Pourquoi la grogne monte dans la rue et dans les usines
On attendait 300 manifestants hier. Ils étaient… 800. Une mobilisation surprise, liée certainement au climat social tendu dans plusieurs entreprises.
> Thalès (430 salariés). Fin du blocage et de la grève entamée mercredi sur le site du Sanital qui assure le SAV de Thalès Avionics pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. L’intersyndicale demandait une revalorisation des salaires de +2 %, la direction, qui proposait 1,2 %, a finalement consenti une augmentation générale de +1,4 %. « Les salariés ont voté à 60 % pour la reprise du travail et on va signer un protocole de sortie de conflit avec la direction, confirme hier l’intersyndicale. Mais on est tous rentrés résignés et mécontents quand même de la politique salariale de la direction. » Le site est de nouveau ouvert, les problèmes potentiellement aussi.
> Auchan (200 salariés). La suppression annoncée récemment de 800 postes dans l’encadrement et la création de 500 au contact de la clientèle va impacter le magasin de Châtellerault, laisse entendre Nathalie Turpault, de la CGT Auchan « mais on ne sait pas encore dans quelle mesure ».
> Fonderie du Poitou alu-Saint-Jean-Industries (390 salariés). Un appel à 24 h de grève a été lancé hier pour « faire pression sur la négociation des accords d’entreprise (horaires, salaires, repos…) », explique Jean-Yves Huet, de la CGT qui craint des difficultés à moyen terme. Un délégué CGT Châtellerault poursuit : « Ils n’ont plus que Renault comme client car Peugeot commence à ne plus leur donner de culasses. » Rappelons que « Renault a pris des engagements jusqu’en 2015 : une aide financière (2012-2013) complétée par une aide de commandes de pièces (2014-2015) ». Quant au nouveau procédé de moulage (loast-foam) promis, il est « au point mort ».
> Fonderie du Poitou fonte (440 salariés). Pour combien de temps le site restera-t-il sous Teksid ? La reprise potentielle par la société « 3 A Industrie » inquiète toujours les salariés (lire nos éditions précédentes) qui étaient également en grève. « Demain (aujourd’hui), on recueille l’avis consultatif du comité d’entreprise sur le choix de changer d’actionnaire, le seul qui s’est présenté. On a toujours des doutes sur le bien fondé de cette reprise. »
> Hôpital. Depuis Le 1er janvier, les hôpitaux de Châtellerault (1.200 agents) et de Loudun (250 agents) ont fusionné pour donner naissance au Groupe hospitalier nord Vienne (GHNV). Là aussi, le contexte est difficile : un passif d’1,5 million pour Loudun et un budget amputé de 4 millions en 2013 pour Châtellerault. La CFDT estime que « 50 à 100 emplois sont en péril à court terme ».
> Snecma (700 salariés). La NOE (Négociation obligatoire à l’entreprise) a débuté mais, d’après Patrice Klein, de la CGT Snecma, « la direction ne nous entend pas sur les salaires, ils nous prennent pour des jambons ».
Denys Frétier, Nouvelle République, 7 février 2014
200 à Poitiers, 800 à Châtellerault
Seule. La CGT avait appelé à une journée d’action et de manifestations hier en France. « La mobilisation intersyndicale est toujours souhaitable, affirme Catherine Giraud secrétaire de l’union départementale CGT. Mais cette journée n’est que le début d’un long processus. »
Sur le parvis de la mairie de Poitiers, ils n’étaient qu’une poignée à avoir répondu à l’appel de la confédération. 200 manisfestants environ alors que le matin, ils étaient plus de 800 à avoir battu le pavé Châtelleraudais (lire page 20). « C’est toujours plus difficile pour les gens de sortir manifester en ces temps de crise », note Catherine Giraud. Elle embraye « Les salariés ne sont pas une charge mais une force. Rendez-vous compte qu’aujourd’hui un ouvrier travaille 45 jours pour payer les dividendes du capital. » Le discours syndical est rodé. « Motivés, motivés », « On lâche rien » tournent en boucle. On connaît les chansons. Mais à quelques semaines des municipales, la petite musique politique n’est pas tout à fait la même à Poitiers où le Front de Gauche a volé en éclat. Résolument contre le gouvernement, le tract national du mouvement est distribué place de la mairie de Poitiers par les supporters communistes du socialiste Alain Claeys et les tenants de la liste rivale regroupant les Verts et le Parti de gauche. Son titre vaut un programme : « Rassembler ». Cherchez l’erreur…