnie ferroviaire est bien obligée de faire circuler ses TGV sur cette ligne) mais qui n’en est pas moins retors : « La SNCF, explique Laurent Cavrois, a tendance à dire : « Vu le péage que je vais payer aux méchants de Lisea, le tarif des billets va être élevé. » C’est vrai que, pour amortir notre investissement, nous serons sans doute 20 % plus chers que Réseau ferré de France. Mais comme le péage représente à peine 33 % du prix du billet, la SNCF ne devrait pas augmenter son prix de plus de 7 %. Mais je crains bien que l’augmentation pour les Bordelais ne soit supérieure ! »
(*) Une troisième société, Mesea, sera chargée de l’entretien de la ligne après son ouverture. Elle emploiera quelque 170 salariés, dont une partie devraient être recrutés parmi les milliers de salariés actuels de Cosea et de ses sous-traitants.
Lisea emploie actuellement 36 salariés, auxquels s’ajoutent une quinzaine de pesonnes travaillant pour des sous-traintants.
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Même si la fréquentation du train est d’abord la préoccupation de la SNCF, elle n’est pas indifférente à Lisea : plus nombreux seront les trains qui circuleront sur sa ligne, plus Lisea gagnera de l’argent (la date envisagée pour avoir remboursé les emprunts et commencer à faire du profit est gardée jalousement secrète). Hervé Tricot se dit persuadé que l’ouverture de la ligne à grande vitesse permettra de renverser la tendance qui a vu ces dernières années l’aéroport de Bordeaux-Mérignac et ses compagnies aériennes low cost prendre pas mal de parts de marché à la SNCF.