[86] Une rentrée qui tient ses promesses… de licenciements

NdPN : « made in France » or not « made in France », that is not the question… Think instead : for whom ? In what conditions ? To produce what ?

La Vienne, symbole d’une France qui souffre

La rentrée 2014 s’avère dévastatrice pour l’économie du département. Federal Mogul pourrait entraîner plusieurs entreprises dans sa chute.

Loudun : CEIT 80 emplois disparaissent

Le jugement du tribunal de commerce de Poitiers est tombé comme un coup de massue, vendredi 25 juillet, validant une reprise partielle de l’entreprise par le groupe Barat situé à Saint-Aignan (Loir-et-Cher) : seuls 40 % des salariés ont été conservés.

Pour Loudun, les effectifs sont passés brutalement de 130 à 50 salariés. « Ces suppressions d’emplois interviennent sur un territoire de la Vienne qui n’en avait vraiment pas besoin », regrette Catherine Giraud, secrétaire de l’UD-CDT. « Une partie de la production a été délocalisée au Maroc », déplore son camarade de lutte Franck Renard.
Qu’en est-il des commandes ? « Eurostar a maintenu la moitié de son carnet de commandes, à savoir sept rames (*) .» Ce qui ne suffira pas, selon les syndicats, à maintenir la production sur le site au-delà de 2016. Quant au donneur d’ordres Alstom, « aucun engagement n’a été obtenu » le concernant.

Chasseneuil : Federal Mogul chronique d’une mort annoncée

Cela fait quatre mois que les 241 salariés battent le pavé, brocardant leurs slogans pour dire leur colère. Mais cette fois, la fermeture de leur usine à Chasseneuil-du-Poitou – la dernière en France à produire des pistons pour moteurs diesel – ne fait plus aucun doute.
Jeudi dernier, les « pistonniers » ont dit « oui » à la prime supra légale de 45.000 € que leur proposait la direction, à laquelle viendra s’ajouter la prime légale en fonction du nombre d’années passées dans l’entreprise. Ainsi, un dernier GSN (groupe spécial de négociation) est prévu, en milieu de semaine, pour entériner l’accord de méthode et signer l’arrêt de mort de cette usine historique.
S’ils sont abattus, les salariés ne sont en revanche guère surpris : l’usine qui a compté jusqu’à 850 salariés en 1983, avait déjà été frappée par des suppressions de postes en 2009. Passée sous giron américain en 1998, elle perdait peu à peu ses lignes de production.
La direction de Federal Mogul, entreprise fondée à Detroit aux États-Unis en 1899, a décidé de délocaliser le site de production de Chasseneuil en Turquie et en Pologne, là où les coûts de production sont nettement inférieurs.

Chasseneuil : la plateforme La Poste fermera-t-elle ?

C’est sans aucun doute le dossier le plus flou. Rappel des faits : le 10 juillet à Poitiers, Bruno Ecalle, représentant de la CGT, fait part, en réunion plénière, à la direction « des bruits de couloirs » qui annoncent la fermeture de la plateforme de distribution de Chasseneuil-du-Poitou (PDC) où travaillent 45 salariés. Il raconte : « Frédérique Wagner, directrice de la plateforme, a annoncé ce jour-là que la fermeture se ferait en juin 2015. »
Problème, quinze jours plus tard, Éric Tailliez, directeur groupement courrier de la Vienne – qui n’est autre que le supérieur de Frédérique Wagner – dément publiquement l’information. « Depuis c’est silence radio », déplore Christophe Massé, secrétaire communication à la CGT. Ce qui ne rassure pas les salariés : « Je ne vois pas ce qui aurait poussé Mme Wagner à se mettre à dos ses salariés », avance Pascale Chabot, facteur d’équipes.
Contactée en fin de semaine dernière, la direction maintient sa position : « Il n’y a pas de projet de fermeture, pour le moment. »

Chasseneuil : Altia l’espoir demeure

Souvenez-vous. Au cœur de l’été, le 4 août très exactement, Altia, fabricant de petites pièces plastiques pour l’industrie automobile et électronique, était placé en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce d’Angers.
Le site de Chasseneuil, qui emploie 48 salariés, subissait « les dommages collatéraux et les très mauvais résultats sur certains sites » du groupe Altia Industry auquel il appartient, selon les mots de son directeur financier, Gilles Pelletan.
Mais dès le lendemain, quatre repreneurs se manifestaient. Aujourd’hui, ils sont « plus d’une dizaine » à s’intéresser au site poitevin créé en 1985, annonce Gilles Pelletan qui assure que « le moral dans l’atelier est bon ».
Après la semaine de fermeture – pour congés annuels et maintenance mi-août – « l’usine refonctionne normalement », poursuit-il, tout en rappelant que « la liquidation judiciaire s’accompagne d’une poursuite d’activité jusqu’au 30 septembre ».

(*) Une rame représente 18 wagons.

Adrien Planchon, Nouvelle République, 1er septembre 2014