NdPN : histoire hélas banale de contrôle d’identité qui finit en répression. L’article de la NR se passe de commentaires…
Le contrôle dégénère à Ozon : trois policiers sont blessés
Châtellerault. Une échauffourée a éclaté mardi soir lors d’un contrôle de routine. La police a essuyé insultes et coups. Trois suspects ont été arrêtés.
Mardi soir, 22 h 30, plaine d’Ozon. Une équipe de la Bac (brigade anticriminalité) patrouille dans la plaine d’Ozon lorsqu’arrivée dans la rue Marconi, elle contrôle (*) l’identité d’un premier individu « en travers de la route », selon la police. « Je fais ce que je veux, les policiers, vous n’avez rien à faire là », aurait, en substance, rétorqué le jeune homme.
« Coups de poings et de talon »
Un deuxième individu intervient alors, « plus virulent et insultant », contestant la présence des policiers dans le quartier. Il est arrêté mais appelle ses copains à la rescousse pour tenter, semble-t-il, d’empêcher son interpellation. Une dizaine d’individus baissent la capuche et entourent alors les policiers (une deuxième patrouille de police arrive entre-temps en renfort) qui sont la cible d’outrages, d’insultes, de coups et caillassage. Le banal contrôle vire à l’échauffourée. Les policiers n’ont d’autre choix que de quitter les lieux avec le suspect interpellé, sous les jets de projectiles. « Deux policiers ont essuyé des coups de la part de l’interpellé (NDLR. : deux coups de poing à un policier et un coup de talon à un autre agent, selon le parquet), un troisième fonctionnaire a aussi reçu des coups, affirme la police. Deux d’entre-euxs ont huit et cinq jours d’arrêt. Le troisième a reçu un coup au visage mais ne cesse pas son service. » Moins d’une heure après les faits, les policiers reviennent sur les lieux (avec des renforts de Poitiers) et appréhendent un second individu. Un troisième, soupçonné d’être impliqué dans ces faits de violence, a été arrêté hier fin de matinée. Les trois suspects arrêtés (18 ans pour l’un, l’autre sera majeur dans une semaine et 37 ans pour le dernier arrêté), ont été placés en garde à vue. Le second suspect interpellé a été laissé en liberté hier. Une femme, soupçonnée d’avoir proféré des insultes et craché sur les forces de l’ordre, a aussi été entendue et fera l’objet de poursuites, apprend-on du parquet qui doit décider aujourd’hui des suites judiciaires à donner à cette affaire.
(*) Il s’agit de contrôle sur réquisition du procureur pour rechercher et lutter contre les stupéfiants et les armes.
à chaud
“ La persistance d’un groupe d’agitateurs ”
Le commissaire Jean-François Papineau, patron de la police de la Vienne, réagit à ces événements. « Il s’agit d’un petit groupe d’individus qui sont toujours dans le défi permanent, dans l’insulte. Il y a une persistance d’un groupe d’agitateurs. Certains, dont ceux qui ont été arrêtés, sont connus des services de police. Il y a trois mois, un trafic de stups a été démantelé. Ils sont dans l’attitude de ceux qui montrent qu’ils sont chez eux et que la police n’a rien à faire là. Cette affaire, c’est un micro-phénomène à l’échelle de Châtellerault. Des individus qui se permettent de porter des coups à des policiers, ce n’est pas acceptable. Il n’y a pas de liberté sans policiers. Les policiers vont partout parce que c’est l’État qui assure pour la population le respect des libertés et des lois. »
réactions dans le quartier
Sur place, rue Marconi, hier après-midi, une dizaine de jeunes est regroupée et discute. Certains à pied. D’autres en vélo ou en scooter. L’un fume la chicha. « On est au courant de ce qui s’est passé hier soir, raconte un jeune qui met en doute la parole de la police. Au départ, il y a eu un contrôle normal et deux bakeux (NDLR : policiers de la Bac, la brigade anticriminalité) ont attrapé un jeune et l’ont poussé contre le grillage alors qu’il n’y a pas eu d’insultes ni manque de respect. Les policiers ont mis le haut-parleur en disant « On se retrouvera » et ils ont appelé des renforts. Il n’y a pas eu de callaissage ni d’insultes. » Il poursuit : « Les policiers ont d’abord arrêté un jeune. On est allé lui apporter à manger au commissariat quand sur la route, une patrouille de la Bac a ralenti, a fait demi-tour, est repassé au ralenti. Ils en ont arrêté un deuxième. » Un second jeune se mêle à la discussion : « J’ai tout vu. Ils ont attrapé un petit jeune et ils se sont servi de la matraque. Des personnes du quartier sont venues pour tenter de séparer tout le monde. Ils ont arrêté deux jeunes. Il y a une politique du tout sécuritaire, du tout strict, mise en place depuis quelque temps, il n’y a plus du tout de dialogue. » Du côté des commerçants du petit centre commercial, face à l’espace Rouault, on n’a, semble-t-il, pas à se plaindre des jeunes : « C’est calme, témoigne une commerçante. On a peut-être plus de jeunes que d’habitude avec les beaux jours mais on n’a pas de souci. On n’appelle jamais la police. La nuit, on ne sait pas ce qui se passe. »