NdPN : les propos du maire de Lusignan auront sans nul doute consolé les cœurs… quant à ceux de Hollande ou d’Obama, c’est un peu la même veine. Il faut dire qu’en matière de repentance pour motif de boucherie, ces deux représentants d’Etats font bien de rester discrets, d’autant plus que l’Etat turc demeure un allié de marque…
Arménie : les condoléances ne pansent pas les plaies
La cérémonie se déroulait à Lusignan, bourg dont les seigneurs étaient rois d’Arménie.
La communauté arménienne commémorait, hier à Lusignan, le 99 e anniversaire du génocide. Les condoléances turques ont été fortement commentées.
Au milieu de la foule réunie autour du Kachkar, monument dressé sur la place du Bail en mémoire des 1,5 million de morts du génocide arménien, Jean Tateossian, petit bonhomme de 82 ans, a les yeux embués de larmes. « Mes oncles ont été égorgés en place publique », raconte ce natif de Marseille qui vit aujourd’hui à Richelieu, en Indre et Loire. Chaque année, lors des commémorations, les mêmes souvenirs le hantent : « Ma mère était dans le convoi des déportés. Elle m’a tout raconté. Ça touche… »
« Un premier pas »
Depuis, Jean Tateossian s’est rendu « une dizaine de fois en Arménie ». Alors, mercredi 23 avril, il n’est pas passé à côté des propos du premier ministre turc, Recep Tayyp Erdogan, qui a présenté les condoléances de la Turquie aux « petits-fils des Arméniens tués en 1915 ». C’est la première fois que le dirigeant turc s’exprime aussi ouvertement sur ce drame. « J’ai été très surpris, avoue pour sa part André Valoteau, président de l’Ararat (Association régionale arménienne rencontre, amitié et tradition). C’est un premier pas, car jusqu’ici la Turquie était dans la négation du génocide. » Mais pour certains membres de la communauté arménienne de Poitou-Charentes (dont on estime le nombre à 500), ces condoléances ne suffisent pas. Anouck Grigoryan, présidente de l’association Hayer, qui « partage la culture arménienne », ces propos « ne changent rien ». La jeune femme souhaiterait voir le premier ministre turc employer le mot « génocide » qui serait, selon elle, une preuve « de sincérité » de la part d’Erdogan. Tenant à la main un panneau sur lequel est inscrit « 99 ans de déni ça suffit. Où est la justice ? Génocide arménien : 1915 », elle peine à panser ses plaies : « L’histoire reste, on ne peut pas l’oublier. » Face au monument, c’est maintenant au tour de René Gibault, le maire de Lusignan, de prendre la parole. Et d’exhorter les Arméniens présents hier dans son village à « rester positifs. Vous ne pouvez pas refuser un pas de quelqu’un qui vient vers vous. »