Des lycéen.ne.s de Poitiers appellent à un rassemblement contre l’extrême-droite ce mardi 3 juin 2014 à 13h30, devant le lycée Victor Hugo.
Ce type d’appel contre l’extrême-droite fleurit un peu partout en France, un an après la mort de Clément Méric, camarade antifasciste assassiné. Il intervient aussi après une percée du Front national aux élections européennes, dans un contexte puant de traque tous azimuts aux migrant.e.s dans l’Europe entière et de discours chauvins.
L’appel de Poitiers, publié ici par exemple, ne nous satisfait absolument pas. Entre autres :
– il évoque les « valeurs républicaines » et « l’avenir du pays », or nous ne partageons pas les « valeurs républicaines » de l’Etat bourgeois, qui a ses fondations historiques dans l’esclavagisme, le racisme, la colonisation, le salariat, le sexisme, la répression impitoyable des mouvements sociaux et la destruction méticuleuse de l’autonomie sociale sous tous ses aspects. La logique actuelle du pouvoir n’est que la continuation de cette politique répugnante.
– il dénonce la « passivité des jeunes », alors que les « jeunes » ont été nombreux.euses à s’abstenir, ce qui n’est selon nous pas un signe de « passivité ». Bien au contraire, il s’agit de lucidité, qui doit se transformer en abstention active, en action directe du prolétariat, loin de la houlette des nationalistes à poil brun, bleu, rose ou rouge.
– seul le FN (avec son cortège d’identitaires, néo-nazis et intégristes religieux) est dénoncé comme vecteur de haine de tous contre tous et de divisions sociales, mais pas un seul moment le texte n’évoque les partis institutionnels au pouvoir, de droite comme de gauche, qui au quotidien traquent les migrant.e.s, stigmatisent les Roms, font concessions sur concessions aux groupes de pression sexistes et écrasent les prolos en se faisant les toutous fidèles des intérêts capitalistes. Ce sont bien ces politiciens au pouvoir qui sont responsables de la montée de l’extrême-droite. Leur appel à la lutte contre les « extrêmes » ne sont qu’un piteux moyen de prôner une « unité républicaine » fictive, servant à gommer les fondements inégalitaires et autoritaires de la « démocratie » bourgeoise.
Les hymnes à la nation et au « produire français » et la non-remise en question du capitalisme avec des analyses confusionnistes ne sont d’ailleurs pas, hélas, l’apanage des partis institutionnels ou d’extrême-droite, mais aussi d’autres partis « plus à gauche ». La montée de l’extrême-droite n’est que la conséquence, comme à chaque fois dans l’histoire, de la dépossession des luttes sociales par les professionnels de l’indignation politicienne face aux attaques du capital, de l’Etat et du patriarcat.
Parce qu’il est hors de question de renoncer et d’abandonner les luttes antifascistes à la social-démocratie, nous serons néanmoins présents à ce rassemblement, où nous diffuserons quant à nous le texte suivant, déjà publié sur notre blog :
http://fa86.noblogs.org/?p=11721
Ni (extrême-) droite ni (extrême-) gauche du capital et de l’Etat : autonomie du prolétariat, abolition du salariat, des classes et de l’Etat, antifascisme radical contre toutes les formes de nationalisme !
Pavillon Noir, 2 juin 2014