[Poitiers] Love Money (and FN) Café

Le « Love Money Café » est ouvert depuis l’an 2000, rue Carnot à Poitiers. Un lieu au nom décomplexé, avec sa jolie devanture « développons l’esprit d’entreprendre » !

Son patron organise des soirées sur le thème du langage des signes, ou du handicap (avec des patrons qui rencontrent des handicapés en recherche de taf)… et d’autres soirées.

Comme ses « jeudis de l’entreprise », un rendez-vous de patrons où l’on parle business, bourse et entreprise sans complexe. Mais quand on « love money », tout se vaut n’est-ce pas ? Libéralisme, tolérance, tout ça. Et on peut inviter n’importe qui au nom de la liberté d’exploiter d’entreprendre, et de la liberté d’expression. Mahyar Monshipour contre les discriminations, ou Patrick Coronas (conseiller municipal délégué à la maîtrise de l’énergie) en décembre pour le Parti Communiste… pourquoi pas. Mais le patron du LM Café a d’autres invités de marque.

Comme l’inénarrable Philippe de Bony, le 24 septembre 2013. Dirigeant de la Mutuelle de Poitiers, président de l’association des marchands du centre-ville (« Poitiers le Centre »)… celui qui veut que la police réprime les « marginaux » du centre-ville. Ce respectable agent d’assurance a aussi porté plainte contre un joueur de guitare sans le sou du centre-ville pour « agression sonore visant à troubler la tranquillité » dudit notable… ce qui avait amené le joueur de guitare au tribunal six jours avant la venue de De Bony au LM Café. Le joueur de guitare a été relaxé pour ce chef d’inculpation, mais a depuis renoncé à faire la manche…

Comme Eric Duboc (le 19 novembre 2013), ex-membre de la commission de la défense ayant contribué à installer le RICM à Poitiers. Ce patron, candidat aux prochaines municipales pour l’UDI, veut « défendre le commerce », « développer le tourisme d’affaires », mais aussi développer la « vidéoprotection dans tous les lieux sensibles » et les « centres commerciaux » à Poitiers. « Parce qu’il n’y a pas de liberté sans sécurité »… ben oui, la liberté de faire du fric vaut bien l’écrasement des libertés individuelles.

Comme enfin Alain Verdin, ancien policier à la retraite, pour une réunion publique du Front National, hier soir mardi 21 janvier. Qui y a évoqué, entre autres priorités chères à l’extrême-droite, son refus d’un minaret à la mosquée de Poitiers – un an après que des fachos aient occupé ladite mosquée, quelle classe – et a dénoncé les subventions au « communautarisme ». Etrangement, Verdin n’a pas évoqué les clochers catholiques, ni le soutien de membres du FN aux prières de rue anti-avortement d’extrémistes cathos… Alain Verdin vitupère contre les « marginaux » et autres dangereux pauvres qui « agressent » les bons Français et nuisent aux commerces du centre-ville. « Marginaux » qu’il faudrait réprimer en mode « tolérance zéro », car la « sécurité est la première des libertés » (juste avant « l’économie » : « inciter l’investissement privé » et « rigueur budgétaire »).

La liberté d’expression bourgeoise, et pourquoi pas raciste, répressive et nationaliste, ça se passe au Love Money Café !

Un petit montage rigolo, ben oui quoi, la liberté d'expression !
Un petit montage rigolo, ben oui quoi, la liberté d’expression !

Pavillon Noir, 22 janvier 2014