Ils ne veulent pas de carrières à leur porte
Le plan local d’urbanisme est en cours de révision en vue de créer des carrières de sable route de Lathus. Les riverains le découvrent et sont scandalisés.
Une tempête de sable souffle au sud-est de Montmorillon. Les habitants de l’allée des Maçons et des alentours viennent de découvrir avec stupeur l’ouverture d’une enquête publique dont la finalité est la création de carrières de sable sur des parcelles actuellement cultivées, de part et d’autre de la route de Lathus, entre le petit lotissement et la zone industrielle.
En décembre 2012, les élus avaient voté (1) pour cette révision du plan local d’urbanisme, afin de rendre les parcelles agricoles exploitables par les carriers, sous réserve que ces derniers (Iribarren et Bailly-Tartarin) obtiennent ensuite toutes les autorisations. L’information publiée dans nos colonnes n’avait alors pas suscité de réaction. Mais un an plus tard, la première étape publique de la procédure alarme les riverains, bien décidés à faire échouer le reclassement des zones. Une pétition doit être diffusée et une association formée pour organiser la riposte. « Pour l’instant, l’information passe par le bouche à oreille. Nous sommes environ 30 à être concernés, dont 18 familles dans le lotissement de l’allée des Maçons », affirme un de ces habitants, Daniel Deparis. En fin de semaine dernière, alertés par l’Association de sauvegarde de la Gartempe, ils sont tombés des nues. La colère a suivi la surprise. Tant sur le fond de l’affaire que sur la forme, avec les élections municipales en toile de fond.
« Où est l’intérêt général ? »
Christian Lajon, vice-président départemental du Parti radical de gauche, dénonce ainsi vigoureusement (2) la « dissimulation » de la Ville : « Je suis écœuré de constater que des élus se moquent de leurs concitoyens et les trahissent ainsi. » Marie-Joseph Hupkes en fait une « affaire citoyenne » : de sa maison des Grandes Garennes, elle connaît déjà les nuisances liées au voisinage de la carrière de sable en activité : « Le bruit des camions, la poussière : je trouve impensable qu’on puisse creuser d’énormes excavations à l’entrée de la ville. Avons-nous besoin de ça ? Où est l’intérêt général ? » Allée des Maçons, on redoute la perte de valeur de l’immobilier. Autant d’arguments apportés au commissaire enquêteur. Avec « l’espoir que la raison l’emportera. Nous appelons tous les habitants à consulter l’enquête publique (3) et apporter leur avis. »
(1) Les six élus du groupe d’opposition Montmorillon avec vous s’étaient abstenus. (2) Sur son blog http://christianlajon.ublog.com (3) Aux services techniques jusqu’au 7 février.
en savoir plus
« Ces extensions ne présentent pas d’incompatibilité majeure vis-à-vis des enjeux liés à la présence de plusieurs sites Natura 2000 », estime la Direction régionale de l’Environnement dans son avis rendu sur la révision du PLU. La DREAL « regrette » néanmoins « que cette révision n’ait pas été mise à profit pour assurer au mieux le respect d’enjeux paysagers », citant la création de marges de recul vis-à-vis des routes, le « maintien de cônes de vues emblématiques » et des « aménagements tels que des haies de nature à limiter l’effet des extensions ».
Sébastien Kerouanton, Nouvelle République, 24 janvier 2014
NdPN : Interview du maire ici et argumentaire du patron de l’entreprise ayant demandé la révision du PLU là. Notons aussi l’opposition au projet de Ch. Cafardy (se présentant aux municipales sur une liste indépendante).