Pour la journée des droits des femmes à Poitiers, le collectif pour le 8 mars a choisi pour thème « les femmes publiques », appelant à ce que les femmes participent davantage au pouvoir politique. A cette occasion, la figure de Louise Michel est invoquée.
Voilà qui a de quoi surprendre : pour rappel, Louise Michel était anarchiste et s’opposait à la dictature républicaine bourgeoise, rejetant le pouvoir représentatif avec une détermination farouche. Si elle dénonçait le sexisme, elle estimait que seule l’action directe des opprimé.e.s était légitime, et n’a pas hésité à prendre les armes. Et de fait, les droits des femmes ne se sont jamais conquis dans les urnes, mais dans des luttes résolues contre le pouvoir.
Il est donc pour le moins consternant, pour ne pas dire honteux, de voir aujourd’hui la mémoire de Louise Michel récupérée par des partis de la gauche habitués aux ors et aux trahisons de la république bourgeoise, citant son nom sans vergogne à la veille d’élections. Depuis quelque temps déjà, on parle aussi de transférer ses restes au Panthéon ! Nul doute que l’humble Louise, qui s’est battue pour l’égalité auprès des communard.e.s assassinées par la République, aurait peu goûté de figurer dans un monument aux « grands hommes ».
Pour notre part, nous nous revendiquons toujours du drapeau noir, que Louise, fondatrice du journal Le Libertaire (ancêtre du Monde Libertaire) brandissait il y a déjà plus d’un siècle. Terminons sur ces paroles lucides de l’éternelle camarade :
« Le pouvoir est maudit, c’est pour cela que je suis anarchiste »
« Tout plébiscite, grâce à l’apeurement, à l’ignorance, donne toujours la majorité contre le droit, c’est-à-dire au gouvernement qui l’invoque. »
Pavillon Noir, 6 mars 2014