[Poitiers] Un spectacle consternant

Hier à Poitiers, 250 personnes ont manifesté, infligeant sur la place publique leurs slogans et discours à la consistance aussi indigente que répugnante, au vu des conséquences quotidiennes pour nombre d’individus, adultes et enfants, en butte aux clichés les plus éculés et aux stigmatisations les plus insidieuses dans leur vie quotidienne. Des cathos intégristes et des fachos, tranquillement réunis à la foule des réacs de base sur le perron de la mairie « socialiste », ont ainsi pu défiler sans réaction notable, sous l’œil placide des flics ayant laissé leurs caméscopes et intimidations habituelles dans leurs poches. Face à ce mouvement de haine aux apparences waltdisneysques en rose et bleu, hélas seules quelques personnes ont jugé nécessaire de se déplacer, dont les membres du groupe Pavillon Noir, de la CNT et d’autres camarades.

Si l’aspect grotesque de certains énoncés ne peut au mieux que provoquer le rire (« nous sommes le mouvement social le plus important depuis mai 68 »), d’autres, sur le rôle supposé des femmes, les liens de parenté ou l’homosexualité, sont franchement insupportables, nous donnant les larmes et la nausée. Certain.e.s passant.e.s de Poitiers, choqué.e.s par ce déferlement de violence proprette, ont laissé éclater leur colère, invectivant spontanément le défilé réactionnaire aux cris de « fachos » ou d’ « assassins ».

Avant la promulgation de la loi sur le mariage homo, des contre-rassemblements conséquents avaient permis, malgré les intimidations et les répressions policières, de ridiculiser ces tenant.e.s du patriarcat le plus abject, qui blesse et tue tous les jours tant de personnes dans leur vie intime et sociale. Faut-il rappeler que pour nos droits réels, rien ne se joue sur le terrain institutionnel, et que tout se joue dans les luttes ? Au vu des attaques continues contre les droits des femmes, des homos, bis et trans, ce n’est vraiment pas le moment de laisser la rue aux manifestations de sexisme et d’homophobie !

La prochaine fois, tenons-nous prêt.e.s, pour renvoyer à nouveau fachos, intégristes, sexistes et homophobes dans les cordes.

Pavillon Noir, 13 avril 2014